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Cahiers secrets de la Ve République: 1977-1986

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1977-1986 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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politique français. « Ajoutez à cela, me dit-il, le ton impérieux qu'il emploie pour condamner instinctivement la gauche. Continuez à attaquer les hommes et les idées, lui avais-je dit à Menton, mais dissociez vos critiques : nous sommes contre les communistes parce que ce sont nos vrais adversaires ; et nous attaquons les socialistes parce qu'ils ont de mauvaises idées. Mais Pierre Juillet lui a dit : “Attaquez plutôt les socialistes, car c'est chez eux que vous trouverez vos nouveaux électeurs.” Alors, évidemment, Chirac a écouté Juillet ! »
    Il fait cette analyse : « Chirac et Barre ont tous deux des intérêts communs face à Giscard. Barre veut remporter une vraie victoire sur les socialistes, pour affirmer son autorité ; d'autant qu'il ne pourrait pas rester chef du gouvernement si le PS remportait un succès. Je ne pense pas qu'il ait la moindre envie d'être Premier ministre dans un gouvernement de troisième force 20  !
    « Quant à Chirac, poursuit-il, son problème est de conquérir une image populaire. Il ne faut pas qu'il tombe dans la cassure droite-gauche ; il doit être populaire, c'est-à-dire au-dessus. »
    Il n'empêche : pour Debré, il n'est pas exclu que Giscard finisse par tirer les marrons du feu si, au contraire, le PS gagne. « Dans ce cas, il gouvernera avec une majorité au coup par coup, dont il sera le maître, une fameuse “majorité d'idées” qui lui permettra de réintégrer les socialistes en prenant, s'il le faut, ses distances vis-à-vis du RPR. »

    Vu Jean-Philippe Lecat 21 après Michel Debré. Contrairement à Chirac, qui fait comme si rien, dans l'opposition, n'avait changé, il pense, lui, que l'opposition d'aujourd'hui n'est plus la même : plus de volonté unitaire, le Programme commun a volé en éclats. La majorité a changé également : elle est en train de s'équilibrer (tiens, c'est le leitmotiv). Le RPR joue son rôle : border la majorité sur sa droite. « Mais la majorité plus libérale, plus centriste, me confie-t-il, n'a pas encore trouvé son expression politique : le Parti républicain est un trop jeune parti, les radicaux de droite sont une petite chose (sic) , le Centre démocrate est traversé de remous ! »
    Alors, quoi ? « Alors, me répond-il, sûr de lui, avec le Premier ministre et le Président, la majorité va remporter les élections législatives de 1978. Et là, elle sera devant une responsabilité historique : il faudra qu'elle domine complètement sa victoire, qu'elle renonce à appliquer de vieilles recettes, il faudra changer et en revenir au thème de l'unité nationale. »
    Giscard n'exclut donc pas, si j'écoute Jean-Philippe Lecat, d'ouvrir largement sa majorité, et peut-être de se débarrasser du RPR à cette occasion – ou au moins d'une partie des gaullistes – pour bâtir une nouvelle majorité, celle qu'il n'a pas pu trouver depuis son accession au pouvoir en 1974. Il ne s'est pas senti assez solide pour couper les ponts avec son ancien Premier ministre, Jacques Chirac, en 1976 ; il n'a pas osé faire adopter le scrutin à la proportionnelle, qui lui aurait peut-être permis de le faire plus facilement. Il a attendu pour mieux sauter : le scrutin de 1978 va lui permettre de parvenir à ses fins, d'autant plus que le PS est aujourd'hui libéré du communisme.
    Pour que je comprenne bien, il insiste : « La victoire de la majorité en 1978 – dont il semble ne pas douter un instant – ne peut être conçue que comme une étape vers autre chose. Les Français ne supporteront pas qu'une chape de plomb s'abatte à nouveau sur la France à cette occasion. Le Président ne préconisera pas une substitution de l'actuelle majorité à une autre, il préconisera son élargissement. »
    Je traduis sans peine : l'élargissement se fera vers les socialistes « repentis », au détriment des RPR récalcitrants.
    Il s'interroge sur la stratégie de Jacques Chirac : peut-être choisira-t-il de faire « un coup abominable », ou, au contraire, il dressera sans états d'âme le bilan et décidera de jouer le jeu majoritaire de Giscard.

    Sont-ce là les idées ou les souhaits du seul Jean-Philippe Lecat qui, en d'autres temps, m'a incitée à penser que Pompidou avait choisi comme successeur potentiel Giscard plus que Chaban-Delmas ? En tout cas, aujourd'hui, Lecat ne se pose plus de problème : il est à fond derrière Giscard. Selon lui, le Président a deux convictions

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