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Cahiers secrets de la Ve République: 1977-1986

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1977-1986 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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ourdi contre le Parti communiste français, il n'y a qu'un pas qu'il franchit évidemment. Selon lui, dans un premier temps, il y a eu la polémique autour de son travail volontaire ou forcé en Allemagne :
    « Je produirai, dit-il, d'autres documents prouvant que je suis victime de la déportation du travail. » Et il rappelle que la justice a fait fi des accusations dont Auguste Lecœur et Minute s'étaient fait l'écho dans un passé récent.
    Dans un second temps, on essaie de le faire passer pour un « agent de Moscou ».
    « Infamie que tout cela ! proteste-t-il avec véhémence. Les journaux viennent d'élargir la calomnie en consacrant leurs articles à mon probable séjour à l'école de Moscou entre 1954 et 1955. Il s'agit d'un énorme bobard ! »
    Conclusion : nous assistons à un complot policier en vue de l'élection présidentielle de 1981. « Car, appuie-t-il, les auteurs et les inspirateurs de cette opération craignent la candidature communiste. Je vous le dis : le candidat du Parti communiste pourra se présenter la tête haute pour exposer la politique de son parti. Ce ne sera pas le cas des autres candidats ! »
    Impavide, avec ce culot que chacun, communiste ou pas, lui reconnaît, et pensant sans doute, comme d'autres, que la meilleure défense c'est l'attaque, il énumère tous les candidats potentiels de 1981. Giscard ? « Vous voyez aujourd'hui les résultats : 2 millions de chômeurs, la pauvreté, l'inflation, l'alignement sur la politique de Washington ! » Jacques Chirac ? « Comment va-t-il se présenter alors qu'il a assuré, comme Premier ministre, la mise en œuvre de la politique giscardienne ? Lui aussi, on comprend qu'il redoute une candidature communiste. Et voilà pourquoi cette opération politicienne contre le mouvement ouvrier menée par la vieille droite haineuse et versaillaise ! »
    François Mitterrand ne perd rien pour attendre : « Nous aurions pu gagner les législatives de 1978 : quelle responsabilité Mitterrand a-t-il prise en rejetant le Programme commun pour lequel nous nous étions battus depuis vingt ans 24  ! Comme on comprend qu'il ait aujourd'hui le plus grand mal à se débattre dans l'impasse où sa politique enfonce chaque jour plus profondément son parti ! »
    Tout le monde en prend pour son grade, donc. Ce qui, paradoxalement, enlève beaucoup de leur force aux vociférations de Georges Marchais. D'abord parce qu'en dépit de ses affirmations, il n'apporte toujours pas de démenti sérieux sur sa présence en Allemagne en 1945. Peut-être n'était-il pas à Moscou en 1954, puisqu'il produit les preuves de sa présence en France. Mais pour ce qui concerne 1943-1945, il se contente de dire qu'il apportera bientôt les éléments nécessaires. Mais on les attend toujours, aujourd'hui, en l'écoutant dans cette salle de la mairie d'Ivry où le spectacle d'un Marchais très en colère fait recette.
    Le torrent de ses propos s'achève en charriant pêle-mêle l'hypocrisie des ennemis du communisme, l'action répugnante de la bande des trois (Giscard-Chirac-Mitterrand) qui cherche à exploiter la situation, en même temps que l'ensemble de la classe politique qui ferait bien de balayer devant sa porte en réfléchissant à son propre comportement pendant la Deuxième Guerre mondiale, pendant les guerres de décolonisation, sans oublier les diamants de Bokassa !
    Après ces affirmations proférées presque à tue-tête, il se radoucit d'un coup : « Ces agressions éhontées ne font que nous renforcer dans la solidarité. Voilà pourquoi je me sens plus combatif, plus serein, plus déterminé que jamais à retrouver les comploteurs ! »
    Lorsqu'il s'arrête, un silence se fait : nous sommes tous abasourdis par cette tirade qui a duré de longues minutes, encore que je ne les aie pas chronométrées.
    Puis l'un de nous, Richard Arzt, de RTL, risque : « Qu'avez-vous contre Mitterrand ? »
    La réponse fuse : « Tous les hommes politiques, lui surtout, doivent répondre de leur attitude pendant la Deuxième Guerre et pendant la guerre d'Algérie. J'ai des faits précis sur le comportement de certains hommes pendant cette période. J'ai aussi des idées sur leurs revenus et leurs patrimoines. »
    Mitterrand entre Vichy et Paris à son retour de captivité ? Mitterrand disant en 1954 : « L'Algérie c'est la France ! » Est-ce cela à quoi Marchais fait allusion ?
    Il nous plante là sur une dernière phrase :

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