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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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d’applaudissements en affirmant : « Trop longtemps on a confondu le socialisme et le marxisme. Mais le marxisme est dépassé. C’est rendre un mauvais service au socialisme que de l’enfermer dans un catéchisme ! »
    Bref, tous les présents ont en commun leur volonté de sortir du chemin que leur trace François Mitterrand (l’alliance à gauche) et de fonder un mouvement réformateur. Quant à Lecanuet, il réclame que le centre ne se définisse pas uniquement « par négation » : « Appelez-vous comme vous voulez, exhorte-t-il la salle. Nos ennemis s’appellent l’introspection, l’hésitation, le scrupule. En avant pour l’action ! »
    Quant à Edgard Pisani, colossal, barbu, il clame en conclusion sa foi dans la réforme : « Nous voulons seulement dire que nos ambitions vont plus loin que celles qu’expriment les révolutionnaires. » Il se veut à la fois contre les révolutionnaires – « Jamais rien de positif ne s’est accompli dans le désordre » –, et contre les conservateurs – « Le maintien de la situation présente ne correspond ni à l’intérêt, ni aux goûts des Français. » « Tous les quatre, dit-il avec force (qui sont les quatre ? Chandernagor, Pisani, Lecanuet, Abelin, je présume), nous allons tenter d’atténuer les clivages, de rapprocher les hommes, de dénouer les nœuds. Ce regroupement fait, nous nous effacerons devant la tâche nouvelle. Si, dans le délai de six mois, nos efforts ont été impuissants, alors nous nous arrêterons. »
    C’étaient à peu près les dernières phrases des journées centristes. Décevantes, parce qu’ils se sont tous dégonflés pour des raisons différentes entre le samedi et le dimanche, et qu’ils n’ont même pas été capables de faire un nouveau parti ni de se lancer dans une nouvelle aventure politique. Ils ont tous peur de quitter, qui le PS, qui le Parti radical. Et ils préfèrent rester le roi de leur petit mouvement plutôt que partager avec d’autres le leadership d’une nouvelle formation réformatrice.

    23 novembre
    Jean de Lipkowski me raconte à nouveau le conseil interministériel sur le plan Werner. Succulent. Georges Pompidou a dit que, si on avait voulu le tester, le plan Werner était un chiffon rouge qu’on agitait devant un taureau pour savoir à quel moment il fonce. « Non, mais sérieusement, aurait-il dit à Giscard, pensez-vous que la volonté politique d’engager une guerre contre le dollar puisse être le fait d’une commission d’experts ? »
    D’où la décision prise par la France : acceptation du premier stade, celui d’une concertation des banques centrales et des réductions de marges de fluctuations. Au-delà, rien.

    En quelques minutes, « Lip », c’est son surnom, me montre le script de la rencontre de Couve de Murville, à Pékin, avec Mao. Mao parle de la Révolution française, de Napoléon, du siège de Toulon. Couve, cérémonieux, dit : « Monsieur l’ambassadeur de France préparera une note pour vos services sur le siège de Toulon. »
    Mao parle ensuite de la Révolution culturelle, et assure que le gouvernement chinois a complètement repris les rênes du pouvoir. Il parle enfin de Nixon qui, dit-il, « suit le chemin de Hitler » !
    « Pas tout à fait, soupire Couve, pas tout à fait. »
    Pour finir : « Je suis peut-être au centre gauche, dit Mao. Pas à l’extrême gauche, en tout cas. »

    25 novembre
    Réunion du bureau exécutif de l’UDR, la première après la disparition du général de Gaulle. C’est Robert Poujade qui rapporte. Une indication : Jacques Chaban-Delmas a décidé, dans l’intérêt de sestravaux, de recevoir le 8 décembre une délégation des conseils régionaux dirigés par l’UDR 32 . Pour la préparation des prochaines élections municipales, le problème de Strasbourg et de Nancy n’est pas réglé, celui de Lille l’est. Rennes et Brest sont en négociation, Nice en voie de résolution. Il y aura le choix entre deux listes à Toulouse. À Nantes, la majorité n’a pas décidé ce qu’elle ferait d’André Morice.

    27 novembre
    Hier, Jean-Jacques Servan-Schreiber était à Amiens, devant les militants radicaux.
    Beaucoup de monde, soigneusement filtré, mais pas les parlementaires, « retenus dans leur circonscription ». Ce n’était sans doute pas une bonne idée que de leur donner rendez-vous un vendredi soir alors qu’ils sont « sur le terrain ».
    De toute manière,

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