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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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à l’Élysée, Pompidou sait qu’il peut compter sur Messmer en toutes circonstances, que celui-ci ne lui mentira pas, qu’il parlera sans servilité. Et même, dans cette période difficile pour lui, Pompidou sait qu’avec Messmer l’édifice tiendra le coup. »
    Suit la rentrée du Parlement. La séance dure une demi-heure. Près de moi, un député dit : « C’est une oraison funèbre sans mort. »

    À 18 h 16, communiqué du secrétariat général de l’Élysée 14  : « En raison de son état de santé, le président de la République a décidé d’annuler ses engagements pour les jours qui viennent. Le président de la République a demandé au Premier ministre, conformément à l’article 21 de la Constitution, de présider le prochain Conseil des ministres, dont il a approuvé l’ordre du jour et qui se tiendra à l’Élysée le 3 avril 1974. »

    Vers 21 heures, le président Pompidou meurt quai de Béthune.
    Je rentre du cinéma quand la garde d’enfants m’apprend la nouvelle. Elle regardait la télévision quand une phrase s’est inscrite en bas de l’écran : « Le président de la République est mort. »
    J’ai le réflexe absurde de partir sur-le-champ quai de Béthune, où j’arrive vers 22 h 30. Puis le côté voyeur de ma démarche me dégoûte. Je ne veux pas faire partie de ces badauds qui viennent voir la mort de près. Je rentre chez moi écrire ces lignes.
    3 avril à 16 h 30
    À 22 heures, l’avion qui ramenait Chaban et sa femme de la côte basque, hier 2 avril, est pris dans un violent orage au-dessus de Poitiers. Lorsqu’il atterrit à Paris, vers 22 h 30, Jacques Chaban-Delmas est sans doute le dernier homme politique à ignorer la mort de Pompidou.
    Mitterrand, lui, à la suite d’un contretemps, dînait tout seul chez Lipp à Saint-Germain-des-Prés. Le patron, Roger Cazes, s’est approché de lui : « Savez-vous que M. Pompidou est mort ? » Mitterrand est bouleversé : il ignorait, dit-il au patron de la brasserie, que l’état de santé du président s’était à ce point dégradé.
    Giscard, lui, était au ski avec femme et enfants lorsque, dans l’après-midi, Poniatowski, toujours au courant de tout, lui avait signalé l’aggravation subite de l’état du président.
    Jacques Chirac, lui, était resté au ministère de l’Intérieur. Il paraît qu’il a été, avec Juillet et Balladur, le premier à apprendre, le 31 mars dernier, que Pompidou n’avait plus que quelques jours à vivre.

    Je vois dans l’après-midi le docteur L., médecin proche d’Alain Pompidou, qui accepte de me recevoir pour L’Express , me dit-il, alors qu’il attendait la visite de Philippe Grumbach, dont il est l’ami.
    Pompidou a donc été atteint, me dit-il, par la maladie de Kahler, une maladie hypercalcimiante, qui entraîne de nombreuses hémorragies. L’espérance de vie, pour le malade, est au maximum de six, sept ans. Le diagnostic a été fait tout de suite après son élection en 1969.
    À ses débuts, la maladie se traduit par une grande fatigue, des douleurs dans les membres, des troubles digestifs. Son médecin traitant, le D r  Vignalou, a envoyé le président consulter en 1970 dans le service du professeur Jean Bernard. Les examens sanguins ont révélé des anomalies de l’aspect des cellules de moelle osseuse. Un traitement compliqué a alors été décidé, essentiellement à base de cortisone.
    On atteignait la sixième année lorsque la santé du président s’est dégradée d’un coup : hémorragies nasales, oculaires (la dernière a eu lieu il y a un mois et demi). Dimanche soir, 31 mars, on l’a ramené d’Orvilliers à Paris, quai de Béthune, où son état s’est brutalement dégradé, avec une forte fièvre qui a fait penser à une septicémie. Il s’est très vite affaibli dans les jours puis les heures qui ont suivi, et est mort vraisemblablement d’une hémorragie interne.
    « C’est l’accident dans la maladie. Personne, m’assure ce médecin, ne s’attendait à ce que les choses aillent si vite. On pensait encore avoir le temps. »
    4 avril.
    Michel Dupuch 15 évoque devant moi l’hypothèse d’une candidature unique de la gauche. Dans ce cas, répliquer par trois candidats de la majorité (il envisage Chaban, Giscard et Edgar Faure) est une bêtise sans nom. Je lui demande : pourquoi Edgar ? Parce que, me dit-il,celui-ci, hier, a pris ses contacts, disant que sa personnalité était

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