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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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avec de Gaulle, le jeudi 16 avril. Autour du Général et de madame de Gaulle, outre Yves et Oriane Guéna, il y avait là Maurice Schumann, Jacques Foccart et Bernard Tricot. Le déjeuner était très triste. Émouvant même, parce que de Gaulle, qui parlait peu à table, a commencé par parler des fleurs qui décoraient la nappe. Puis la conversation a dévié sur la politique. « Bof, a-t-il lâché à un moment donné, on verra... »
    Puis il a évoqué la visite du président indien, prévue pour après le 27 avril : « Nous l’amènerons à l’Opéra et il faudra prendre l’ascenseur, car il a des problèmes de cœur. Nous verrons, si nous sommes toujours là... »

    23 novembre 1978
    Jacques Chirac, que je rencontre à l’Hôtel de Ville, évoque à ma demande le départ de Georges Pompidou du gouvernement, en 1968. Il avoue honnêtement n’avoir vu les choses que du côté de Pompidou. Celui-ci, il en convient, avait voulu quitter le gouvernement et avait à trois reprises demandé au général de Gaulle d’être déchargé de ses fonctions. Le Général l’a finalement pris au mot : il a consulté Couve, et Georges Pompidou a compris, à ce moment seulement, que le Général avait accepté sa proposition, c’est-à-dire sa démission. Du coup, il a brutalement eu envie de rester à Matignon et il a fait savoir au Général qu’il accepterait de rester à son poste. Trop tard : le Général lui a répondu qu’il avait pris la décision de nommer Couve de Murville. Pompidou n’avait aucune hostilité envers Couve, puisque c’est lui qui l’avait nommé aux Finances en disant à ses proches, dont lui, Chirac, qu’il pouvait être appelé plus tard à Matignon.
    À peine nommé, Couve de Murville fait appeler Jacques Chirac. Celui-ci se prépare, me dit-il, à lui faire savoir qu’il ne restera pas au gouvernement. Mais Georges Pompidou, consulté, lui demande au contraire d’y rester : « J’ai besoin, lui explique-t-il, de quelqu’un de confiance au gouvernement. » Voilà donc Chirac au gouvernement, resté, dit-il, « avec les meubles » comme secrétaire d’État au Budget.
    Georges Pompidou s’installe alors boulevard Latour-Maubourg, où Chirac passe tous les jours. Au début, il y avait un monde fou. Au bout de trois mois, plus personne. C’est effectivement Georges Pompidou qui a imposé à Couve, l’« angélique » – comme dit Jeanneney – François-Xavier Ortoli aux Finances : « J’ai besoin d’hommes », a-t-il dit à Chirac.
    En revanche, il conteste le rôle que lui prête Jeanneney dans la dévaluation : « Je n’en ai même pas parlé à Pompidou, de cette histoire de dévaluation, m’assure-t-il. Il ne m’a en aucune façon dicté ma position ! »
    Chirac en flagrant délit de mensonge ? Qui peut croire qu’il n’en ait pas parlé à celui auquel il rendait visite tous les jours ?

    24 novembre 1978
    Notre conversation a tellement remué les souvenirs de Guéna qu’il me donne quelques phrases dont il a pris note au cours des derniers Conseils des ministres. Je les reproduis ici :

    Le 2 avril 1969 . Le général de Gaulle, revenant donc de l’enterrement d’Eisenhower, prend la parole :
    « Il est vrai, dit-il, qu’en ce moment notre action diplomatique est efficace et bonne. Je m’en suis aperçu pas plus tard qu’hier à Washington où, au milieu des envoyés du monde entier, la France jouit d’une considération évidente. Ce sera confirmé si le référendum est favorable ; sinon, tout serait perdu, puisque le président de la République se retirerait. Cette consultation a donc la plus grande importance au moment où la politique étrangère joue dans notre destin un rôle plus important que j’aurai dans notre histoire. »

    Le 10 avril . Le général de Gaulle, toujours : « On va donc entrer en campagne pour le référendum. Je vais tâcher de m’expliquer ce soir à la télévision, de la façon la plus claire possible, sur tous les sujets que soulève le projet de loi. Et également sur le point où nous en sommes de la participation. Et puis aussi sur ce qui me concerne personnellement. Alors la campagne va prendre une allure nouvelle. C’est la question du régime qui va se poser, comme toujours, et c’est ce qui échauffera tous les esprits. »

    Dernier Conseil du 23 avril 1969  : « En principe, à mercredi prochain,dit le Général. Peut-être, s’il n’en était pas ainsi, un chapitre de

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