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Cahiers secrets de la Ve République: 1977-1986

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1977-1986 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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déploie à cette occasion. Un tour de France, pour lui, c'est le meilleur rapport qualité-prix, si je peux dire : il n'a pas à élaborer de stratégie, pas de réflexion particulière, il se fait porter par ses militants, admirer par eux. Un bain de fraîcheur quand il se trouve dans un creux.
    Les sondages d'opinion qui font état d'une chute du RPR ? Il répond avec un sourire un peu crispé : « C'est comme pendant la campagne de Paris au printemps dernier. En décembre, je serai assez bas, mais attendons le mois de mars, vous verrez ! »
    De toute façon, il ne croit pas aux intentions de vote, ou plus exactement il croit à juste titre qu'elles reflètent une mode, une tendance du moment, et qu'elles peuvent à tout moment se retourner (en ce sens, il n'est pas loin de penser ce que m'a dit Mitterrand). Ce qui lui importe, c'est le nombre de députés RPR qui seront élus ou réélus dans six mois.
    « Nous aurons entre 150 et 180 députés », me répète-t-il après l'avoir dit aux quatre coins de France.
    Un temps. Et puis vient la minute, les quelques secondes de sincérité : « Pour l'instant, ajoute-t-il, c'est vrai, nous ne valons pas grand-chose, seulement le poids de nos coups de gueule. Mais, après les élections, nous aurons, j'aurai une nouvelle légitimité que nos partenaires devront bien reconnaître. »
    Il me démontre point par point que le RPR est le parti le mieux placé pour 1978. D'abord parce que, dans les pourparlers d'investitures internes à la majorité, le RPR est le groupe parlementaire le plus important, et que les sortants bénéficient toujours d'une prime. Qu'au surplus, au jeu des candidatures uniques, il est le plus favorisé : il y a, me dit-il, 108 candidats uniques de la majorité, donc bien placés pour être élus. Sur ces 108, le RPR en compte 65, dont 46 sortants.
    « Et puis, me dit-il en rigolant, chez nous, pas de bagarres. » Il veut dire qu'entre ses chers partenaires, les républicains de Giscard et les centristes de Jean Lecanuet (voir supra ), le climat se détériore au fur et à mesure qu'on approche de la distribution finale des investitures.

    25 octobre
    Dans la matinée, conférence de presse du PC. Roland Leroy, René Piquet, Pierre Juquin, Georges Gosnat (le puissant trésorier du Parti), Gisèle Moreau : tous sont présents pour les journalistes, à l'exception de Georges Marchais. « Chacun des 600 000 communistes, nous dit René Piquet (insistant sur le nombre de 600 000 !), est invité à un immense porte-à-porte. Ils s'adresseront d'abord aux pauvres. »
    Nous voici revenus à Zola !
    Il annonce aussi une réorganisation du secteur de propagande du comité central, comme si le problème du Parti communiste était là !
    Et Leroy, dans tout cela ? Piquet insiste sur l'importance croissante de L'Humanité qui va déléguer à cette section Propagande un membre de sa rédaction en chef. À charge, pour ce nouveau centre collectif, de fournir de l'aide aux organisations du Parti qui le demanderont. Quant à l'argent, il ne manque pas : Piquet parle d'un budget de 10 millions de francs qui englobe celui des prochaines législatives. Le voici énumérant les fonds et leur provenance : 9 324 cellules ont versé 1 398 000 francs, des personnalités ont individuellement donné 314 000 francs, la Fête de L'Humanité a rapporté cette année 502 747 francs et 25 centimes (je n'invente pas, il a bien mentionné les 25 centimes !) et le meeting de Pantin, 81 825 francs. « À partir de maintenant, précise-t-il, chaque meeting, chaque réunion s'accompagneront d'un appel financier. Nous pensons que c'est cela, la démocratie ! »
    Pendant qu'il parle, je suis surprise de l'attitude de Roland Leroy. Il a l'air de s'ennuyer à périr, lunettes sur le front, à peine coiffé. Il écoute sans broncher la liste des responsables politiques de la campagne : il s'agit de René Piquet lui-même et de Pierre Juquin, deux jeunes, donc, qui « montent » dans le Parti, assistés de Marcel Zaidner et de l'animateur de l'Institut Maurice-Thorez, Jean Burle.
    Roland Leroy se satisfait-il de son rôle de directeur de L'Huma , en laissant les jeunes loups monter dans la hiérarchie ? Je ne sais. En tout cas, lorsqu'il prend la parole, il commence par ne parler que du quotidien communiste dont il a la responsabilité, et qui « se comportera à la fois, assure-t-il, comme un grand organe d'information et comme un organe de

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