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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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la majorité ? Ne pas créer un grand parti socialiste, c’est donc installer le parti conservateur au pouvoir pour longtemps. La création d’un parti socialiste change tout. Elle donne ses chances à la gauche. Je dis donc aux communistes : “Si vous avez traduit mes propos par le fait que je jette une exclusive sur le PC, alors je donne ma langue au chat !”
    « 3. On me dit : le PC trouve commode d’être le premier. Alors je réponds : si le Parti communiste s’est habitué à être le parti le plus important à gauche, c’est de notre faute. »
    Résumé de Mitterrand : « Faire l’unité des socialistes, c’est répondre à toutes ces questions ! »
    Sur la polémique déclenchée par Marchais, il conclut d’une phrase : « On ne va pas réécrire l’Histoire chaque année, on n’en est plus à l’époque du dictionnaire stalinien ! »
    Je lui demande s’il trouve que le bilan des discussions entre le PS et le PC, qui se poursuivent en ce moment, est bon ; il me répond : « Le bilan montre que de graves et sérieuses discussions doivent avoir lieu, mais je me réjouis de tous les progrès enregistrés. »
    Question : quel calendrier vous fixez-vous aujourd’hui pour réaliser l’unité ?
    Réponse : « La délégation pour l’unité des socialistes, telle que je l’ai proposée à Château-Chinon il y a quelques semaines, achèvera ses travaux fin janvier. Je souhaite qu’elle fasse connaître ses propositions publiquement. Et qu’elle réserve à toutes les formations qui le désireront le fruit de ses travaux. Ces formations réuniront leurs assises. Elles diront oui ou non. Et il y aura un congrès d’unification vers le mois de mai. C’est une affaire qui va bien. »
    L’heure a tourné. Une dernière phrase sur la majorité : « Il n’est pas possible qu’elle reste unie, mais elle a acquis une telle marge de sécurité qu’elle peut connaître des crises sans être obligée de passer la main. »
    Un ultime mot d’espoir : « Si la gauche socialiste s’unifie, le courant ascendant sera le nôtre. »
    Et je me retrouve dans le petit bureau exigu de Marie-Claire Papegay, en face de celui où Mitterrand me reçoit. Elle n’y fait pas plus de bruit qu’une souris.

    Remaniement. Quatre personnalités politiques entrent au gouvernement : Michel Cointat, Jean Chamant, Robert Poujade, à la Protection de la nature et de l’environnement, et Jean Taittinger. Parmi ceux qui y étaient déjà et qui y restent : Roger Frey, ministre d’État chargé de la Réforme administrative, Malaud.
    Jacques Chirac devient ministre délégué. Il aura, comme Pompidou l’a souhaité, un rôle politique : il a en charge les Relations avec le Parlement, et, au-delà, avec la majorité.
    Pour dire le vrai, les réactions des parlementaires sont mitigées sur cette nomination. En me promenant aux Quatre-Colonnes, j’entends bien des députés souligner que Chirac est un homme trop pressé pour porter attention à leurs problèmes de parlementaires.

    9 janvier
    Chirac, donc, ministre délégué au Parlement.
    Déjà des peaux de bananes. Il rencontre Chaban avant-hier : « Que puis-je pour vous ? lui dit le Premier ministre. Vous savez que je n’étais pas favorable à votre nomination à ce poste. Mais elle est acquise aujourd’hui, donc je m’y range. Qui voyez-vous comme secrétaire général de l’UDR ?
    — Il est bien entendu, dit Chirac, prudent, qui pense que ce poste doit être occupé par René Tomasini, que le secrétaire général est élu démocratiquement par les instances du parti.
    — D’accord, dit Chaban à qui on ne la fait pas. Je vous aiderai. Puis-je vous demander de faire une place à Valleix ?
    — Bon, dit Chirac, il sera secrétaire général adjoint, mais encore une fois, répète-t-il, ce n’est pas moi qui décide de tout ! »
    Sur ce, Juillet et lui reçoivent René Tomasini 3 . Celui-ci le prend de très haut et refuse d’entrée de jeu d’être inféodé à un ministre, quel qu’il soit, à Chirac en particulier. Pierre Juillet le laisse dire, puis finit par le couper : « Toto, tu as fait ton cinéma. Tu t’arrêtes, maintenant ? Tu seras ministre en 1973, mais il faut jouer le jeu. » Toto, puisque Toto il y a, se tait. Et dépose sa candidature au secrétariat général du mouvement en sortant de l’Élysée.
    Réaction de Jean Charbonnel, qui a perdu son ministère en 1967 parce qu’il avait été

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