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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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de presse le 17 décembre.

    10 décembre
    La conférence de presse des « trois P » est reportée. Pourquoi ? Parce que l’atmosphère avec les giscardiens n’est pas très bonne. On parle même de légère brouille. Parce que, le 17 décembre, c’est trop tôt pour des élections qui doivent avoir lieu au printemps. Et enfin, plus important, parce que certains problèmes ne sont pas réglés entre partenaires de la majorité : Strasbourg, Nantes, Toulouse, Nice.

    11 décembre
    Discours de Chaban au Mouvement national des élus locaux. Jamais sans doute autant de notables ne s’y sont retrouvés : il y a là Antoine Pinay, Michel d’Ornano, Eugène Claudius-Petit, Robert Poujade, Jean Charbonnel, et j’en passe. Chacun jusqu’ici y était allé de son petit couplet sur la décentralisation. Les centristes, il y a trois semaines. J-J S-S, la semaine dernière. Ne manquait plus que le Premier ministre. Chacun vend sa décentralisation, mais elle n’est jamais ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre.

    12 décembre
    Ouverture des assises de la Convention des institutions républicaines 42 à Suresnes.
    Le matin : en discussion, les propositions faites à Château-Chinon en novembre dernier par François Mitterrand. Celui-ci proposait aux socialistes d’Alain Savary d’engager un processus d’unification avec la CIR. Socialistes et conventionnels devaient nommer une délégation d’une douzaine de « sages » qui, sans en référer à leurs partis respectifs, mèneraient jusqu’à leur terme les pourparlers d’unification. Paradoxalement, cette proposition a obtenu l’accord des socialistes il y a trois semaines, mais pas encore celui des conventionnels. Ce matin, ceux-ci ont donc à déterminer quelle unité ils veulent, et avec qui. Il y a, en gros, deux voies : la première est celle de Claude Estier, secrétaire général de la Convention. L’unité est à ses yeux nécessaire. Avec qui ? Avec les socialistes de Savary. Dans quel but ? Proposer un modèle français de socialisme. Ce qui exclut les radicaux réformateurs de Jean-Jacques Servan-Schreiber. Deuxième voie possible pour l’unité : celle que propose Charles Hernu, qui demande de reprendre les contacts avec les formations de l’ancienne Fédération de la gauche, c’est-à-dire le Parti radical. Celui dont, précisément, Estier ne veut pas.
    À des signes qui ne trompent pas, on sent dès ce matin quelle est la pente des conventionnels : Claude Estier a été très applaudi en rappelant qu’à Bordeaux la CIR avait maintenu son candidat, Gabriel Taix, contre J-J S-S. Deuxième indice : les congressistes ont réservé une ovation à leur délégué de Bar-le-Duc, où une récente élection municipale partielle a vu au deuxième tour le succès d’un des leurs sur une liste unitaire composée de conventionnels, de socialistes et de communistes. C’est donc Estier qui devrait l’emporter à ce congrès. On attend pour l’après-midi les interventions de ses opposants.
    L’après-midi : Hernu plaide pour la coopération avec le Parti radical « tel qu’il est, et non tel qu’il devrait être ». « L’union de la gauche, dit-il, reste dépendante de toute la gauche. » Il propose deux étapes : d’abord la constitution d’un autre parti socialiste, puis l’ouverture aux radicaux.
    Après lui, Pierre Joxe affirme au contraire que la gauche a deux jambes, la gauche communiste et la gauche socialiste. « Si elle ne marche que sur une jambe, ajoute-t-il, elle ira à cloche-pied. Si c’est pour ne rien changer au capitalisme, conclut-il, ce n’est pas la peine, nous ne sommes pas partisans d’une alliance avec n’importe qui. »
    Évidemment, c’est Mitterrand qui fait la synthèse. Ceux qui l’ont précédé à la tribune, hier, la lui ont offerte sur un plateau. Il n’y aura pas, à ses yeux, d’union de la gauche si le déséquilibre demeure entre les forces communistes et les forces socialistes. « Une gauche boiteuse, dit-il, sera une gauche vaincue... Ce que je demande ? Le grand, le vrai parti socialiste unifié ! Faute de cet instrument, les objectifs ne sont pas réalisables. »
    Après lui, Gisèle Halimi, en procureur, donne une autre tonalité à cette fin de soirée : « Vous avez passé votre temps, dit-elle, à replâtrer ce qui était irréplâtrable. Votre opération, prédit-elle, sera un échec. »
    Mitterrand me paraît exaspéré par le procès que lui

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