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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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bourgeoisie. Fin 1967, l’inquiétude des milieux gaullistes face au PC s’exprime aux assises nationales de l’UNR. On y a décidéune vraie campagne, une campagne d’envergure anticommuniste, mais l’UNR n’a jamais eu le temps de s’y engager, puisque, tout de suite après, il y a eu Mai 1968 et le départ du général de Gaulle en 1969. Aujourd’hui seulement, la majorité y revient pour deux raisons : parce que le PC est à la tête des mécontents et que ceux-ci sont nombreux ; la seconde est que nous sommes engagés dans un débat avec le Parti socialiste sur l’unité. L’enjeu, pour l’UDR, est de présenter du PC une image irrespirable pour nos alliés. »
    D’où l’affaire Garaudy : « Ils ont essayé de nous avoir avec lui. Cela a été un fiasco total ! »
    Au passage : « Garaudy, me dit-il, il a bien écrit un livre sur Staline, non ? Moi, je ne l’ai jamais fait... »
    Il poursuit : « L’objectif de nos ennemis reste bien d’affaiblir le Parti communiste, ou du moins de l’empêcher de gagner et surtout d’empêcher l’entente des partis de gauche contre la majorité et le gouvernement actuels. Le fond de tout, me répète-il, c’est d’empêcher l’unité. »
    Il part en vacances en voiture dans les premiers jours d’août. Sans m’avoir convaincue du rôle de la « bourgeoisie » dans les prises de position de Garaudy, en fin de vie politique.

    24 juillet
    François Mitterrand à Hossegor.
    Dans la maison de gemmeur qu’il a fait construire l’année dernière, il écrit son livre, obstiné, méticuleux. Il ne veut rien dire sur la situation politique, de crainte, en rompant le silence qu’il observe depuis l’échec de la gauche à la présidentielle de 1969, de se créer des pièges et d’y être enfermé.
    Pendant ce temps-là, autour de lui, la désagrégation.
    Claude Estier parti en vacances, Charles Hernu contre-attaque. Et pourfend les communistes : ceux-ci sont, selon lui, en train de se « re-staliniser ». Leur seul but : ne rien changer à la politique extérieure de Georges Pompidou, «  ad majorem URSS gloriam  ». Le contraire, mot pour mot, de ce qu’il disait en 1965.
    Derrière lui, Marc Paillet, qui du moins ne se contredit pas, puisqu’il a toujours été animé par la détestation du Parti communiste ; Guy Penne ; et cette girouette de Georges Vinson qui n’ose même plus me voir, tant il s’est contredit devant moi.
    Silence de Mitterrand, dans tout ça, qui voit tout, ne dit rien parce que, pour l’heure, il ne peut rien dire.
    Il m’amène, avec toute la famille, déjeuner dans un restaurant extraordinaire, près d’un lac ou d’une plage, et il me parle des essences des arbres de cette côte que je ne connais pas du tout et où je me repère bien mal.

    28 juillet
    Jacques Chirac me raconte, deux ans après les faits, le Conseil des ministres, réuni un samedi matin de l’automne 1968, où de Gaulle a dit non à la dévaluation.
    Le tour de table commence par l’analyse d’Ortoli, alors ministre des Finances. Celui-ci donne un avis largement technique. Tous les ministres sentent que le Général ne veut pas dévaluer. Les mêmes qui, la veille, y étaient favorables, se dégonflent l’un après l’autre. Edgar Faure fait un plaidoyer tout feu tout flamme contre la dévaluation, alors qu’il avait assuré le contraire à Ortoli. Idem pour les autres. Arrive le tour de Chirac, qui dit sa ferme conviction que la dévaluation s’impose.
    « Voilà une opinion divergente », dit le Général sans entrer dans le détail.
    Vient le tour d’Albin Chalandon, qui ne se « dégonfle » pas, lui non plus.
    « Deuxième opinion divergente », dit de Gaulle sans s’émouvoir.
    Chirac fait passer un mot à Ortoli : « J’espère que tu vas défendre ton point de vue. »
    Ortoli lit ces quelques lignes, les repasse à Chirac avec un « non » en marge.

    28 juillet au soir
    Déjeuner avec Jacques Baumel. Il parle de Chaban-Delmas. Voici un an, dit-il, on (lui, sans doute ?) aurait dit à Pompidou : « Le choix de Chaban est excellent pour ses rapports avec la majorité et avec les parlementaires. Pour les initiatives sociales, en revanche, il peut être moins bon. »
    Aujourd’hui, me dit-il, « on s’aperçoit que l’inverse s’est tout à fait réalisé. Les rapports de Chaban avec les parlementaires sont exécrables, et ses initiatives sociales pas mauvaises ».
    Une caractéristique de

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