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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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laisser soit au doyen, soit au recteur, le droit de faire appel aux hommes dont il peut disposer. Il a expliqué au groupe qu’il préférerait que les universitaires se chargent eux-mêmes de la discipline dans leurs établissements. Foyer a répondu en substance : « Débrouillez-vous pour que les cours se déroulentlibrement : sous prétexte de liberté des étudiants, ce qui est en cause, en réalité, c’est la liberté des libertés, celle de l’expression ! »
    « D’accord, lui a répondu Olivier Guichard, mais laissez-moi faire : je suis parvenu à ce que le recteur prenne ses responsabilités. La rentrée de lundi s’est effectuée correctement. Il faut que les vigiles soient fermes et organisés, mais pas brutaux. Tout est affaire de nuance. »
    Cela ne satisfait pas Jean Foyer, qui maintient néanmoins pour mercredi sa question orale, demandant une intervention plus efficace des forces de police dans ces cas-là.
    « Il n’y a pas de problème sur la loi d’orientation scolaire et universitaire en elle-même, mais sur ses modalités », me dit Jacquet, qui déplore dans la foulée que les élections universitaires – qui commencent cette semaine, puisque le mandat de tous les doyens arrive à échéance le 31 décembre – révèlent qu’il y a peu de votants, sinon les extrémistes et les communistes. « Les modérés, hélas, ne viennent pas voter. »

    3 décembre
    Déjeuné avec Maurice Faure, hier. Il ne peut franchement plus voir Jean-Jacques en peinture. Et surtout, surtout, il est retombé sous le charme de François Mitterrand.
    Ils se sont vus assez longuement la semaine dernière. Et Faure a acquiescé à son schéma : accord de premier tour entre socialistes et réformateurs au profit de Mitterrand ; et alliance de Mitterrand, au deuxième tour, avec les communistes.
    Reste son problème avec Jean-Jacques Servan-Schreiber. Tous deux conviendront d’un point : il n’est pas « amendable » – c’est le mot de MF. Ils pensent donc l’un et l’autre que le flot l’emportera.
    Cela dit, le congrès radical ne s’annonce pas trop mal pour J-J S-S. Le résumé du manifeste radical qu’il a envoyé à Maurice Faure est plus coulant, moins girondin que le texte complet.

    4 décembre
    Vu Jacques Chirac avant-hier.
    Pompidou lui rapporte, me raconte-t-il : « Savez-vous qui dit aujourd’hui le plus grand bien de vous, à l’exception de Valéry Giscard d’Estaing ? C’est Chaban. » Jacques Chirac s’étonne. « Ne vousfaites pas d’illusion, précise Pompidou. Tout cela est une question d’âge. Je vais vous dire quel est le raisonnement que se fait Jacques Chaban-Delmas. Il se dit : Je ne serai plus Premier ministre après 1973. Il faut que je me présente en 1976 38 . Et donc que celui qui sera Premier ministre en 1976 ne soit pas en âge de se présenter. Qui cela peut-il être, sinon Chirac qui aura 44 ans en 1976 ?... Quant à Giscard, poursuit Pompidou, il fait le même raisonnement, à peine transposé. Il se dit : Jacques Chaban-Delmas va se présenter, je me présenterai contre lui. Autant être bien avec celui qui sera le Premier ministre en exercice et qui ne pourra pas se présenter contre nous deux. »
    C’est Pompidou qui lui confie tout cela, décontracté, en riant. « Cela n’engage à rien, croit nécessaire de me dire Jacques Chirac : c’est Georges Pompidou qui se représentera en 1976 ! »
    Autre précision : Chirac ne prendra pas le secrétariat général de l’UDR. Il restera au gouvernement. « Si nous étions à quelques mois des législatives, lui a dit Pompidou, je vous y nommerais. Mais je ne veux pas vous faire sortir prématurément du circuit gouvernemental, de peur que vous ne stagniez trop longuement dans les couloirs de l’UDR. »
    Reste, chez Pompidou, cette inquiétude : si l’UDR perd une centaine de sièges aux élections législatives de 1973, et si les Républicains indépendants en gagnent une centaine, ce sera le retour aux combinaisons de la IV e  République.

    Chirac me raconte en outre que, en 1964, Olivier Guichard et François Xavier Ortoli avaient essayé de le vider du cabinet de Georges Pompidou. Michel Jobert, lui aussi au cabinet de Pompidou, l’avait appris un vendredi soir et, écœuré, avait décidé de partir à la chasse pour deux ou trois jours.
    Jacques Chirac, lui, l’avait appris (par Anne-Marie Dupuy ?) le samedi. Il appela Ortoli le dimanche. « Venez donc me

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