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Cahiers secrets de la Ve République: 1977-1986

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1977-1986 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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ont été changés par la direction du Parti. Que les cellules à forte concentration d'oppositionnels ont été dédoublées.
    Pis : l'élimination de fait d'Henri Fiszbin, patron de la fédération de Paris, malade, et son remplacement par l'orthodoxe Henri Malberg, ont sonné le glas de bien des espérances. Celle-ci notamment : Fiszbin avait promis à Jean Elleinstein qu'il le désignerait comme représentant de la fédé de Paris au XXIII e  Congrès. Malberg n'a évidemment pas tenu la promesse de Fiszbin.
    Par parenthèse, le plus extraordinaire, dans cette histoire de la mise à l'écart de Fiszbin, est que Malberg est son beau-frère, son cousin, ou du moins un homme familialement proche de lui : comme dans les mauvais procès de Moscou, le PC a choisi comme procureur, pour écarter Fiszbin, son meilleur ami ! Moche, moche...
    Les orateurs dénoncent la répression dont ils font l'objet et s'organisent pour publier, dans un livre blanc, le contenu de toutes les tribunes de discussion, et non pas la sélection précautionneuse qui en est faite pour publication dans ses colonnes par L'Humanité . Ils veulent, comme le dit l'un d'eux, « entamer une longue marche », revoir la doctrine, refonder les statuts ; ils contestent le « bilan globalement positif » des pays de l'Est.

    14 mars
    Session extraordinaire du Parlement. En entrant dans la salle des Quatre-Colonnes, je rencontre Michel Rocard. Sa tournée à travers la France se passe bien. Il pense arriver en deuxième position au congrès, mais ne croit pas – je le cite exactement – que « Pierre Mauroy en profitera pour le laisser tomber ». La confiance règne ! Ou l'humour ?
    Pour le reste, cette session extraordinaire qu'il avait si brutalement demandée est loin d'être, pour Jacques Chirac, un triomphe. Pour deux raisons : d'abord parce qu'en s'engouffrant dans la proposition de Chirac, communistes et socialistes en ont profité pour déposer une motion de censure. Du coup, le débat, qui devait être interne à la majorité, est devenu un débat classique opposition/majorité, avec obligation pour le RPR de voter avec les giscardiens ou de censurer le gouvernement dans lequel figure un certain nombre de ses membres. Irrité par la tournure prise par les événements, Claude Labbé a publié en début de séance un communiqué furieux où il dénonçait les manœuvres de l'opposition comme si elle avait volé l'initiative de Jacques Chirac. C'est tout à fait vrai, mais celui-ci aurait pu le prévoir en se lançant unilatéralement dans la bagarre !
    Du coup, lorsque Raymond Barre, monté à la tribune, répond à François Mitterrand, ni Jacques Chirac ni Michel Debré ne sont présents dans l'hémicycle. Ce qui souligne l'absurdité de cette réunion du Parlement : qui a voulu quoi, et pourquoi ? Personne ne peut plus le dire à coup sûr.
    Barre, en tout cas, me semble pour la première fois plus habile, plus rond, s'adressant au Parlement sans avoir l'air de le mépriser. Bref, il me semble plus enrobé. Ce qui ne l'empêche pas de souligner, sans en avoir l'air, ce qui, dans les difficultés de la politique économique actuelle de la France, est de la responsabilité de Jacques Chirac, son prédécesseur. On imagine la jubilation qui est la sienne lorsqu'il évoque la baisse de la production industrielle de 1974 à 1976, celle des investissements, alors que, depuis 1976, tout va mieux selon lui.
    Il est relativement aimable, en revanche, avec François Mitterrand, lorsque celui-ci l'interrompt – avec sa permission – pour signaler que le PS n'est pas hostile à la compétitivité de l'industrie. Il y a quelques semaines, quelques jours peut-être, Raymond Barre aurait admonesté son interrupteur. Il n'en fait rien, comme s'il préférait, à tout prendre, s'adresser à Mitterrand qu'à Chirac.
    Suit un débat haché et contradictoire. Le piège dans lequel Chirac a pensé enfermer Giscard se retourne contre lui.

    22 mars
    Michel Debré, vu avant-hier, me parle des rapports de Chirac avec son entourage actuel ; ce qu'il m'en dit – de Pierre Juillet, surtout – m'ahurit. Lorsque Juillet clôt avec Debré la discussion sur la composition de la liste RPR pour les européennes de juin prochain, Michel Debré, comme il est naturel, demande, afin d'entériner les accords, à rencontrer Jacques Chirac. Pierre Juillet lui paraît tout à coup très réticent. Puis il se décide : « C'est bon, dit-il, vous le

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