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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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avec Waldeck Rochet a lieu, mais il n’a pas été débattu de ce sujet. J’avais à mes côtés Claude Estier et Claude Fuzier. Une réunion est prévue pour le mardi avec le PC.
    « Mardi 28 mai, ma conférence de presse devait avoir lieu à 15 heures, je l’avance à 11 heures du matin, car on annonce une déclaration de Georges Pompidou pour 15 heures. La conférence de presse est précédée par une réunion du bureau politique de la FGDS.
    « La réunion avec le PC se déroule à 18 heures. Six communistes y assistent : Waldeck Rochet, Georges Marchais, Paul Laurent, Roland Leroy, Étienne Fajon et François Billoux. Notre délégation se compose de neuf personnes. Nous sommes ce soir-là devant deux propositions : celle du PC, un gouvernement populaire, et celle que j’ai avancée le matin dans ma conférence de presse à l’Intercontinental : celle d’un gouvernement provisoire. Nous examinons la seconde. Jamais je n’ai reproché aux dirigeants communistes d’avoir pris l’initiative de demander un gouvernement populaire. Je leur ai même dit : “Foin du formalisme !” Ces deux propositions sont donc examinées le mardi soir. L’échange de vues a été cordial. Grosso modo, l’accords’est fait et s’est concrétisé – je crois le 1 er  juin – par un accord politique et électoral pour aller à la bataille ensemble. Voilà l’histoire. »
    Il poursuit : « L’histoire de ces quarante-huit heures, du 28 au 30 mai, a pris d’un coup un intérêt fabuleux, puisque Marchais dit aujourd’hui : la Fédération de la gauche n’a pas été très loyale. Georges Marchais situe ma proposition de gouvernement provisoire le dimanche 26 à Château-Chinon, alors que j’ai quelque raison de me souvenir de ce que j’ai dit le mardi 28 2  !
    « Georges Marchais montre depuis quelque temps un goût obstiné pour l’Histoire. Moi, j’aimerais collectionner les timbres. Je le ferais à coup sûr mieux qu’il ne refait l’Histoire...
    « On voit bien ce qui se passe : mes actes de 1968 ont été démocratiquement élaborés et démocratiquement exécutés ; les Clubs de Savary, de Poperen, la Fédération de la gauche ont régulièrement été mis au courant ; ils ne sont pas extérieurs à ce qui a été décidé. Pourquoi tente-t-on de le faire croire ? Parce que le PC s’agace que, avec d’autres socialistes, je parle de rééquilibrage de la gauche.
    « Je développe en effet depuis quelques mois la thèse suivante : le socialisme démocratique est partagé en plusieurs mouvements dont le plus important est le PS. Chacun ressent le besoin de l’unité socialiste. J’ai exprimé ce besoin en des termes francs. D’abord par un constat : comment, dans un pays comme la France, la capacité de succession n’est pas assumée ? Le socialisme, lorsqu’il anime une coalition, atteint – c’est le cas en 1967 – quatre millions quatre cent mille électeurs. Lorsqu’il est désuni, inutile de faire les comptes : on y perd. Alors ? Alors il faut l’unifier. Réalisons l’unité, puis le nouveau parti s’alignera avec les forces démocratiques qui voudront bien poursuivre l’union de la gauche.
    « Donc, procédons par ordre : unifions et élargissons d’abord la formation socialiste. Quand nous aurons fait cela, ce sera servir l’union de la gauche que de rétablir son équilibre interne entre gauche socialiste et gauche communiste. Je n’en fais pas un préalable aux discussions, je ne suis pas hostile au fait que le PS continue à discuter avec le PC ni le PSU.
    « Alors, je pose les questions :
    « 1. Cet agacement des communistes est-il venu de ce qu’on aurait cru que ma chronologie était un procédé destiné à faire capoter l’union de la gauche ? Qui pourrait le croire ? Si c’est cela, c’est un agacement injustifié. J’ai dit que je souhaitais l’union de la gauche en l’équilibrant.
    « 2. J’ai dit : “Si, en 1971, le grand nouveau parti socialiste ne se crée pas, on butera ensuite sur les législatives de 1973, et tout se fera alors dans le désordre.” Si cela ne se fait pas en 1971, je vois clairement l’avenir politique français : il y aura pérennité du gaullisme, soit sous une forme réactionnaire, soit sous une forme libérale. Et à côté de cette formation gaulliste, il n’existera plus que le Parti communiste. Qui imaginera que, dans les années qui viennent, le PC, si intelligent soit-il, obtienne

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