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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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gaullistes ! »

    Paul-Marie de la Gorce confirme bizarrement le jugement de Chirac sur Chaban. Il l’a vu hier, à la réunion des trois groupes de la majorité. Lui aussi trouve qu’il ne sait absolument pas parler aux gaullistes : il est à la fois trop rude, trop câlin et trop pressé. Il se conduit comme si la chose qu’il souhaitait le plus au monde, au moment de rencontrer ses interlocuteurs, était de prendre la fuite. Ça exaspère jusqu’à ses partisans.

    La bataille entre Jobert et Juillet atteint, paraît-il, son point culminant. Beaucoup plus sur des questions de sensibilité ou de comportement que sur des questions politiques. Anne-Marie Dupuy 31 a demandé à être reçue hier à 16 heures par Pompidou et elle lui a craché le morceau : Pompidou ne se doutait pas que les affrontements étaient aussi vifs entre ses conseillers, à quelques pas seulement de lui.
    Tout cela entretenu, semble-t-il, par Balladur, que Chirac appelle « le Chanoine ».
    La cohésion de l’ensemble du cabinet est à peu près totale autour de Pierre Juillet. Mais Jobert montre une extraordinaire volonté de puissance, et pas grand-chose ne lui résiste. Pas même Juillet, qui, paraît-il, parlait hier de démissionner.

    Dans Le Monde daté du 21 novembre 1970, un remarquable papier de Jean Mauriac sur les derniers instants du général de Gaulle à la Boisserie. Il confirme que Michel Debré a rendu hommage au Général avant sa mise en bière, le 10 novembre. Et cela avant Georges Pompidou et Jacques Chaban-Delmas, qui se sont inclinés devant le cercueil, eux, le lendemain 11 novembre. Il confirme aussi que le testament du Général avait été établi en 1952. Il ajoute cette précision sur le sujet : « C’est aussitôt après les obsèques nationales du maréchal de Lattre de Tassigny, le 16 janvier 1952, que le Général s’était demandé si le maréchal avait bien acquiescé, avant sa mort, à la pompe de ses obsèques, et si on n’avait pas transgressé ses désirs intimes. Quant à lui, il était décidé de s’opposer, pour ses propres obsèques, à tout caractère national. »

    21-22 novembre
    Journées centristes. À la tribune, Pierre Abelin, Michel Soulié, Pisani, Chandernagor. Dans la salle, Maurice Faure. C’est Pierre Abelin qui ouvre les journées : « Notre pays, dit-il, s’engourdit, pour ne pas dire qu’il s’endort. » Et cette phrase en forme de nostalgie de la IV e  République : « Cette stabilité de l’exécutif a un envers : c’est la possibilité de faire des bêtises pendant longtemps. »
    « Les résultats, selon lui, sont significatifs : l’organisation politique de l’Europe se réduit à des rencontres périodiques de ministres des Affaires étrangères dont chacun conserve son propre vocabulaire... M. Werner fait recette auprès de la presse, mais il fait scandale auprès de certains gouvernants... Le statut de la télévision, si souvent annoncé, appartient encore au domaine de la spéculation... Les inégalités sociales se sont aggravées... La montagne de rapports savants sur la réforme de la Sécurité sociale a accouché d’une souris... »
    Diable, quel bilan !
    Les deux grands thèmes, ce sont l’Europe, les régions et la décentralisation. Pour le reste, on ne sait pas bien qui ils sont, ces centristes. Ni ce qu’ils veulent faire.
    Assistent à ces journées des radicaux, des gaullistes de gauche comme Edgard Pisani, des socialistes comme Chandernagor, des professeurs comme Pierre Uri.
    Chandernagor, qui sent bien que c’est la question, s’efforce, le dimanche, de définir une identité commune à tous ceux qui sont là : « Définissons-nous d’abord nous-mêmes », demande-t-il en proposant sa propre définition : « La force que nous voulons bâtir ne peut être qu’un rassemblement allant des socialistes au Centre démocrate inclus. »
    Un membre de la fédération radicale du Rhône propose la sienne : « Un grand parti libéral européen et social, dont nous serions la section française. »
    Un autre, le « rassemblement des socialistes, des radicaux-socialistes et des démocrates opposés au regroupement actuel » (il veut dire : opposé à l’union de la gauche, donc à Mitterrand).
    Michel Soulié essaie de presser le mouvement : « Notre association ne peut pas continuer de crier comme les choristes du Châtelet : “Marchons, marchons !” en restant sur place », et se taille un succès

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