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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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voir demain matin, lui dit Ortoli. — Non, j’arrive ! » lui dit Chirac. Et il débarque chez lui. « Mon cher ami, lui dit Ortoli, vous n’êtes pas fait pour moisir au sein d’un cabinet, où vous n’êtes de surcroît pas même conseiller technique. Je vous propose d’entrer au cabinet de.... (« Ici, ajoute Chirac, le nom de je ne sais plus quel ministre ! »)– Passe encore que vous vouliez me foutre dehors, lui réplique Chirac. Faites-le, si vous le voulez, mais, de grâce, ne me trouvez pas d’emploi ! »
    Il sort de chez Ortoli et téléphone à Anne-Marie Dupuy, qui lui dit : « Je m’en charge ! »
    Et met au courant Pompidou.
    Le lendemain, à 7 h 15, tous les membres du cabinet sont convoqués pour 8 h 30 à Matignon. Georges Pompidou leur tient ce discours : « Messieurs, mesdames, ceux qui veulent s’en aller peuvent le faire, je ne retiens personne. Mais, moi, je suis content de tout le monde, je ne veux me séparer de personne. Mesdames, messieurs, au revoir. »
    « Le complot était terminé », conclut Chirac.

    5 décembre
    Discours de Georges Pompidou à l’UNAF 39 .
    Il arrive, de gris vêtu, sans dire un mot, à peine un bonjour quasi imperceptible. « Y a-t-il une crise de la famille ? demande le président de l’UNAF. La science et le bon sens répondent : elle est irremplaçable. »
    Un ennui pesant s’abat sur la salle.
    C’est la première fois que je vois Pompidou de si près. Les yeux, entre le gris et le bleu, très enfoncés dans leurs orbites, il regarde alternativement ses chaussures et la salle. De loin, on ne voit sans doute pas ses yeux bouger, tant ils sont écrasés par les sourcils. Dieu merci, les cheveux, gris eux aussi, adoucissent un peu ce visage d’oiseau de proie.
    Il parle maintenant : « C’est la première fois qu’un chef de l’État assiste à un congrès de l’UNAF, c’est dire à quel point est reconnue l’importance de la famille et de son rôle social. Mon propos, dit-il, est d’essayer de montrer que la famille, cadre traditionnel par excellence, est pourtant le meilleur. »
    Suit tout un discours où il démontre que le progrès social et technologique, qui a éliminé les formes extrêmes de dénuement, a rendu l’homme moins solidaire. C’est cette solidarité qu’il cherche à retrouver aujourd’hui dans cette quête d’« une fraternité qui permette d’échapper à la solitude grégaire ».
    Conclusion naturelle : « La famille est le groupe social le mieux adapté, le mieux placé pour résister aux ébranlements. Elle porte en elle ses certitudes originelles en même temps que la promesse de sa perpétuation...
    « Ne pas conclure de mes propos que la société actuelle doive devenir un simple agglomérat de familles. La vie individuelle et professionnelle impose le cadre de la cité, de la nation, de la profession, de la spiritualité. J’ai simplement voulu dire que, de tous les instruments pour rendre une âme à notre société, la famille est le plus efficace. »

    7 décembre
    Vu Pierre Hunt 40 à Matignon.
    Chaban a reçu à déjeuner Alain Poher et Achille Peretti 41 . Le problème des rapports entre gouvernement et Parlement a été abordé. Chaban fait valoir que des grands débats, sur la conjoncture économique, les affaires étrangères, les collectivités locales, la condition féminine, l’ORTF, ont marqué la vie parlementaire.
    « Mais, plaide Poher, ce sont des débats qui ne sont pas sanctionnés par des votes.
    — Certes, convient Chaban, mais les députés ont toujours la possibilité de déposer une motion de censure. En outre, ils ont accepté l’ensemble de la politique gouvernementale le 16 septembre 1970.
    — Une motion de censure ? conteste Poher. Mais c’est une arme atomique dans la vie parlementaire ! »
    Bref, les deux présidents ont plaidé pour une meilleure programmation du travail gouvernemental, et pour que le contrôle de l’exécutif, en dehors des votes, puisse s’exprimer par des commissions d’enquête ou de contrôle sans que cela contrarie outre mesure le Premier ministre. Exemple : les sénateurs qui ont demandé, en refusant le budget, une commission de contrôle sur l’ORTF.
    La campagne municipale, me dit Hunt, est l’affaire des « trois P » : Poujade, secrétaire général de l’UDR, Poniatowki, pour les Républicains indépendants, et Poudevigne, pour les centristes. Les « trois P » feront une conférence

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