Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
Vom Netzwerk:
légère différence : sur l’Europe, celle-ci. Giscard est un peu plus européen que Chaban. Lecanuet est passé par là.

    Très tard, juste après avoir écrit ces lignes, coup de téléphone de Georges Dayan : Mitterrand pense que Giscard arrivera avant Chaban au premier tour. Qu’il y aura beaucoup d’abstentions du côté de la majorité, à cause de sa division. « C’est inouï, me dit Dayan, que le régime finisse de cette façon, dans une confusion aussi grande ! »
    12 avril
    Conférence de presse de Mitterrand à la tour Montparnasse, siège de la campagne du candidat de la gauche, à 11 heures du matin devant deux cents journalistes. Lorsqu’il parle chiffres, son frère 20 àcôté de moi sourit : « Il aurait dû faire Polytechnique », me dit-il sans que je sache s’il plaisante ou pas.
    Mitterrand décline son programme en trois phases. Un plan d’action à court terme de six mois : « Aucun gouvernement n’évitera, dit-il, un contrôle des prix. » Deuxième phase, un plan de dix-huit mois : âge de la retraite à 60 ans, statut de la vieillesse, réforme de la fiscalité. Enfin, un plan à cinq ans.
    « Élu président de la République, dit-il à la fin de sa conférence de presse, non sans une certaine solennité, qui pourrait douter que celui qui vous parle serait un défenseur convaincu, résolu, des libertés individuelles ? Ma vie n’aurait pas de sens si elle ne s’identifiait à la défense de la liberté. J’interdis à quiconque de me lancer la liberté au visage ! »
    Ce qui prouve à quel point il a été blessé par les phrases de Chaban. Ce qui prouve aussi qu’il sait très bien que l’alliance avec les communistes est un vrai traumatisme dans le monde politique, surtout celui de la IV e  République, où Chaban, tout comme lui d’ailleurs, a grandi.
    13, 14 et 15 avril
    Pas d’arrêt de la vie politique, ce week-end : Chirac, entraînant Lecat, Stirn et Jean Taittinger, rend publique la « déclaration des 43 » – quarante-trois parlementaires UDR qui appellent de nouveau à une candidature unique de la majorité –, façon d’apporter leur soutien à Giscard.
    Après tout, ça ne m’étonne pas. Je comprends mieux maintenant que Jean-Philippe Lecat m’ait mise sur la voie d’une candidature Giscard favorisée par Pompidou. Quand je relis mes notes de 1972 et 1973, je mesure à quel point Chirac ne voulait pas d’un Chaban à l’Élysée, puisque, avec d’autres sans doute, il a tant fait, ces derniers mois, pour contrecarrer sa marche à la présidence.
    Le samedi précédant le dimanche de Pâques, donc, trente-neuf députés et quatre ministres UDR rendent public un texte, dit « appel des 43 », regrettant une fois de plus que Pierre Messmer n’ait pas voulu présenter une candidature d’union et déplorant donc la candidature Chaban.
    Colère, panique, fureur, stupeur dans le camp de Chaban-Delmas, qui crie à la trahison. À suivre...

    Ce qui passe davantage inaperçu, en revanche, c’est le conseil du PSU réuni à Colombes. À partir du 4 avril, Michel Rocard avait appelé à soutenir la candidature de François Mitterrand dès le premier tour. Aujourd’hui, le conseil national a accepté, dans un de ces tohu-bohu dont le PSU a l’habitude, de se ranger derrière François Mitterrand et même de dégager Michel Rocard de ses responsabilités au sein du parti afin qu’il puisse s’engager personnellement derrière le candidat unique de la gauche.
    16 avril
    Jean-Jacques Servan-Schreiber, à qui plus personne ne pensait et dont personne ne se préoccupe, annonce qu’il ne sera pas candidat : c’est l’AFP qui le signale en fin de matinée.

    Déjeuner avec Giscard d’Estaing au ministère des Finances : œufs pochés à la cardinale, selle d’agneau aux fines herbes, haricots panachés, salade, sorbet à la fraise, tout cela arrosé de vins de Beaune cuvée du centenaire 1959.
    Il nous parle de beaucoup de choses pêle-mêle. Je n’ose prendre des notes sur le menu que je conserve, mais je résume ce qu’il a dit :
    1) Le nom de Pompidou : « Oui, je compte utiliser le nom de Pompidou. Je suis le plus pompidolien de tous, pour ne pas dire le seul. Les conversations que j’ai eues avec lui jusqu’à la fin montrent à quel point j’étais proche de lui. »
    2) Sa majorité : Chirac est avec lui. Il dit : « Les meilleurs ministres du gouvernement actuel sont de mon côté. Les jeunes

Weitere Kostenlose Bücher