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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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j’avoue n’avoir pas suivi de bout en bout avec avidité, je retiens deux passages : celui où Georges Marchais affirme avec force qu’il n’y a pas de crise dans les pays socialistes, et celui où il dénonce « la sorte de comédie à grand spectacle » à laquelle s’est livré Giscard en essayant de « donner de son pouvoir une image agréable, proche du peuple ». Mais c’est pour mieux te manger, mon enfant : car, pour Marchais, Giscard est en réalité tout entier attaché à « l’accentuation brutale de la politique du grand capital ».
    Ce qui est remarquable, à regarder l’assistance, c’est sa jeunesse. Elle n’est pas étonnante quand on se souvient de la conférence des secrétaires fédéraux à laquelle j’avais assisté au début de l’été : les cellules ont recruté, certaines ont même vu carrément doubler leurseffectifs. Or, les jeunes, comme à la Libération, ont très vite été autorisés à occuper des postes de responsabilités dans les cellules et jusque dans les fédérations communistes.
    En fait, les interventions au congrès révèlent une véritable inquiétude des communistes. Cette trouille n’est pas seulement le fait d’une base très dynamique qui désire, puisqu’elle vient d’adhérer au parti, que celui-ci soit la première des formations de gauche. Cela paraît assez naturel de la part de jeunes qui ont la foi et qui, s’ils ne l’avaient pas, ne seraient pas dans ce gymnase aujourd’hui.
    Mais il y a aussi, de la part des dirigeants, une véritable peur que les socialistes finissent par entendre les sirènes giscardiennes. Vraisemblablement, de vieux staliniens qui étaient hostiles en 1965-67 à un rapprochement avec les socialistes ont été rejoints par de jeunes impatients. Cela se comprend au discours de certains secrétaires fédéraux, comme celui des Yvelines, qui redoute un « adultère » du PS.
    Du coup, il me semble que je comprends la raison de la convocation de ce XXI e  congrès. En juin dernier, le mot d’ordre était la nécessité de faire l’union populaire avec le PS et le Parti radical, moyennant un tas d’abandons doctrinaux et une volonté nette de croire et de faire croire que l’union allait profiter tout naturellement au PC.
    Puis, changement : dans le souci de suivre sa base, angoissée par un éventuel retournement du PS, la direction – Georges Marchais, rendu soucieux par l’hémorragie d’électeurs communistes vers les socialistes lors des derniers scrutins, et surtout Roland Leroy qui n’a jamais été ni de près ni de loin un chaud partisan de la social-démocratie – a pris le virage : plus que jamais le PC doit être le numéro un de la gauche. Il leur faut donc à nouveau attaquer le PS.
    En marge du congrès, par ailleurs assez ennuyeux, Georges Gosnat, député de Vitry et membre du comité central, ancien ami de Maurice Thorez, a été, me raconte-t-il, le premier communiste à entrer dans une école militaire et à devenir sous-officier. « Je suis le premier produit de la réconciliation du drapeau rouge et du drapeau tricolore, dit-il. En 1934, Thorez a insisté pour que j’entre dans l’armée. Les militaires ont fait des difficultés et Thorez a dû alors intervenir auprès de Daladier, puis celui-ci auprès de Sarraut, pour que j’aie le droit de faire l’École militaire, à laquelle j’avais d’ailleurs été reçu. »
    29 octobre
    Edgar Faure s’exprime devant quelques journalistes. Je ne sais pas s’il s’ennuie à la présidence de l’Assemblée nationale, mais il y vit bien. Lucie, sa femme, est là, ordonnatrice des dîners et des rencontres. C’est d’elle que Françoise Giroud m’a dit un jour : « On la croit très intelligente et très gentille. Eh bien, c’est tout le contraire ! »
    Pour l’heure, il trouve qu’il n’y a pas beaucoup d’idées dans le monde politique actuel. Et qu’au sommet on se préoccupe bien peu des théories économiques : Galbraith, Milton Friedmann, etc. « Si on les lisait, explique-t-il, on verrait que n’y apparaissent pas des idées simplistes ou inapplicables. » « On », bien sûr, c’est Giscard. Ou même Chirac, avec lequel il a pris, chemin faisant, de la distance, même si Marie-France Garaud exerce toujours sur lui un charme inextinguible.
    Lui, est bien décidé, de son perchoir, et surtout en disposant de la petite structure du Contrat social, à faire des propositions pour remédier à

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