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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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mieux. »
    Avant de faire sa déclaration devant la foule de ses administrés, qui l’attendent dans la salle du conseil de l’hôtel de ville, il s’en prend à ceux qui se sont lancés trop tôt dans la course à l’Élysée, désignant ainsi implicitement Chaban-Delmas. (À ce propos, la veille, il a déclaré en privé : « Je serai candidat si certains, qui se sont rendus coupables d’indélicatesses fiscales, se maintiennent. »)
    Il affirme qu’il a rencontré Pierre Messmer et lui a dit qu’il était prêt à s’effacer devant lui, ce dont le Premier ministre a pris publiquement acte. Et il s’adresse enfin à tous, UDR, républicains indépendants, centristes, réformateurs, et, de façon générale, à tous ceux qui refusent le « socialisme bureaucratique », pour qu’ils le soutiennent dans le cadre d’une majorité élargie.
    Ses objectifs, il les définit en quelques phrases : à l’intérieur, faire de la France un modèle de justice et de paix sociale ; à l’extérieur, défendre scrupuleusement les intérêts de notre pays, faire de la France le partenaire égal des plus grands et des plus petits pays.
    Par son allusion à une majorité élargie, il double Chaban-Delmas sur son centre, et même sur sa gauche. Habile, très habile...

    Paul-Marie de la Gorce me raconte cet échange qu’il tient de Michel Jobert. Henry Kissinger avait dit il y a quelques mois à des dirigeants internationaux, à propos de je ne sais quel problème : « Les hésitations de la France s’expliquent par la maladie de Georges Pompidou. » Quelques jours avant sa mort, Michel Jobert en parle à Pompidou, qui lui répond : « On verra bien. Dans quelques mois, je lui écrirai une de ces lettres dont il se souviendra ! »
    Il me parle aussi du dernier Conseil des ministres présidé par Pompidou : tout de suite après, Paul-Marie de la Gorce avait rendez-vous avec Yves Guéna, qui lui dit, juste à l’issue du Conseil : « Le président va mourir cette semaine. »
    Je demande à Paul-Marie de la Gorce ce que va faire Messmer. Il me répond simplement que celui-ci a dit samedi à ses collaborateurs : « Il faut que j’incarne l’unité jusqu’au bout. Cela peut servir. »
    Tout va si vite que j’ai à peine le temps d’écrire dans ce cahier. Chaban a trouvé une permanence avenue Charles-Floquet. André Rousselet, accompagné de trois délicieuses jeunes femmes, cherche des locaux pour la campagne de François Mitterrand.
    À 17 heures, Giscard est arrivé à Matignon en conduisant lui-même sa voiture. Arrêté par des reporters radio qui lui demandaient s’il comptait abandonner son ministère, il a répondu qu’il resterait ministre des Finances. Il est bronzé, longiligne, éclatant.
    9 avril
    Cela n’a pas empêché Messmer, ce mardi matin, de déclarer à 10 h 16 (AFP 073) que « devant la situation créée par plusieurs candidatures de la majorité de Georges Pompidou et en raison des risques qu’une telle division fait courir à la France, je suis résolu à me présenter au suffrage des Français si ces candidats se retirent. Je le leur demande ».
    Michel Dupuch me dit qu’il a pris sa décision dans la nuit, bouleversé qu’il est, depuis plus d’une semaine, par la cassure de la majorité. « Messmer a eu, me dit Dupuch, un sursaut devant ces saltimbanques ! »
    Est-ce une coïncidence ? Pierre Juillet est rentré à Paris hier.
    Un peu plus tard (AFP 083, 090, 091), Edgar Faure retire sa candidature et appelle à une candidature unique de Pierre Messmer.
    Proposition qui se heurte à un refus net de Chaban et de ses partisans. Ce qu’Étienne Garnier, l’un de ses proches, me confirme lui-même au téléphone : « Si Chaban s’en va maintenant, me dit-il, il se déshonore et déshonore son équipe. »
    Quant à Giscard, il pose à Messmer une sorte d’ultimatum, medit Gouyou-Beauchamps. Il fait savoir au Premier ministre que, s’il n’est pas arrivé à faire renoncer Chaban avant 20 heures, c’est terminé : il ira à la bataille.
    À 14 h 50, Chaban arrive à l’hôtel Matignon. Sa voiture se gare rue de Bellechasse. Sur le chemin vers l’entrée de la rue de Varenne, il est intercepté par les journalistes :
    « Qu’allez-vous faire à Matignon ? lui demande-t-on.
    – Je vais dire au Premier ministre que je maintiens ma candidature. »
    Il entre dans le bureau de Pierre Messmer à trois heures moins cinq, lui dit, selon

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