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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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dirigeants veulent maintenant, comme me l’a dit Juquin, maintenir la pression sur le PS. « À un niveau qui ne soit pas celui de la rupture, certes », me précise-t-il. Mais il sent bien que les choses entrent dans une phase conflictuelle.
    6 novembre
    Cette fois, c’est Philippe Herzog qui mène l’attaque contre Rocard. Contre Attali aussi, qui vient d’écrire un long article dans Le Quotidien de Paris . Il épargne Mitterrand, mais charge Rocard et son autogestion. L’offensive se décline avec rigueur et méticulosité. On ne touche pas au symbole de la gauche unie – Mitterrand – et, d’ailleurs, comment les communistes pourraient-ils, six mois après avoir fait voter pour lui, le dénigrer sans se déjuger ?
    Lequel Mitterrand est allé à Cuba juste avant la réunion du congrès communiste auquel Marchais l’avait invité. C’était politiquement habile, puisqu’il ne voulait pas aller lui-même au congrès communiste, de filer chez Castro avec André Rousselet, qui n’est pas le plus gauchiste de ses amis !
    C’est Rousselet qui me rapporte cette anecdote sur les conversations Castro-Mitterrand. Fidel a raconté à Mitterrand la principale difficulté à laquelle il s’était heurté : la mentalité des ouvriers, habitués à dénoncer les patrons capitalistes ou impérialistes, qui ontcontinué à dénoncer leur patron, même quand celui-ci est devenu l’État socialiste !
    7 novembre
    Gouyou-Beauchamps à l’Élysée . Il me décrit Giscard et quelques-unes de ses habitudes. Ses chiens, ce sont deux labradors, Réal, mère de Jugurtha, et un braque de Weimar. Depuis qu’ils sont en liberté dans le jardin de l’Élysée, ils ont une certaine tendance à retourner à l’état sauvage. Jugurtha a mordu le braque assez gravement, l’autre jour.
    Giscard n’aime pas paraître pris au dépourvu. Il veut rester maître de lui en toutes circonstances. Il n’a jamais un mot plus haut que l’autre et n’explose jamais devant ses collaborateurs. Il se débrouille pour protéger sa réflexion intérieure de toutes les agressions extérieures et il a une grande aptitude à échapper à son entourage, aux membres de son cabinet, pour imposer sa propre hiérarchie des urgences.
    Ce qu’il lit le matin : Le Figaro , L’Aurore , quelquefois Le Quotidien de Paris et naturellement France-Soir et Le Monde . Il feuillette les hebdomadaires, lit même Jours de France – pour les photos.
    Il n’y a pas de revue de presse à l’Élysée. Giscard n’en a pas besoin et d’ailleurs ne la lisait pas lorsqu’il était au ministère des Finances.
    Le matin, sur sa table de travail, il exige que soient disposés, à droite, les dossiers à lire. Dans la journée, les papiers, une fois qu’il les a parcourus, sont transférés de la droite de son bureau à sa gauche.
    Il écoute Europe 1, surtout Jean-François Kahn, le matin. Ce qui ne l’a pas empêché, il y a trois semaines, de répondre, lorsqu’un ministre lui a dit : « Il est insupportable, ce Kahn, avez-vous entendu ce qu’il a dit ce matin ?
    – Kahn, voyons, qui est-ce ? »
    Sous-entendu : ces choses-là ne m’intéressent pas. Ce n’est pas à moi de juger les journalistes.
    Là encore, simple attitude, réalité ?
    13 novembre
    Début de la réflexion sur l’avortement et préparation de la loi sur l’interruption volontaire de grossesse .
    Je trouve Giscard bien courageux, pour le coup. La majorité à dix-huit ans, c’était de la bibine par rapport à la reconnaissance du droit à l’avortement. Bien sûr, le texte était déjà sur le feu depuis la précédente législature, mais, justement, la majorité précédente avait jugé qu’il valait mieux ne pas continuer dans cette voie. La réforme passe donc avant tout par les mœurs, pour Giscard le libéral.
    Au journal, nous n’en attendions pas tant. Françoise Giroud non plus, qui continuait il y a peu à penser que l’avortement est toujours une blessure, qu’il vaut mieux éviter d’être enceinte plutôt que d’avorter. Mais, comme on sait, les femmes veulent – et pratiquent – les deux. Et ce sont souvent les plus démunies, matériellement et parfois intellectuellement, qui sont confrontées à la nécessité d’avorter.
    Je vois donc aujourd’hui Dominique Le Vert, directeur de cabinet de Simone Veil. Celle-ci a donc hérité du dossier. Elle s’y attendait, évidemment, mais cette mission ne lui avait pas été précisée par

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