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Cahiers secrets de la Ve République: 1977-1986

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1977-1986 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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début. C'est davantage dans la façon dont il le dit, encore que je me demande, lorsque je le vois, de loin, ruisselant de sueur, trop mécanique, bras écartés, si la douleur n'explique pas son extrême tension.
    Rien de nouveau non plus dans ce qui est devenu, depuis l'appel de Cochin, son discours favori sur le RPR, enfant de Jeanne d'Arc et de Valmy.
    Pas de surprise, enfin, dans la façon dont les militants gaullistes accueillent son discours : le slogan : « Giscard démission ! » traverse la salle.
    La routine, en somme. Mais comment parler encore de majorité ?

    3 avril
    Ce matin, messe pour l'anniversaire de la mort de Georges Pompidou à Saint-Louis-en-l'Île. Giscard et Chirac ne s'adressent pas la parole.

    Dîner avec Marie-France Garaud, ce soir, chez elle, dans le XVII e  arrondissement de Paris : immeuble bourgeois dans la rue Marguerite, salon-salle à manger ultra-classique. Plutôt sympathique, un petit genre anglais bon ton et confortable.
    À l'instar de Simone Veil, je n'imagine pas ce que serait cette très belle femme si elle n'était pas coiffée en toutes circonstances d'un impeccable chignon. Que serait-elle, décoiffée ? Je ne le saurai jamais et je ne suis pas sûre que beaucoup de gens – à part quelques hommes, je l'espère – le sachent. Une sorte de déesse de l'Olympe tonnante, Diane ou Junon, faisant et défaisant les fortunes des uns et des autres : c'est l'effet qu'elle me fait. Je suppose que son humour glacé, la distance spontanée qu'elle installe entre les autres et elle-même, son port altier contribuent beaucoup à l'influence qu'elle exerce. Et à l'indignation qu'elle suscite parfois !
    Elle parle de Giscard. L'ambition ultime de celui-ci, à ses yeux, son dessein historique est de passer d'une France française à une France européenne. Dans ce contexte, l'élection européenne lui paraît primordiale.
    Pourtant, il a fait selon elle trois erreurs : d'abord, celle de croire qu'il pouvait entraîner une partie des gaullistes sur ce terrain. Puis celle de croire que la volonté européenne serait plus forte, au Parti socialiste, que la volonté politique de le battre à la prochaine présidentielle. Giscard pensait pouvoir cimenter une nouvelle alliance avec les socialistes autour de la construction européenne. Mitterrand n'a pas marché. Troisième erreur, enfin : celle de croire que le Parti communiste amorçait un déclin historique. Peut-être bien, mais cela prendra beaucoup de temps.
    Après les européennes, il lui faudra tout de même se faire réélire. Avec qui ? Justement, répond Marie-France Garaud, Giscard pensait qu'au-delà de l'Europe, il pourrait poser autrement son équation politique, créer une majorité avec l'UDF, les socialistes et une partie des gaullistes. « Donc, conclut-elle, un tantinet sibylline, il faut pousser Giscard à faire sien, au contraire, le calcul de Chirac : préférer la force à l'habileté. »
    Je lui demande si j'ai bien compris que « la force », c'est la majorité actuelle, celle qui existe, même malmenée, avec le RPR, préférable à une majorité virtuelle avec le PS ? Oui, j'ai bien compris. D'ailleurs, d'après ce que m'a dit Pierre Hunt à la fin mars, Giscard a renoncé – ou est en train de renoncer – à rechercher cette nouvelle majorité.
    Mais comment faire pression sur Giscard ? Une seule façon (elle ne prononce pas le mot, mais c'est ce qu'elle veut dire) : « Exercer sur lui un chantage politique majeur. »
    Lequel ? J'extrapole, mais c'est la seule interprétation possible de ce qu'elle vient évidemment de dire : Chirac doit clairement faire planer la menace de se présenter à l'élection de 1981.
    Sur le reste, elle pense que Raymond Barre ne devrait pas apparaître comme le supporter de la liste UDF aux élections européennes, que le calcul de Giscard est précisément de lui refiler ce bébé encombrant : l'Europe et l'économie.
    Je lui demande quelle est sa position sur le « tourniquet 18  » tel qu'il a été défini pour les futurs élus aux européennes. Elle trouve que c'est une très bonne idée : « C'est une bonne façon de faire pour que le n o  45 de la liste réunisse autant de voix que le n o  10. Le représentant des marchands de cochons, résume-t-elle, en n o  40, est plus efficace si on sait qu'à un moment donné il peut siéger au Parlement européen. » En effet !
    Lorsqu'on l'interroge en revanche sur sa philosophie de la

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