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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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entraîne une suspension de séance.
    « J’abandonne, dit Maurice Faure aux siens. Je suis dépassé de tous les côtés. »
    Finalement, les militants du parti ont droit à trois sièges, les parlementaires aux six autres. Et, couci-couça, la délégation des 9 s’organise. Maurice Faure reste.

    18 décembre
    La rencontre entre socialistes et conventionnels a commencé par un gag. Le rendez-vous était fixé au 9, rue Anatole-de-la-Forge. Les délégués conventionnels se sont engouffrés au 7 et ont débarqué dans une réception de mariage. Après quelques instants d’hésitation, ils ont changé d’immeuble et ont retrouvé leurs camarades de la délégation socialiste qui les attendaient. Les vingt et un membres des deux délégations se rencontrent donc, au moment où j’écris ces lignes, autour d’une table recouverte, comme il se doit, d’un tapis vert.
    Il y a là dix socialistes, sept conventionnels et quatre personnalités extérieures aux deux formations. Les principaux animateurs du Parti socialiste et de la Convention ne sont pas là : il n’y a ni Mitterrand, président de la Convention, ni Alain Savary, premier secrétaire du Parti socialiste. La délégation de ce parti est composée de représentants de toutes ses tendances : fidèles de Guy Mollet, représentants de la droite du parti, tel Émile Loo, dit Milou, proche de Gaston Defferre, et des délégués de l’autre gauche, comme Jean Poperen. La délégation conventionnelle se compose en revanche d’amis personnels de François Mitterrand, comme Georges Dayan.

    22 décembre
    Jamais sans doute un dirigeant communiste n’est allé aussi loin dans sa critique, on pourrait dire dans sa condamnation du gouvernement d’un pays communiste de l’Est 44 . Georges Marchais, ce matin, n’y est pas allé de main morte. Comment, dit-il, cette tragédie a-t-elle été possible dans la Pologne socialiste ? Bien sûr, il y a eu la guerre. Mais, tout de même, cela ne justifie rien. Alors, que s’est-il passé ?
    Selon Marchais, qui cite l’analyse faite par le nouveau chef du parti polonais, Édouard Gierek, il y a eu des erreurs économiques. Des erreurs de communication, aussi. Gomulka n’a pas fait « participer » son peuple aux décisions prises par le pouvoir, et la démocratie n’a pas pu jouer à l’intérieur et à l’extérieur du parti.
    De cette funeste expérience, Marchais tire une leçon pour le parti français : il faut consulter la classe ouvrière à tout propos, pour toute décision prise, les membres du parti et ceux qui ne le sont pas, les croyants et les incroyants. C’est ce socialisme-là que GeorgesMarchais propose à ses alliés de gauche, en France, aujourd’hui. C’est pour cela, me dit-il, que l’union de la gauche reste possible en France. Sur des bases que Georges Marchais juge solides. Reste à ses alliés à les trouver aussi solides que lui.

    23 décembre
    Si Jacques Chirac est ministre de l’Agriculture à l’occasion de la formation du futur gouvernement, je veux bien être pendue. Chaban le voudrait bien, mais Pompidou ne le désire pas : il préfère le voir rester au gouvernement, certes, mais à un poste proche de l’UDR, pour les futures élections. Si c’est cela, évidemment, Robert Poujade ne resterait pas secrétaire général. Et, dans ce cas, où le mettre, sinon à l’Agriculture ?

    J’ai à peine parlé, il y quelques jours, de J-J S-S et de Maurice Faure. Maurice Faure, tremblant de colère, malade après la scène que J-J S-S lui a faite publiquement au dernier bureau du parti. Comparé à cela, le sourire de Marchais, l’autre jour, semble rassurant... et terrible !

    Quoi de plus inouï que le spectacle de ces socialistes et de ces communistes rendant public un programme commun, sans oser le clamer à la foule ! Presque clandestinement ! Sous le manteau, à la sauvette !
    Roland Leroy est tombé en syncope, il y a près de quinze jours. Toujours pas réveillé, me dit Coco, son chauffeur. Il dort dans une clinique à 250 kilomètres de Paris, seul. Gardé par quelques camarades qui se relaient. Après Waldeck Rochet, Roland Leroy ?
    1 - Ancien résistant, président du MLN à la Libération, Eugène Claudius-Petit, plusieurs fois ministre sous la IV e République, est député de la Loire de 1958 à 1962 puis de 1967 à 1978.
    2 - René Pleven est garde des Sceaux dans le gouvernement de Jacques Chaban-Delmas.
    3 - Commission de développement

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