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Cahiers secrets de la Ve République: 1977-1986

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1977-1986 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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un an de l'élection présidentielle, Giscard vient de faire (on n'est jamais si bien servi que par soi-même) le bilan de son septennat. C'est la première fois, je pense, qu'un président de la V e  République, et peut-être des républiques précédentes, donne lui-même une note à son action.
    Pas mal : 15/20, puisqu'il convient qu'il a fait les trois quarts de ce qu'il voulait faire !
    Et les blocages de la société française sont les grands responsables de ce qu'il n'ait pas pu aller plus loin dans le sens de la réforme : conservatisme des uns (« agrippés, dit-il, au radeau de la Méduse »), désir médiocre de revanche des autres.
    Il en profite pour formuler quelques jugements sur la vie politique française dont il trouve apparemment qu'elle ne va pas aussi bien que lui. Il déplore par exemple la réactivation des partis politiques et des pressions qu'ils exercent. D'où son affirmation qu'un mandat présidentiel de sept ans est nécessaire, justement pour que le Président soit au-dessus des partis : le quinquennat serait, pour lui, totalement inacceptable.
    Quant à la politique extérieure, elle ne lui paraît pas marquée, contrairement à ce que certains experts nous assurent chaque jour, par la croissance de la puissance soviétique. Sa phrase exacte est : « Au total, il n'y a pas une avance massive de l'Union soviétique. »
    Et l'Afghanistan ? Giscard n'y voit pas de quoi contredire son optimisme : que la Russie ait une démarche impérialiste, certes, mais, à ses yeux, celle-ci se heurte à des résistances locales, et finalement à une série d'échecs qui l'affaiblissent. La Russie s'aliène une partie des pays musulmans alors qu'elle envahit Kaboul, elle échoue en Afrique centrale. Autant de revers que d'avancées.

    18 mai
    Je reviens sur les deux personnages qui ont dominé cette semaine où je n'ai pas eu le temps d'écrire : Peyrefitte et Ponia.
    Peyrefitte, d'abord : il nie éperdument avoir écrit une note au président de la République, qui lui est attribuée et qui a soulevé une tempête brève mais violente dans le verre d'eau du RPR. Qu'aurait-il écrit à Giscard ? (Je suis convaincue que cette note a bel et bien été rédigée par lui, mais il a refusé d'en convenir, évidemment, quand je lui ai directement posé la question.) Il n'a pas dit autre chose que ce qu'il dit depuis plusieurs mois, en privé ou devant des auditoires restreints : que le Président et les leaders de l'UDF ne font pas assez d'efforts en direction du RPR, que beaucoup de parlementaires gaullistes, légitimistes, seraient récupérables par Giscard à condition d'y mettre les formes. Que Chirac se présentera en 1981, et qu'il risque bien, au deuxième tour, de favoriser le candidat socialiste plutôt que de demander à ses électeurs de se reporter sur Giscard. Bref, il demande à l'UDF la fin d'une guerre de religion, meilleur moyen d'isoler Chirac dans son propre groupe parlementaire.
    Rien que ce qu'il a déjà dit, en somme. Pas de quoi en faire un plat. D'ailleurs, l'agitation au RPR s'est vite calmée : les instances dirigeantes, et Chirac, se sont contentés du vague démenti de Peyrefitte.
    Peut-être ont-ils craint qu'une campagne venant des chiraquiens contre Peyrefitte n'aboutisse à le faire désigner par Giscard à Matignon, dans la dernière ligne droite préprésidentielle ? La situation serait effectivement difficile pour Chirac si un RPR redevenait Premier ministre ! Je me demande d'ailleurs si ce n'était pas ce que voulait suggérer Peyrefitte, qui joue toujours par la bande, dans sa lettre à Giscard : « Mettez-moi à Matignon, je me charge du RPR ! »

    Ponia, c'est autre chose, beaucoup plus grave. Il est accusé par l'opposition d'avoir su, et caché, lorsqu'il était encore ministre de l'Intérieur, que le prince Jean de Broglie, assassiné en décembre 1976, était menacé de mort. Il n'aurait donc rien fait pour le protéger.
    Je ne sais pas comment, sur cette affaire, on pourra un jour faire toute la lumière. En attendant, toute la semaine il n'a été question que de cela : Ponia mérite-t-il la Haute Cour pour s'être tu ?
    Qu'il soit la cible désignée des justiciers, dont une partie vient du RPR, n'est pas neutre : derrière Ponia, c'est Giscard qui est visé.

    J'ajoute à cette chronique sur les personnages qui l'ont défrayée cette semaine quelques mots sur Rocard : il a été rappelé à l'ordre par la direction du Parti

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