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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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surtout : Chirac est le meilleur. Lecat et Stirn aussi.
    – Et Taittinger ?
    – Oui, dit-il, et Taittinger. »
    3) Sur J-J S-S : « C’est une preuve de bon sens, ce qu’il a fait là, de ne pas se présenter. » Bref, il espère que sa majorité ira de Chirac à Jean-Jacques Servan-Schreiber.
    4) Sur l’Amérique : « Oui, convient-il, Kissinger a des visées impérialistes sur l’Europe. Mais, de temps en temps, il faut dire non, voilà tout. »
    5) Ce qu’il veut faire s’il est élu : d’abord diminuer la durée du mandat présidentiel. « Sept ans, dit-il, c’est trop long. Il faut l’abréger. Le ramener à cinq ans, peut-être pas, mais à six, c’est possible. » Pourquoi diable six, je me le demande.
    Ensuite, changer le système électoral : « Le scrutin majoritaire à l’anglaise se comprend, parce qu’il faut gouverner. Mais le problème n’est pas le même en France, où le système est quasi présidentiel. Il faudrait donc en France un mode électoral proche de celui qui fonctionne en Allemagne, où un quart des sièges à l’Assemblée nationale serait attribué au plus fort reste, nationalement. » Enfin il souhaiterait changer le nombre des signatures nécessaires pour faire acte de candidature : il propose que 30 députés ou 50 000 signatures permettent aux candidats de postuler.
    6) « Je ne dirai, assure-t-il, pas un mot des candidats en présence. Inutile de me tendre des pièges. Je ne ferai de commentaires sur aucun d’entre eux. »
    7) Il déclare enfin : « J’avais dit samedi (le 6) à Messmer que je me présenterais s’il n’y allait pas lui-même. Il m’a confirmé à ce moment qu’il ne serait pas candidat. Le mardi, à plus forte raison le jeudi d’après, il était déjà trop tard. »
    Je lui demande : « Cela veut-il dire que vous ne vous seriez pas retiré s’il avait maintenu sa candidature ? »
    Légèrement embarrassé, il ne me répond pas.
    8) Il ajoute : « Les observateurs sont étonnés par mes chiffres dans les sondages. Je n’ai jamais douté que j’étais à égalité avec Chaban. J’ai toujours dit qu’il fallait gouverner à la fois dans la continuité et le changement : je symbolise cette volonté. Avoir plus de 25 % de suffrages ne m’étonne pas le moins du monde. »

    Dans l’après-midi du 16 avril, une heure avec Michel Jobert.
    Nous parlons de l’interview de lui que publie aujourd’hui Le Monde . Je lui demande s’il ne craint pas qu’on y voie un refus de choisir entre Giscard et Chaban. Il me dit : « Hé quoi, je suis un homme libre ! » Et de préciser que, lorsque Giscard lui a annoncé (comment ? par un coup de téléphone, sans doute, pas en lui rendant visite au Quai, cela se serait su) qu’il était candidat, il lui a déclaré qu’il comprendrait très bien que les ministres restent extérieurs à sa candidature.
    « Moi, ma politique étrangère, reprend Michel Jobert, c’est celle de Pompidou. Je l’ai exposée aujourd’hui dans Le Monde . J’ai donc appelé Giscard, ce matin, pour le prévenir que mon article était publié aujourd’hui. Je pense que Giscard a eu connaissance de cesondage disant que 62 % des Français approuvaient ma politique extérieure. Je ne me fais pas d’illusion sur mon rôle, ni sur mon pouvoir de persuasion. Je pense que la lecture du sondage a été prépondérante. Mais, en écrivant que je soutiendrai le candidat le plus proche de ce que je crois être la politique pompidolienne, je fais monter les enchères [il a employé un terme qui voulait dire la même chose, mais n’a pas dit « enchères »]. C’est ce que Giscard a fait. Dans sa déclaration de candidature, il n’avait pas fait mention de l’indépendance nationale. Et puis, ce matin, sur France-Inter, il en a parlé. À Strasbourg, vendredi, il en reparlera. Vous voyez comment on peut faire progresser les choses... »
    Il me parle de Chirac avec un petit sourire qui ne dit rien de bon :
    « J’ai dit à Chirac hier au téléphone ce que je pensais de son entreprise des “43”. En paraphrasant la formule de Samain, “Ce vase était brisé, n’y touchez pas”, je lui ai dit : “Le vase de la majorité était brisé, il ne fallait pas donner un coup de pied dedans. Personne ne voyait qu’il était fêlé !” Il m’a répliqué que c’était en prévision d’un éventuel naufrage. “Ça alors, lui ai-je répondu, vous mettez des chaloupes à la mer

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