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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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Pompidou à moins de dix mètres. Vos dirigeants nous ont éloignés de tout ! »
    Sur une réponse de l’accompagnateur russe, Zitrone interrompt tout net sa litanie de reproches.
    « Que vous a-t-il dit ? lui demandé-je.
    – Il m’a dit, répond Zitrone, que les consignes d’éloignement ne sont pas venues des autorités soviétiques, mais des Français ; que c’est parce que le président a été très malade pendant son séjour que nous n’avons pas pu l’approcher. »
    Nous restons silencieux jusqu’à ce que le chauffeur, ayant trouvé un passage ouvert, nous conduise jusqu’au pied de l’avion.
    Nous montons à bord, tous deux secoués par cette révélation à laquelle nous ne nous attendions pas.

    J’écris ces quelques lignes dans l’avion qui nous ramène à Paris. Je viens de rapporter ces propos à Marchetti en lui demandant de me dire une bonne fois la vérité. Il me dit que je me trompe, que Zitrone et moi avons dû mal comprendre, qu’il est sûr que Pompidou va bien.
    Je laisse tomber 12 .
    16 et 17 mars
    Journées parlementaires UDR à Nogent.
    Michel Debré fait un discours comme il en a le secret, inspiré, ardent, dramatique – d’autant plus apocalyptique que lui-même n’est pas au gouvernement – : l’inflation est un problème très grave, la montée des prix a de nombreuses incidences sociales. « Nous sommes l’épine dorsale de la nation, dit-il, à nous de soulever ces problèmes ! Nous devons aller vers une politique des revenus. Nous aurions déjà dû le faire depuis longtemps. Nous menons aujourd’hui une politique au coup par coup. »
    Robert Boulin intervient : « C’est exact, confirme-t-il, le groupe UDR n’est pas assez arc-bouté sur des problèmes de fond. Des mesures d’austérité sont à prendre. Nous devions agir après les dernières législatives, quand la majorité cohérente qui était la nôtre aurait pu le permettre dans un climat plus favorable. J’espère et je crois que le gouvernement Messmer III va réagir sur ces problèmes qui nous prennent à la gorge. »
    Interrogé sur la montée du chômage, Debré reprend la parole : « Il faut lutter contre l’inflation et le chômage, martèle-t-il. En trois mois, les 4 % de chômage ont été atteints et dépassés ; 4 %, il y a un an, c’était déjà la cote d’alerte. »
    Il est évident que les plus gaullistes d’entre les députés ont choisi d’attaquer le gouvernement sur son immobilisme. Messmer répond surtout à Michel Debré, dont les critiques l’ont visiblement ému, que les événements de la fin de 1973 ont nécessairement bouleversé les prévisions et que le gouvernement, comme Pompidou l’a annoncé à Poitiers, a trouvé plus réaliste de mettre sur pied un plan d’action pour 1974 et 75. Il plaide que l’action du gouvernement s’inscritdans un contexte international difficile et dans un contexte national effectivement préoccupant : hausse des prix et du chômage, atmosphère sociale difficile, grèves à EDF, agitation dans les lycées. « Dans tous les cas, conclut-il, la cohésion et l’élan de la majorité sont indispensables. »
    Dernier couplet sur le gaullisme : « Chacun de nous sent bien que c’est dans les difficultés que les gaullistes ont toujours rendu les plus grands services à la France. Les gaullistes ont su montrer à la fois la volonté, le patriotisme, le dévouement au bien public. Ce qui ne change guère, parce que cela ne peut pas changer, c’est notre volonté de servir la France en suivant le grand exemple du général de Gaulle, que nous n’oublions pas. »
    Succès garanti. Tous les parlementaires UDR se quittent sans enthousiasme pour le gouvernement, mais l’hymne au gaullisme cloue le bec aux plus mécontents.
    19 mars
    Claude Estier me parle du « cas » Marchais. De son inculture. Il a parlé du STO à Claude. Il lui a dit : « Je n’ai pas été volontaire pour le STO, j’ai été requis. C’est Lecœur qui a falsifié les textes. D’ailleurs, le juge a reconnu lui-même qu’il y avait diffamation. Je le traduirai en cour d’assises ! » Il ne sait même pas ce qu’est une cour d’assises !
    Claude Estier parle également de ses gaffes, comme celle de priver de déjeuner les trois journalistes du Nouvel Observateur . De son incapacité à se taire : vendredi dernier, les trois partis de la gauche s’étaient mis d’accord sur quelques mesures économiques ; Marchais n’a

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