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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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souviennent.
    « C’est la vraie raison de la déclaration de Pompidou à Rome en janvier 1969. Il n’aurait pas dit cette phrase : “Si le Général venait à se retirer, je me porterais candidat à sa succession”, s’il n’avait pas su dès ce moment-là que le Général allait faire un référendum ! »
    Et s’il n’avait pas espéré qu’il allait le perdre..., mais Marcellin ne va pas jusque-là !
    Nous revenons sur le référendum du 27 avril. Marcellin me raconte qu’en janvier il a demandé, à l’occasion d’un comité interministériel sur la région, le report de la consultation.
    « Ma voix, dit-il, est tombée dans le vide. J’étais furieux. »
    Selon lui, le Général était convaincu qu’il gagnerait jusqu’en février. C’est à ce moment qu’il a eu (du ministère de l’Intérieur ?) les premiers renseignements négatifs.
    Et là, Marcellin me raconte une scène dont je n’avais jamais su qu’elle avait eu lieu, entre le Général et lui. Je le cite intégralement :
    « Tricot m’a appelé en février. C’était un lundi, je crois, huit jours avant que le texte référendaire revienne en examen au Conseil des ministres extraordinaire après avis du Conseil d’État et après que de Gaulle eut annoncé le référendum à Quimper. Tricot me demande d’aller voir le Général le lendemain mardi, ce que je fais.
    « De Gaulle me demande ce que je pense du référendum. Je lui réponds qu’il me paraît dangereux ; que tous les renseignements concordent, qu’ils sont négatifs, et qu’il vaudrait mieux surseoir. Réaction du général de Gaulle (verbatim de Marcellin) : “Alors c’est un piège à cons ! Personne n’a le droit de se mettre dans un piège à cons !” »
    Marcellin lui fait alors une suggestion : « Remettez la pyramide sur sa base. Envisagez une réforme communale, cantonale et régionale. Vers 1972, vous aborderez la réforme du Sénat.
    « – Voyez cela, lui dit de Gaulle, apparemment ébranlé, préparez un texte pour le prochain Conseil des ministres.
    « Ce que je fais, poursuit Marcellin, en me disant : Ouf, on va s’en sortir ! Je convoque un membre de mon cabinet, un sous-préfet, je le charge de préparer le papier pour mettre un terme aux objections des élus locaux sur le référendum. J’ai le papier deux jours plus tard, je le peaufine. Arrive le Conseil des ministres. De Gaulle entre dans la salle du Conseil, va à son fauteuil et dit : “J’ai hésité, mais ma résolution est prise . Alea jacta est .”
    « Marcellin n’en croit pas ses oreilles. Il demande rendez-vous au Général après le Conseil. Celui-ci le reçoit et lui explique : “Ils sont tous venus me dire que le Général ne recule pas. J’ai eu tort de reculer l’année dernière.” Un temps. “Et puis, conclut le Général, quelle belle sortie !” »
    Marcellin demande alors à Couve si on peut néanmoins annoncer la date des élections des nouveaux sénateurs et des nouveaux conseillers généraux, histoire de calmer les peurs des élus locaux. Couve refuse.
    « D’après la réaction de Couve, tranche Marcellin, je suis certain que tous l’ont poussé à faire cette connerie. Ils l’ont fait sans calcul. Et de Gaulle n’a pas voulu reculer deux fois sur cette histoire de référendum. C’est comme cela que Pompidou est devenu président de la République ! »

    29 novembre 1978 (suite)
    Vu Roger Frey, chargé des relations avec le Parlement. Impeccable, de gris vêtu, cheveux gris, yeux d’un bleu délavé, voix douce, presque doucereuse. Il me raconte, lui, le départ du général de Gaulle à Baden-Baden en mai 68 : il a passé toute la matinée à Matignon, où se sont succédé Guichard, Chaban, Foccart.
    « Nous étions les uns et les autres dans un état inouï, raconte-t-il. Nous avons parlé avec Georges Pompidou de la situation et du référendum que voulait absolument le Général à l’époque. J’ai dit qu’aucun des problèmes qui se posaient ne serait résolu par référendum, qu’il fallait au contraire dissoudre l’Assemblée et faire des législatives.
    « Georges n’était pas réticent, mais il nous a dit que le Général ne changerait pas d’avis. »
    Le petit groupe des pompidoliens insiste. « Il faut, dit Frey à Pompidou, que vous mettiez toute votre autorité de Premier ministre dans la balance pour convaincre le Général que les élections législatives sont une meilleure solution que

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