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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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Michel Dupuch : « Je reste », et en ressort cinq minutes plus tard, à 3 heures, blême, furieux, sans proférer un mot.
    Tous les députés qui ont passé le week-end dans leur circonscription ont recueilli – ils l’ont dit aux dirigeants de l’UDR – des échos défavorables à Chaban, condamné par les électeurs gaullistes pour s’être déclaré trop tôt.

    À 16 h 45, Pierre Messmer, n’ayant pu convaincre les deux candidats de la majorité de céder leur place, retire sa candidature.
    Quelle journée !

    Conférence de presse de Chaban-Delmas, ce mardi soir. Il y a défini les grands axes de son action à venir. Je n’ai pas pu y aller. J’appellerai Étienne Garnier demain matin.
    10 avril
    En début d’après-midi se tient un comité directeur des républicains indépendants présidé par Michel d’Ornano, 6, rue de Lapparent. Tous sont confiants et excités. Les grandes lignes de la campagne à venir sont fixées par d’Ornano. Giscard arrive vers 16 h 40. Sitôt après la minute de silence observée pour la disparition de Georges Pompidou, on passe aux choses sérieuses. L’objectif est donc la création d’une nouvelle majorité élargie, « qui ne retienne rien du passé », mais accepte de nouveaux concours. Pour le contenu, un thème unique : la France, son rang dans le monde moderne, le modèle français de démocratie et de liberté, son rôle moteur dans l’Europe qui devra être organisée à la fin du premier septennat de VGE.

    À 10 heures, ce matin, Giscard a rencontré Lecanuet. Celui-ci, comme Jacques Duhamel l’avait fait en 1969 en se ralliant à Pompidou, pose des conditions à son propre ralliement : une nouvelle majorité élargie, la construction européenne, le maintien de la France dans le Pacte atlantique. Lecanuet sort de là ravi de sa rencontre. Il ne lui reste plus qu’à persuader Jean-Jacques Servan-Schreiber, oui, Jean-Jacques, de ne pas se présenter au nom des radicaux ! Ledit Jean-Jacques demande un délai de réflexion.
    J’oubliais : Jean Royer 17 , maire de Tours, l’auteur de la fameuse loi 18 qui porte son nom, envisage lui aussi de se présenter, parce qu’il croit être l’homme libre que tout le monde attend.
    Il n’y a que Poher 19 qui assure les journalistes de la presse présidentielle qu’il ne se présentera pas et qu’il ne soutiendra personne...
    11 avril
    Premier sondage Figaro -Sofres sur les intentions de vote : Mitterrand : 36 %, Edgar Faure : 8 %, Jacques Chaban-Delmas : 26 %, Valéry Giscard d’Estaing : 27 %, divers : 3 %.

    À la question : quelle est la personnalité qui, à votre avis, a le plus de chances d’être élue ? c’est Chaban qui mène la danse : 39 % le voient président de la République, contre 30 % seulement à Mitterrand.

    Je déjeune avec Joseph Comiti. Il a rencontré Jean Royer, qui lui a dit qu’il était le meilleur et qu’il ne se retirerait pas. Il a dit la mêmechose, paraît-il, à Valade, qui dirige la campagne de Chaban et n’en est pas encore revenu.

    S’ils ne le font pas exprès, c’est bien imité : Chaban et Giscard ont levé le voile sur leur programme, aujourd’hui, à quelques heures d’intervalle. Le premier a parlé sur France-Inter ce matin. Il dit vouloir la continuité et le changement, tandis que le second, dans une conférence de presse, à 16 heures, prône la continuité et la nouveauté. Tous deux s’adressent à la même clientèle, qui, le sondage d’hier le montre, se répartit d’ailleurs en deux fractions à peu près équivalentes. Tous deux pensent être en mesure de récupérer les voix des électeurs de gauche hostiles au programme commun.
    Ce qui les différencie, c’est évidemment la majorité élargie de Giscard. Chaban, qui pourtant aurait pu y penser, n’a pas trouvé ce talisman-là. Et puis, dans le ton, VGE fait montre de moins de virulence envers François Mitterrand : « Je ne dirai pas que c’est l’enfer, a déclaré Giscard, ce qui pourrait ne pas être exact, ni que Mitterrand c’est le diable, ce qui serait inexact. M. Mitterrand est un homme d’État. Mais je dis que M. Mitterrand propose à la France un système que les Français n’accepteront jamais. »
    Chaban, lui, est sans nuances. Il annonce qu’il fera tout, « je dis bien tout, pour que nos compatriotes ne tombent pas dans ce risque mortel que constitue l’alliance de François Mitterrand avec les communistes ».
    Autre

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