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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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Debré, un bon organisateur, mais aussi un tacticien et un doctrinaire. » Je dois dire que, après une heure de conversation, je ne suis pas arrivée à me convaincre du talent « doctrinaire » de Tomasini.
    C’est surtout la fidélité au gaullisme qu’a voulu récompenser le dernier comité central de l’UDR. « La responsabilité du secrétaire général, me dit-il, est parfaitement définie. C’est lui qui dirige le mouvement. Il y aura entre Chirac et moi la même collaboration permanente qu’il y a eu entre Roger Frey et Robert Poujade. »
    À cette nuance près que Georges Pompidou a cru utile de changer l’attelage et de remplacer le duo Frey-Poujade par le duo Tomasini-Chirac, plus proche de lui et surtout de Pierre Juillet. D’ailleurs, Roger Frey, livide à la tribune, ne semblait pas se faire d’illusion : c’est sa mort politique qui a été décidée au cours de cette réunion du comité central de l’UDR.
    L’objectif immédiat de Tomasini : les municipales. Il reprend, en commentant pour moi son élection, les phrases de Debré : « On m’a fait la réputation d’un organisateur, et puis c’est tout. Mais j’entends être aussi tacticien et mainteneur de doctrine !... Après le départ du Général et sa mort, le mouvement gaulliste avait des inquiétudes, continue-t-il ; ces inquiétudes sont maintenant dissipées. Il faut aller plus loin et passer à un autre stade : celui du développement. »
    Est-ce l’ouverture ? Limitée, c’est le moins qu’on puisse dire, puisqu’il a aussitôt ajouté : « L’UDR n’est pas un hall de gare où l’on entre et d’où l’on sort sans arrêt. Pour moi, la majorité présidentielle ne doit rejeter personne, sauf ceux qui représentent vraiment le symbole de l’anti-gaullisme, ou qu’ils l’aient manifesté. »
    Autrement dit : pas d’ouverture au centre ni à la droite non gaulliste.
    Quant à Chaban, il a également pris la parole pour définir son rôle par rapport à celui du président de la République : « Le président trace les orientations, le gouvernement est chargé de mettre cesthèmes en musique. Le mouvement doit être une force de soutien et une force de propositions. Force de soutien : si ce soutien était passif et aveugle, il serait débilitant. Il doit donc être actif et conscient. Force de propositions : nous les attendons des militants, nous serions autrement condamnés à l’immobilisme. Nous voulons la justice, conclut-il, dans la liberté et la prospérité. »
    Il y aura un comité central de l’UDR début février et des assises en septembre.
    Cela étant, le sens politique de cette élection de Tomasini, c’est bien plutôt la fermeture. C’est tout de même une majorité fermée qu’ils me décrivent à partir du moment où elle est figurée comme un hall de gare où personne ne peut pas plus entrer qu’on ne peut en sortir.

    Même date
    Je rencontre Jacques Chirac dans les couloirs de l’Assemblée. Roger Frey refuse toujours, me dit-il, de lui céder ses bureaux. « Je vais aller en Corrèze dans mon bureau et attendre qu’on vienne me chercher. » Il ajoute sans en être particulièrement affecté : « J’ai un certain nombre de gens qui me savonnent la planche. »
    De fait, je sais que Chaban, l’autre jour, a demandé à Albin Chalandon de s’allier avec lui et avec les barons du gaullisme pour barrer la route à Jacques Chirac. « Vous avez fait tous vos coups sans moi, lui aurait répondu Albin Chalandon, eh bien, continuez ! »

    Vu François Mitterrand, qui prépare le face-à-face télévisé qu’il a accepté avec Olivier Guichard. Je lui raconte qu’Olivier Guichard est très mécontent du gouvernement parce qu’il sent bien, maintenant, qu’il ne sera peut-être plus jamais Premier ministre. « Hé, c’est qu’être dans un régime où tout dépend d’un seul, ce n’est pas commode. Pas commode du tout ! » commente Mitterrand avec un petit rire.
    Son film, celui qu’il doit préparer pour le débat télévisé, n’est pas encore prêt. Il ne sera monté que quarante-huit heures avant lundi, ce qui est proprement aberrant. Oliver Guichard, lui, l’a, paraît-il, terminé.

    15 janvier
    Jacques Delors à Matignon. Dehors, les pelouses vertes, les arbres qui perdent leurs feuilles, des oiseaux sur l’herbe. C’est « dans le grand parc solitaire et glacé » qu’il me parle.
    Du remaniement, d’abord : il y voit la marque de

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