Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
Vom Netzwerk:
un ami, mais il a eu tort de profiter de mon amitié pour lui. Débrouillez-vous. »
    Enfin il me rapporte les quelques phrases de Pompidou sur Giscard au cours du déjeuner : « Il a le petit doigt sur la couture du pantalon. Mais c’est trop beau pour être vrai. Cela ne va pas durer ! »
    Contradictoire avec ce que m’a dit Lecat. La Martinière, lui, nepense pas un instant que Giscard puisse avoir la bénédiction de Pompidou pour se présenter.
    13 février
    Claude Estier, comme tous les mitterrandistes, est convaincu que Georges Pompidou ne se représentera pas. « La date des élections, nous n’en savons rien, me dit-il, mais nous sommes persuadés qu’il ne se représentera pas. Nous raisonnons sur deux hypothèses selon que la majorité présentera un ou deux candidats. Je ne peux néanmoins pas croire, poursuit-il, qu’il y aura deux candidats à droite. À gauche, on s’oriente vers une candidature unique. »
    Il ne voit pas comment les choses pourraient être autrement : le PC ne prendra jamais le risque de recueillir moins de suffrages que Mitterrand.
    Mitterrand, me confie-t-il, pense que Pompidou ne choisira jamais Chaban. En revanche, l’UDR n’acceptera jamais Giscard.
    Sur le programme de la gauche et les différentes étapes de sa révision permanente, j’avoue que je commence à perdre pied. Claude Estier me dit que les groupes de travail mis en place il y a plusieurs mois continuent, que Herzog, pour le PC, Jospin et Gazier, pour le PS, et Bonacossa, pour les radicaux, planchent en ce moment sur les problèmes monétaires. Trois autres groupes travaillent sur l’Europe, la sécurité collective et la politique de défense, ainsi que sur la gestion des entreprises.
    « L’étonnant est que l’atmosphère est bonne, quelles que soient les passes d’armes apparentes. Hier, par exemple, Paul Laurent est arrivé en conciliateur sur les problèmes monétaires, alors qu’il a signé un papier contre Mitterrand, toujours à propos de Soljénitsyne, dans L’Huma de ce matin. »
    Nous revoilà avec l’affaire Soljénitsyne. Claude Estier passe de longs moments à me retracer le différend qui les oppose au PC depuis quelques jours. J’en conclus que Martinet n’était pas mandaté pour exprimer ce qu’il a dit, mais que le Parti socialiste et Mitterrand ont dû finalement se déclarer solidaires de lui.
    Plus intéressant, ce qu’il me raconte du voyage de Willy Brandt et de Mitterrand en Allemagne : Brandt a invité Mitterrand à refaire avec lui les chemins de son évasion en 1941. C’est dans un wagon-salon spécial qu’ils ont reparcouru ensemble le chemin de Stuttgartà Mayence. La conversation, qui a duré le temps du trajet – trois heures et demie –, a été d’autant plus dense que le gouvernement allemand, en ce moment, est furieux de la décision prise par le gouvernement français de faire flotter le franc par rapport au mark.
    Lors du voyage en Égypte, qu’il a effectué ces jours derniers, Mitterrand, toujours selon Claude Estier, a tenu un langage ferme à Sadate, qu’il a rencontré dans sa maison du Caire, une grande villa avec jardin sur la route des Pyramides.
    « J’ai une amitié personnelle pour certains Israéliens, lui a dit Mitterrand, et la volonté d’assurer la sécurité d’Israël. Cela étant, je n’ai jamais approuvé la politique israélienne. J’ai même dit à Golda Meir que l’occupation des territoires était inacceptable. Et que les Palestiniens avaient des droits.
    – Vous dites cela, lui a répondu Sadate, parce qu’il y a eu, depuis, la guerre du Kippour.
    – Non, la reconnaissance des droits des Palestiniens figure dans notre programme depuis 1972.
    – On ne vous demande pas de renoncer à votre amitié pour Israël, aurait conclu Sadate. Nous souhaiterions simplement que vous compreniez notre position à nous. »
    Il aurait ajouté : « Expliquez à Golda Meir que nous voulons la paix. »
    François Mitterrand à Georges Dayan, le 14 février
    « J’ai 57 ans, je suis moins pressé maintenant que je ne l’étais il y a quelques années. Je ne suis pas pressé de me présenter. Après tout, il vaut mieux être Jaurès que Blum. Jaurès a laissé un nom dans l’histoire du socialisme. Pas Blum. »
    19 février
    Alain Peyrefitte 10 rend publiques les mesures prévues en faveur d’une décentralisation partielle. Comme toujours habile, intelligent, au point de ne pas hésiter à se contredire

Weitere Kostenlose Bücher