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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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malheureux parce qu’il ne sait pas où il va. Il devine que, s’il le savait, ce serait pour découvrir qu’il va à la catastrophe. »
    Tout est dans le même style !
    « Pratiquement toutes les courbes nous conduisent à la catastrophe : les courbes démographiques, les réserves de pétrole, cellede l’alimentation. Sur le plan financier, on peut évaluer d’ici à 1980 le déficit des pays importateurs de pétrole à un ordre de grandeur de 3 000 milliards... »
    Pour un électrochoc, c’est un électrochoc !
    Il faut donc « être capable de gérer l’imprévisible ». Tu parles si c’est rassurant ! Il va néanmoins jusqu’à se contredire légèrement, en réponse à une question, en recommandant de ne pas exagérer les périls, puisque, dit-il, « l’exagération du péril est aussi la cause du péril »...
    Dans ce déclin généralisé du monde occidental, les voies qu’il ouvre sont la concertation entre les pays industrialisés et les pays producteurs de pétrole. De ce point de vue, il prône une conférence d’un nombre restreint de pays, onze ou douze, qui réunirait au début 1975 les pays exportateurs de pétrole avec les pays industriels et non industriels importateurs d’or noir.
    En politique extérieure, il annonce que, dans la perspective de la venue prochaine de Brejnev à Paris, de sa rencontre avec Gerald Ford et de la tenue du Sommet européen, il recevra toutes les personnalités de l’opposition et de la majorité. « Toutes sans exception », précise-t-il.
    On l’interroge sur la baisse de sa popularité moins de six mois après son élection. Lui qui ne quitte pas des yeux les courbes de sondages et chez qui les sondeurs ont pratiquement table ouverte, répond : « Les Français ont la chance de pouvoir être gouvernés par des hommes qui n’ont pas l’œil fixé sur le cadran de la popularité. J’exerce ma fonction pour servir les intérêts de la France, et pas ma popularité personnelle. »
    « Quelle politique pour mobiliser la population française face à ces catastrophes ? » demande Jean Ferniot. Réponse : « Pas de solution complète des problèmes en France sans solution internationale. Ce serait une vue paresseuse et, je dirais, sotte. »
    Reste que certains problèmes français demeurent à régler à l’intérieur de nos frontières. Il les énumère : « Il faut tout à la fois poursuivre la désinflation, soutenir l’emploi, poursuivre la croissance. »
    Une simple allusion, à la fin, au Premier ministre « qui est un excellent Premier ministre », et la conférence de presse s’achève sur l’annonce du débat sur l’interruption volontaire de grossesse. La réunion avec Chirac et Simone Veil doit avoir lieu demain matin. Ce sera ensuite le débat parlementaire, où chacun, nous dit-il, se prononcera « sans discipline de parti ».
    Début de conférence marqué par un catastrophisme absolu, fin débouchant sur une vision un peu plus sereine des choses.
    Qu’a-t-il voulu faire ? Pourquoi ? Je m’interroge sans vraiment comprendre ce qu’il cherche à susciter. Prise de conscience, certes, mais panique, sûrement pas. Alors ? A-t-il été plus loin qu’il ne le souhaitait, s’est-il laissé entraîner à décrire un monde apocalyptique ? N’a-t-il pas peur lui-même du monde qu’il découvre depuis qu’il est à l’Élysée ?
    Comment dire ? Un chef d’État qui décrit ce monde-là paraît forcément fragile face aux forces déchaînées de l’univers. Giscard est-il fragile ?
    24-27 octobre
    XXI e  congrès du Parti communiste à Vitry. Comme souvent, la scène se passe dans un gymnase. Celui-ci est de dimension raisonnable, assez grand pour abriter 1 260 délégués, mais pas assez pour paraître réfrigérant. À deux angles de la salle, deux lourdes drapures, l’une rouge, l’autre tricolore, tombent de la mâture du gymnase. Une tapisserie de Lurçat domine, sur une dizaine de mètres, la grande tribune tendue de gris où s’installe le bureau du congrès. Les orateurs sont appelés à gagner une plus petite tribune, rouge, celle-ci, frappée d’une faucille et d’un marteau blancs. Le parti, jusque dans son sens de la grandeur décorative, reste le parti.
    C’est Georges Marchais, bien sûr, qui présente le rapport du comité central. Il commence à 13 h 45 et termine, toujours dans la tradition, deux heures trois quarts plus tard, à 16 h 15.
    De ce discours-fleuve que

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