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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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fait la minorité « gauchiste » de la CIR, qui refuse l’union avec les socialistes sous prétexte que Chandernagor et Defferre sont orientés vers une alliance avec le centre. « Nos objectifs sont les mêmes, dit-il. Lequel d’entre nous refuse le choix socialiste ? Notre stratégie est la même : c’est l’union de la gauche, ou plus exactement l’union des masses. »
    Pour lui, deux considérations séparent la majorité de la minorité de la Convention : d’abord la volonté de créer un parti qui équilibre véritablement le Parti communiste ; ensuite, l’espérance : « Je suis peut-être un naïf, mais je crois qu’il y a de vrais socialistes chez nous, qu’il y a de vrais socialistes au Parti socialiste, et qu’ensemble il y a quelque chose de neuf à faire... »
    Sur ce thème, il a la majorité.

    17 décembre
    Les ministres chez Pompidou avant-hier. Propos gouailleurs de Georges Pompidou avec les uns et les autres. Tout cela dominé par la conversation avec Valéry Giscard d’Estaing sur l’Allemagne. Giscard raconte Bruxelles, où les Allemands l’ont traîné dans la boue. « Ils ont tellement peur de ne plus être une nation, ricane Pompidou, qu’ils sont prêts à écraser tout le monde de leur mépris ! »

    Rocard et le PSU. Ils ont été, me raconte-t-il, abominablement menés en bateau par les communistes, qui ont brutalement interrompu les négociations en dénonçant leurs procédés et en leur faisant un procès. Rocard a longtemps pensé qu’il y avait une opposition entre Marchais et Leroy, que Leroy voulait l’accord avec le PSU, et pas Marchais.
    Je suis d’un avis différent, je pense que les oppositions entre les deux hommes sont plus compliquées qu’on ne le croit. Cela dit, la réaction des communistes à la tentative d’unité de François Mitterrand me paraît négative. Je sais que les hommes ne s’aiment pas, et je n’ai pas oublié ce que m’a raconté Leroy : je lui montrais une photo prise pour L’Express par mon ami Bidermanas, je crois, où l’on voyait, aux côtés de Waldeck Rochet, Leroy et Marchais en train de rire de bon cœur ; la photo avait été prise au siège de la Fédération de la gauche, rue de Lille, lors d’une rencontre entre les délégations socialiste et communiste. « De quoi riiez-vous ? » lui avais-je demandé. Il m’avait répondu : « De François Mitterrand et de la façon dont il venait de dire, en tendant son manteau vers Charles Hernu : “Charles, mon manteau”, pour le prier de l’accrocher à un porte-manteau dans la pièce voisine. Nous, au PC, on n’aurait jamais osé s’adresser de cette façon à nos adjoints les plus proches. »
    Donc, je sais que, en dehors de Waldeck Rochet lui-même, Mitterrand n’est guère aimé, humainement du moins, au PC. Mais tout de même ! Pourquoi cette réaction du PC aux propositions de Mitterrand ? Il y a là quelque chose que je ne comprends pas et sur laquelle Marchais ne s’expliquera pas, bien sûr.

    Jacques Delors avec lequel j’ai déjeuné le 15 : à vif, se demandant qui, de Chaban ou de lui, est le manipulateur et le manipulé. Doutant encore de la nécessité – de sa décision, plutôt – de rallier le régime à ce poste et d’en porter les responsabilités, les réussites et les échecs. Il est facile, dans ces cas-là, d’enfoncer dans sa tête le clou de la trahison. C’est ce qu’ont fait Georges Mamy et Raymond Barrillon, présents eux aussi à ce déjeuner.

    17 décembre (suite)
    Double défaite de Maurice Faure, aujourd’hui en guerre ouverte contre J-J S-S, pour la désignation du « groupe des 9 43  ». Il ne voulait pas de Nick Maloumian, et il voulait Dailly. Maloumian a été élu et Dailly battu. Le comité directeur n’a pas suivi Maurice Faure lorsque celui-ci a présenté sa liste. Jean-Jacques a imposé une liste unique bloquée.
    Tout cela, précédé par un affrontement sérieux entre les deux hommes, J-J S-S critiquant également la composition du bureau proposée par Maurice Faure. Objet : le trésorier.
    « Il y a trois postes capitaux dans un parti : le président, le secrétaire général et le trésorier, a-t-il dit. J’ai trouvé, en arrivant, la banqueroute. Le trésorier peut faire et défaire les présidents. Il doit être indépendant. En aucun cas le poste de trésorier ne peut être tenu par quelqu’un qui ne suit pas la ligne proposée par le parti. »
    Charge violente, donc, qui

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