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Cahiers secrets de la Ve République: 1977-1986

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1977-1986 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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presque, qu'en accédant à la Présidence de la République il aurait assez de force pour vouloir marquer son septennat. J'attendais qu'il fasse beaucoup. Il n'a rien fait ! Je fais donc partie des gens déçus par Valéry Giscard d'Estaing. Croyez-moi, j'expliquerai pourquoi ! »
    Visage vieilli, cheveux d'un noir brillant, prenant appui sur une canne, il est presque beau à force de laideur. Sa voix, toujours aussi magique qu'au temps de ses causeries au coin du feu 13 , est devenue plus faible aujourd'hui.
    Il rit en comparant Jacques Chirac à un ancien ministre des Finances de la IV e  République, Maurice Petsche, qui, dit-il, « n'était pas un génie ». Cela ne l'avait pas empêché de se faire ovationner par les députés lors d'un débat budgétaire. Pourquoi ? Parce qu'il leur avait expliqué sur un ton péremptoire que si l'on additionnait les recettes et l'impasse, on tombait sur le montant exact des dépenses ! CQFD ! « Voyez comme c'est bien fait ! » expliquait Petsche, ravi.
    Voilà qui en dit long sur le niveau des débats économiques sous la IV e ...

    Dans la soirée, Giscard s'exprime à la télévision. Pour la première fois, il accepte de répondre aux questions posées sur les fameux diamants de Bokassa. Les « cailloux » sont restés à l'Élysée, puis, assure-t-il, ont été vendus pour des œuvres. L'ensemble des documents correspondants figurent dans la comptabilité de l'Élysée.
    Pour le reste, il a surtout abordé le problème de l'emploi. Passant « au tableau », comme il aime à le faire, il démontre que la France ne va pas si mal, qu'elle pourrait aller mieux encore s'il est réélu. Je le trouve comme toujours brillant, à l'aise, supérieur dans la forme. La performance est éblouissante. Seulement, à peine a-t-il fini de parler qu'elle apparaît bien légère.
    Noter que Mitterrand, de son côté, reste flou pour le moment en matière de programme. Je ne vois pas comment il pourrait gagner.

    11 mars
    Bernard Rideau, l'homme des sondages de Giscard, commente pour moi les premières enquêtes Sofres sur l'élection présidentielle.
    Giscard obtiendrait au premier tour 29 % des voix, Jacques Chirac 15 %, Michel Debré 3,5 %, et Marie-France Garaud 2 %. À gauche, François Mitterrand est à 25 %, Georges Marchais à 16 %, tandis que Michel Crépeau ne dépasse pas les 1 %.
    Commentaire de Bernard Rideau : la campagne de Jacques Chirac ne marche pas. « Son coup est en train de foirer, m'assure-t-il, ravi. Il enlève des suffrages à Michel Debré et à Marie-France Garaud, pas à Giscard ! »
    Il en est convaincu : au moment où VGE s'apprête à entrer dans l'arène, sa baisse est enrayée. « La chute est stoppée, Giscard n'est pas Carter ! »

    15 mars
    Retrait de Coluche. Cela faisait quelques semaines qu'il se faisait discret. Il était lui-même étonné du succès que lui accordaient les sondages : jusqu'à 12 % des intentions de vote, les bons jours ! La bonne blague était allée trop loin, au-delà des espérances de son imprésario. Coluche avait cru jeter un pavé dans la mare, il ne s'attendait pas à provoquer un raz de marée.
    Et puis, évidemment, les grands candidats, les gros mastodontes sont entrés en campagne et la cote de Coluche s'est rabougrie comme peau de chagrin. Les Français sont des gens plus sérieux qu'ils ne veulent le paraître. Coluche aussi : il a renoncé.

    16 mars
    Voici aujourd'hui Mitterrand à « Cartes sur table », l'émission de Jean-Pierre Elkabbach et Alain Duhamel. Un des deux lui demande si, après tant d'années de combats, il se sent à l'aise pour un nouveau départ. Il feint de s'étonner : « Valéry Giscard d'Estaing a été pour la première fois ministre des Finances du général de Gaulle il y a dix-neuf ans ! Il a de l'ancienneté sur moi ! » plaisante-t-il.
    Son programme ? Relance économique, réduction du temps de travail à 35 heures hebdomadaires 14 , grands travaux, avantages accordés aux entreprises créatrices de main-d'œuvre, formation professionnelle, recrutement de 210 000 agents de l'État et des collectivités locales, allocation chômage aux sans-emploi. « Bien entendu, dit-il avant qu'on ne lui pose la question, cela suppose un nouvel impôt, donc une réforme fiscale. Et sans doute la taxation des grandes fortunes ! »
    Voilà pour l'économie. À 21 h 39, il en vient à la politique extérieure. Je suis surprise du changement de timbre

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