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Cahiers secrets de la Ve République: 1977-1986

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1977-1986 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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besoin du relais Lecanuet.
    Et puis, montant dans ma voiture parce qu'il m'a demandé de le déposer sur mon chemin, boulevard Saint-Germain, il lâche à brûle-pourpoint, sans doute parce qu'il pense encore à la réponse de Giscard sur Arafat, cette phrase qui, sur le fond comme dans la forme, me laisse sans voix : « Les Juifs, plus les pieds-noirs qui, pour d'obscures raisons, sont le plus souvent juifs et en tout cas toujours anti-arabes, ça nous fait un pacson d'un million de voix dans la gueule ! »

    11 avril
    La participation est à nouveau à l'ordre du jour. Le débat est inscrit à l'ordre du jour de l'Assemblée nationale la semaine prochaine, et Raymond Barre a rencontré hier tous les groupes parlementaires pour leur en parler.
    Cette participation, depuis les années 1960, c'est l'Arlésienne de la politique : on en parle toujours et on ne la voit jamais. Pour de Gaulle, elle était un moyen d'abattre le mur séparant le capitalisme du monde du travail. Je me rappelle, quoi qu'on dise aujourd'hui, que cette participation gaulliste apparaissait à Georges Pompidou, en ces années-là, comme une aimable utopie qu'il n'a reprise que vers la fin de son mandat, lorsque l'intéressement a été mis en œuvre dans les banques et les compagnies d'assurances.
    Aujourd'hui, en ces temps où l'on nous assure que les profits diminuent, que la crise étrangle le petit et le grand capital, où la production s'essouffle, quelle va être cette nouvelle participation à la Giscard ? « Rendre les Français propriétaires de la France », c'est ce que veut le Président, qui l'avait annoncé le 24 février dernier.
    Pas d'ambition de bouleverser les rapports sociaux là-dedans. Simplement – et après tout ça n'est pas rien –, chercher par la distribution de 3 % du capital social la fameuse « troisième voie » chère au Général.
    Le RPR est bien obligé de suivre Giscard sur ce terrain. C'est toujours bon à prendre pour Giscard, à un moment où Chirac lui rend la vie difficile. Chausser les bottes du Général, prendre les électeurs gaullistes à revers, c'est de bonne guerre. Mais c'est la guerre.

    15 avril
    Déjeuner rue de Lille avec Fernand Icart, député UDF des Alpes-Maritimes, que je connais depuis longtemps. Je lui demande comment il avait été désigné, contre toute attente, en 1973, président de la commission des finances de l'Assemblée nationale : « C'est tout simple. Au détour d'un couloir de l'Assemblée, j'ai rencontré Raymond Marcelin et lui ai dit que ce poste allait être confié, dès le début de l'après-midi, à Jean de Broglie 25 . Marcelin s'est indigné à l'idée que Broglie puisse être à la tête de la commission des finances. Sur le moment, je n'avais pas compris pourquoi, et je ne sais toujours pas le fin mot de l'affaire, mais je sais simplement qu'il a parlé en grand secret à Ponia, que celui-ci en a parlé à Giscard, et qu'ils ont décidé de me nommer à sa place. »
    Quel secret détenait donc Marcelin à l'époque ?

    15 avril, suite
    Henri Fiszbin est venu sonner à ma porte. Étonnant, attristant : jusqu'où peut-il aller, jusqu'à quand tiendra-t-il ? Quelle cassure en lui, et aussi quelle ténacité ! L'idée que des gens comme cela, de cette qualité, de cette classe (difficilement acquise, car, après tout, il ne s'est pas seulement donné la peine de naître !) puissent déboucher sur le néant est plus que consternant : tragique. Le néant, c'est-à-dire les portes qui se ferment, les amis qui se détournent, les camarades qui regardent ailleurs ou changent de trottoir quand vous passez ! Quelles valeurs perdues, quel gâchis, quelle tristesse !
    Il cite les vers de Maïakovski :
    Si je ne brûle pas,
    Si tu ne brûles pas,
    Si nous ne brûlons pas,
    Comment transformerons-nous les ténèbres en lumière ?
    Je reviens, avec lui, sur sa pitoyable aventure. Il était donc à la tête de la fédération parisienne du PC, il a depuis 1978 démissionné de toutes ses fonctions à l'intérieur du Parti : fédération de Paris, comité central, présidence du groupe communiste au conseil de Paris.
    Pourtant, sa carrière au sein du Parti a été longtemps exemplaire 26 , de même que sa montée vers les sommets : député du XIX e , premier fédéral de Paris.
    À l'origine de son conflit avec Marchais et la direction, la rupture de septembre 1977 entre communistes et socialistes : Fiszbin insiste pour que la presse du

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