Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
Vom Netzwerk:
Joxe, Jean Charbonnel, gaullistes de gauche, en même temps que des partisans inconditionnels d’Edgar Faure, dont Paul Granet et Roger Stéphane lui-même. Les uns et les autres sont bien obligés de prendre acte de la candidature de Georges Pompidou, mais ils veulent que celui-ci fasse une place importante à Edgar Faure. Celui-ci, informé, leur dit qu’il n’a aucune chance auprès de Pompidou. Qu’importe : les conjurés conviennent que Jean Charbonnel ira demander le lendemain à Pompidou l’engagement de nommer Edgar à Matignon.
    L’opération fera chou blanc, selon Paul-Marie de la Gorce.

    J’ai ensuite rendez-vous avec Gaston Defferre, dont la candidature vient d’être acceptée par le comité directeur du Parti socialiste sous condition qu’elle soit homologuée par un congrès spécial, le 4 mai. Je ne suis pas étonnée que François Mitterrand, cette fois, ait choisi de ne pas se présenter. Je l’étais beaucoup plus, au contraire, quand il m’avait annoncé il y a quelques jours qu’il allait se rendre dans cinquante villes de France. Aucune condition n’est réunie pour qu’il se présente : pas d’union de la gauche, des relations difficiles avec Guy Mollet, la FGDS en miettes. De toute façon, en dehors de ses amis conventionnels, personne à gauche ne lui a demandé quelles étaient ses intentions. Il a sûrement la rage au cœur aujourd’hui, mais il passera son tour, contraint et forcé.
    Donc, cela ne m’étonne pas.
    Pourquoi Defferre, c’est la question. Il m’a expliqué aujourd’hui sa détermination, mais il se fait tard, j’y reviendrai demain.

    Aujourd’hui en fin de journée, le premier soutien annoncé à Georges Pompidou est celui de Giscard d’Estaing, qui lui a, dans l’après-midi, à la tête d’une petite cohorte, rendu visite boulevard de Latour-Maubourg. Il vient d’annoncer à la télévision, à 20 heures, qu’entre Pinay, Poher et lui-même, dont il exclut qu’il se présente cette fois-ci, il choisit un troisième P, Pompidou.

    1 er  mai
    Je reviens donc sur ce que m’a dit Gaston Defferre hier. Brièvement, car la conversation, à laquelle assistait Jean-Jacques Servan-Schreiber, a été longue. Il me raconte tout ce qu’il a fait pour en arriver là. Je découvre qu’il n’a cessé de penser à sa candidature à la présidence de la République depuis son échec à la tête de la Grande Fédération, à l’été 1965, et alors même que, plus tard, il soutenait Mitterrand dans la course présidentielle. Jean-Jacques aussi, apparemment, qui l’a toujours entretenu dans cet espoir.
    Au début de tout le processus qui a conduit à sa désignation, une rencontre avec Pierre Mendès France, en janvier, autour de Jean Riboud 21 . En février, Gaston Defferre est allé rejoindre PMF à Megève, où il s’était isolé pour écrire un livre. Defferre voulait demander à Mendès s’il serait candidat au cas où de Gaulle abrégerait son mandat. Mendès lui a répondu qu’il ne le souhaitait pas. En retour, il a proposé à Gaston Defferre de risquer l’aventure. Voilà pour les préludes.
    Le 28 avril, Defferre débarque à Orly, venant de Marseille. Il se rend au bureau politique du Parti socialiste. À ce moment-là, me dit-il, il hésite encore. Ce qui le décide, c’est l’attitude de Guy Mollet, dont il comprend assez vite qu’il veut désigner un vieux de la vieille, Christian Pineau 22 , tombé dans l’oubli depuis 1958. Pourquoi Pineau ? Parce que les communistes le trouvent trop européen et lui sont hostiles. C’est donc aux yeux de Guy Mollet l’homme qu’il faut pour barrer la route à une candidature d’union de la gauche dont il ne veut pas.
    J’en profite pour dire que je ne comprends rien à Guy Mollet : tantôt il veut l’alliance avec les communistes, tantôt il leur crache dessus sans fournir la moindre explication. J’espère qu’il a une ligne politique, mais je ne vois pas laquelle ! Passons.
    Pas plus que Mollet, Defferre ne veut d’une candidature unique de la gauche (de peur que Mitterrand reste, dans ce cas, le candidat idéal). Le lundi, il laisse entendre qu’il peut être candidat à la place de Christian Pineau.
    Cela ne déplaît pas à Pierre Mauroy, qui y voit le moyen de remettre Guy Mollet à sa place et d’empêcher la candidature de Pineau.
    Mardi, tous les députés socialistes viennent supplier Gaston Defferre, qui est aussi le président du groupe socialiste à

Weitere Kostenlose Bücher