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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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l’Assemblée nationale, de se présenter. Maurice Faure l’appelle, l’assure de son soutien. À 15 heures, pendant que Pompidou s’adresse aux députés gaullistes, Defferre assiste à la réunion du groupe parlementaire de l’ancienne FGDS, laquelle formation n’existe plus en tant que telle, sauf à l’Assemblée. Mitterrand, isolé dans un coin, ne dit pas un mot.
    La suite à demain : il faut que je mette ces notes en ordre pour écrire mon papier.

    2 mai
    Les dates des élections sont connues après la tenue du premier Conseil des ministres présidé par Poher : ce sera le 1 er et le 14 juin. La campagne commence officiellement six semaines avant. Le délai est donc très court.

    Je reprends l’histoire de la candidature Defferre. Le mardi après-midi, en réponse à une question d’Arthur Notebart 23  : « Parlons de choses sérieuses, es-tu candidat ? », Gaston Defferre répond qu’il l’est en effet, si le Parti socialiste le veut.
    À ce moment, Guy Mollet est coincé : il avait prévu Christian Pineau pour contrer Mitterrand. Gaston Defferre l’a pris de court, et le vieux Mollet n’aime pas cela. D’un autre côté, Gaston Defferreétrangle aussi toute initiative de Mitterrand et d’union de la gauche. « Va donc pour Defferre ! Voilà ce qu’il a pensé », résume pour moi Defferre lui-même.
    Donc, pas d’union, protestations de la Convention des institutions républicaines auprès de Guy Mollet, qui a laissé ses représentants dire sans rien faire, mise en cause du prochain congrès du Parti socialiste que Mollet a convoqué pour le 4 sans en parler aux conventionnels, et sans aucun doute confirmation de la candidature de Defferre dimanche prochain.
    Pour charger la barque de la désunion à gauche, Michel Rocard, pour le PSU, a déposé sa candidature hier jeudi. Quant aux communistes, ils ont appris la candidature de Gaston Defferre par voie de presse. Waldeck a écouté Defferre dire qu’il ne négocierait avec personne. Il a envoyé deux lettres à Guy Mollet, qui lui a répondu par une fin de non-recevoir. Il aura donc son candidat au moment qu’il jugera opportun. De tout cela Defferre se fiche comme de sa première chemise : il est tout heureux que l’Histoire lui donne une deuxième fois la chance de démontrer que l’union de la gauche n’était pas le bon chemin.

    3 mai
    À noter que, toute la semaine, Poher a hésité. Il doit être si content de se retrouver à l’Élysée, tellement heureux du chemin (inattendu) parcouru par lui depuis Ablon ! Il paraît que son salon ne désemplit pas : Jean Lecanuet 24 et Pierre Abelin lui ont demandé d’être candidat dès le 27 avril au soir. Jacques Duhamel 25 lui a dit au contraire le lendemain qu’il était urgent d’attendre. L’intérim, dit-il, l’occupe entièrement. On veut bien le croire. D’autant que, entre les ministres et lui, les choses se compliquent.
    Le premier Conseil des ministres, qui s’est tenu hier, 2 mai, un vendredi exceptionnellement, a été le théâtre d’un affrontement entre Alain Poher et Michel Debré, dont on n’aurait rien su si Debré n’avait pas, en sortant, rendu public le texte qu’il y avait prononcé. « Dimanche, à la face du monde, la France a connu la défaite ! » :une phrase dite, presque criée à l’oreille du président par intérim – c’est ainsi que Michel Debré a conclu son intervention en Conseil après avoir exprimé sa stupéfaction devant le fait que les Français aient rejeté « l’artisan de leur libération, le restaurateur de leur indépendance ».
    Peut-être Michel Debré a-t-il dit cela, en ces lieux, pour déstabiliser le président par intérim. Mais celui-ci, habitué des échanges d’assemblée, s’en est, paraît-il, pas mal sorti. C’est ce que nous disent un ou deux ministres plus bavards que les autres.

    5 mai
    Les communistes n’ont pas attendu longtemps. Leur candidat sera Jacques Duclos. L’annonce nous en a été faite dans une salle de la rue Lafayette, à quelques pas du siège de la fédération communiste de Paris. Dans sa première déclaration, le dirigeant communiste déclare accepter l’honneur qui lui est fait, mais trouve une phrase pour dire qu’il aurait de loin préféré voir désigner un candidat unique de la gauche.
    Il n’est pas de prime jeunesse, évidemment. Son apparence physique ne plaide pas en sa faveur. Et, vieux stalinien s’il en est, il est loin d’incarner le

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