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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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s’est instaurée ce matin, nous sommes tombés d’accord sur une certitude : en laissant entendre à Rome qu’il serait candidat, en le confirmant à Genève, Georges Pompidou a contribué à l’échec du référendum. Il a précipité le départ du Général. La gauche le voulait depuis longtemps. Le centre aussi (Lecanuet et Giscard). Et la droite, qui d’ailleurs ne l’a jamais beaucoup aimé, préfère Pompidou depuis 1968.

    29 avril
    Le roi est mort, vive le roi ! À peine de Gaulle parti, la machine présidentielle s’emballe. À 15 h 15, hier lundi, Alain Poher est arrivé à l’Élysée dans une voiture escortée de motocyclistes présidentiels. Il s’est installé avec contentement.
    Ce lundi-là, ceux qui se sont rendus boulevard Latour-Maubourg, dans les bureaux occupés par l’équipe Pompidou depuis moins d’un an, et mis à sa disposition par Raymond Marcellin, ont trouvé une effervescence extraordinaire. « Une ruche », dit Suffert, qui est celui de toute l’équipe de L’Express qui connaît le mieux Pompidou pour l’avoir souvent interviewé, à la télé et pour le journal.
    Naturellement, Pompidou est officiellement candidat aujourd’hui mardi. Sans surprise, puisque, depuis Rome et Genève, il a pris de court tout autre éventuel candidat gaulliste. Autour de lui, il a constitué, dès la nuit du référendum, une petite équipe de six personnes qui lui étaient restées fidèles après son départ de Matignon, l’année dernière 19 .
    Tout cela est parfaitement rodé : dès l’après-midi d’hier, Simone Servais a téléphoné à tout ce que Paris et la province comptent de journalistes pour annoncer que Pompidou serait officiellement candidat le lendemain. Pas de temps à perdre : la campagne sera courte, puisque les deux tours doivent avoir lieu avant le départ des Français en vacances, donc avant juillet.
    La dépêche annonçant officiellement sa candidature est tombée ce matin à 9 h 30. À partir de là, tout est allé très vite.
    Pompidou s’est présenté devant le groupe parlementaire UDR entre 10 et 11 heures. Il était, semble-t-il, très ému. Les barons du gaullisme, Debré, Chaban-Delmas, Frey, lui ont apporté leur appui : à l’exception de Michel Debré, sans doute, je me dis que beaucoup de ces « barons » ont fait leur choix en faveur de Pompidou depuis longtemps – depuis 1965 pour certains d’entre eux, lorsque Pompidou a alors pensé un moment se présenter.
    Dans l’après-midi, réunion du groupe parlementaire : beaucoup d’émotion, certes, et aussi un grand soulagement ! Robert-André Vivien 20 m’en fait succinctement le récit : tout de suite après qu’ils ont voté un télégramme de condoléances au général de Gaulle, ils ont fortement applaudi Georges Pompidou. Couve lui-même, arrivé au milieu du discours que Pompidou tenait aux députés gaullistes, a mis son ralliement dans la corbeille du marié.
    Puis tout s’est enchaîné : visite de Pompidou aux députés républicains indépendants, bureau exécutif de l’UDR rue de Lille : aux uns, il a parlé de participation ; aux autres, de la permanence des institutions de la V e  République. Aux giscardiens, il a parlé de la nécessité d’aller plus loin vers l’Europe.
    C’est une chance que beaucoup de choses se passent au Palais-Bourbon. Nous naviguons d’un groupe à l’autre sans avoir le temps de souffler. L’agitation à l’Assemblée était étourdissante : personne n’était avare de confidences. Je note à toute allure une des plus importantes. Poniatowski, en pleine réunion avec les députés giscardiens, a demandé à Pompidou quelle place il allait réserver, dans le prochain gouvernement, à Giscard. Pompidou a pris sa respiration et a répondu d’une phrase assez carrée qu’il serait « indécent » à ses yeux de « faire des promesses devant l’intéressé ».
    Il sait bien, et Giscard aussi, que l’occasion offerte aux giscardiens de se rallier aujourd’hui est trop belle. Pas besoin de promettre puisque Giscard a besoin de Pompidou.

    Pendant ce temps-là, dans une salle de réunion à côté de celle où Pompidou parle aux députés gaullistes, Defferre fait lui aussi acte de candidature à gauche. J’y reviendrai : il doit m’accorder un entretien, mercredi 30.

    30 avril
    Paul-Marie de la Gorce me raconte la réunion qui a eu lieu avant-hier soir, lundi 28, chez Roger Stéphane : il y avait là Louis

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