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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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Chirac dans les conversations préalables à son entrée au gouvernement.
    Assez rapidement, pourtant, le président a pris l’engagement de soumettre un texte sur l’avortement au Parlement.
    Simone Veil a reçu tout le monde : « Laissez-les vivre », association hostile à l’avortement ; « Choisir », favorable au contraire à l’interruption volontaire de grossesse. Dès le début, elle pensait souhaitable de changer la loi, de faire une loi applicable qui prenne en compte la véritable situation des femmes.
    Contrairement à ce qu’on pouvait penser, Lecanuet, dans le fond de son cœur, n’était pas remonté contre ce projet de loi, mais il a émis des réserves à cause de ses amis politiques, qu’ils savaient hostiles. Chirac, en revanche, se passerait bien, lui, de l’ouverture d’un tel débat. En réalité, il n’y a pas eu beaucoup de réticences au sein du gouvernement, parce que tous les ministres savent que Giscard y tient.
    La préoccupation majeure de Simone Veil : que la loi soit applicable en l’état, qu’elle ne soit pas faite de faux-semblants, qu’elle apparaisse comme à la fois dissuasive, humaine et protectrice des femmes.
    Le ministère de la Santé a fait procéder à un sondage, en octobre, justement pour connaître l’état d’esprit des Français et la façon dont ils – et surtout elles – envisageaient un tel projet de loi.
    Reste le débat à la Chambre : que fera Chirac ? Les parlementaires trouveront-ils, au cours de la discussion, l’occasion de manifester leur mauvaise humeur ?

    Serge Maffert, que je vois un peu plus tard, me confirme l’intuition de Le Vert ; Chirac aurait préféré un autre processus : l’ajout d’une disposition supprimant la loi de 1920, dans le texte déjà adopté sur la contraception, assorti d’un volet familial au printemps.
    Au deuxième Conseil des ministres, il me raconte que les ministres se sont prononcés pour l’autorisation de l’interruption jusqu’à la dixième semaine – pas la douzième. Ainsi qu’en faveur d’une loi probatoire pour cinq ans. Dans l’intervalle, l’Insee enquêtera sur les conséquences de cette loi sur la natalité.
    Ridicule à double titre : entre la douzième et la dixième semaine, il me semble qu’on peut tricher sans grand mal. Quant à l’enquête de l’Insee, c’est sous-entendre que les Françaises se mettront à se faire avorter à partir du moment où la loi sera promulguée. Comme si elles ne le faisaient pas déjà !
    13 novembre (suite)
    Conférence de presse de Simone Veil. C’est la première fois que je la vois dans l’exercice de ses fonctions. Françoise Giroud me l’avait décrite comme une sorte de déesse grecque, Minerve au port altier et aux yeux vert émeraude. Elle m’intimide beaucoup, mais c’est surtout sa façon de parler, simple, sans esbrouffe, parfois sans construction, qui m’intéresse. Cette femme ne parle pas comme les autres leaders politiques.
    Je connais son parcours, ses drames, la mort de sa mère et de sa sœur dans les camps de concentration. Je sais aussi que, magistrate, elle s’est retrouvée ministre de la Santé alors qu’elle aurait préféré être à la Justice. Pour débuter dans la carrière gouvernementale, elle n’a pas choisi le dossier le plus facile face à une majorité réformatrice, certes, mais dont la démocratie chrétienne est l’un des piliers. Avec le conservatisme comme allié.
    Elle ne paraît pas s’en inquiéter outre mesure. Cette femme est rassurante. On me dit qu’elle a parfois mauvais caractère et que ses collaborateurs sont soumis à dure épreuve. Ce n’est pas ce qu’exprimeDominique Le Vert : il est vrai qu’elle le porte en haute estime, et que c’est réciproque.
    Là, devant la presse, elle parle surtout de la nécessité de mettre fin à l’anarchie, au désordre juridique qui prévaut en la matière, ainsi qu’aux risques inacceptables pris par trop de femmes. La loi qui sera votée le sera pour cinq ans : Simone Veil s’abrite derrière cette disposition prise en Conseil des ministres en affirmant qu’elle a obtenu sur cette modalité une large majorité du Conseil.
    Bonne chute de son propos liminaire : « L’interruption volontaire de grossesse est un ultime recours. Ce n’est pas une règle morale, mais une solution plus humaine à celles qui vivent ce drame dans l’angoisse et la solitude. »
    Pas de disposition en faveur d’un remboursement par

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