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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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pas hésité à laisser entendre à la presse que ces propositions émanaient de lui seul. D’où colère de Mitterrand et des autres partenaires de gauche.

    Norbert Ségard (le député du Nord qui a rédigé un contre-projet au projet de loi sur l’avortement) me raconte que Lucien Neuwirth et l’abbé Oraison, qui devaient faire dans sa circonscription une conférence sur le contrôle des naissances, se sont fait « décommander » – il n’y a pas d’autre mot – par un clan d’intégristes de la paroisse où devait se tenir la réunion : Neuwirth a reçu un télégramme disant que l’abbé Oraison avait un empêchement, et l’abbéun autre télégramme lui expliquant que Neuwirth ne pouvait pas venir !
    21 mars
    Dépêche de l’AFP diffusée à 22 h 45 : « M. Pompidou a renoncé ce soir à présider le traditionnel dîner diplomatique offert chaque année au palais de l’Élysée aux chefs des missions diplomatiques. »
    C’est Philippe Grumbach qui m’a appelée chez moi vers 10 heures du soir pour m’alerter.
    Le premier communiqué médical est tombé à 21 heures alors que les ambassadeurs étaient invités à passer à table. Ils se sont immédiatement aperçus que deux places, au centre, étaient vides : celles de M. et de M me  Pompidou. Le communiqué précise que M. Pompidou s’est « abstenu de participer à ce dîner en raison d’une lésion bénigne d’origine vasculaire située dans la région ano-rectale et hyperalgique, par intermittences ».
    Évidemment, plusieurs bulletins de l’AFP tombent tout au long de la nuit.
    24 mars
    Des hémorroïdes ! Peut-on imaginer quelque chose de moins glorieux à faire connaître au reste du monde ! J’en souffre presque pour lui.
    28 mars
    Il n’est bruit, à L’Express , que du mouvement préfectoral annoncé hier en Conseil des ministres par Chirac. Guy Claisse, qui est en charge du papier de L’Express sur le sujet, est convaincu que les six préfets de région et les neuf préfets de département qui viennent d’être nommés sont le signe d’une reprise en main par Chirac du futur dispositif électoral.
    Pour quand ? C’est la question. Réponse : motus ! Chirac vient de réaffirmer : « Rien ne permet de penser que l’élection présidentielle aura lieu avant la date prévue. »
    Der Spiegel écrit pourtant cette semaine : « Une seule chose est certaine : la France est gouvernée par un homme malade. Personne ne peut plus exclure la possibilité de nouvelles élections au cours de cette année. »

    Christian Fauvet, qui est allé pour L’Express interviewer François Mitterrand à Latche, rapporte une longue note dont je retiens certains passages dans ce carnet :
    « J’ai fait un relevé historique, lui a dit Mitterrand. Jamais la droite n’a jugé que le moment fût venu de faire des réformes sociales. Elle juge toujours que les circonstances ne s’y prêtent pas. »
    En matière politique, écrit Christian Fauvet, il lui faut visiblement donner l’image de la sérénité. Il ne fait même pas nettement acte de candidature : « Personnellement, dit-il, je ne suis pas particulièrement désireux d’être candidat. Mais, objectivement, je ne vois pas comment je pourrais m’y prendre pour ne pas l’être. »
    Il croit à une double candidature de la majorité, poursuit Fauvet, mais ne mésestime pas les chances de Messmer. Sur les réformateurs, pas un mot...
    Et enfin, à la question : « La présidence de la République, est-ce votre ambition suprême ? », il répond : « J’ai 58 ans. Président de la République, c’est recevoir des ambassadeurs et les corps constitués ; c’est se promener devant des gardes avec casques surmontés d’une crinière. C’est vivre derrière des tables Louis XV. À 58 ans, si près de la fin d’une vie, c’est d’une futilité, mais d’une futilité... ! »
    À peu près ce qu’il a déclaré à Georges Dayan. Mitterrand juge que, pour lui, la présidence, aujourd’hui, c’est trop tard.
    2 avril
    Déjeuner avec Hubert Germain 13 avant la rentrée parlementaire. Les gens ne sont jamais simples : Germain ressemble à un boucher, mais avec des mains incroyablement longues et fines.
    « Pompidou, quand il était Premier ministre, me raconte-t-il, se méfiait de Messmer parce que celui-ci passait au-dessus de lui etparlait directement au général de Gaulle des problèmes de défense. Mais, aujourd’hui qu’il est

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