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Cahiers secrets de la Ve République: 1977-1986

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1977-1986 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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Lecat commenter l'émission : à lui non plus ces propos n'ont pas paru énormes. À moins qu'il ne soit du même avis que moi ? »
    Il redevient sérieux : « Cela étant, nous sommes à 50/50. Comment gagner au-delà ? »
    Il n'a manifestement pas la réponse.

    Vu Lecat tout de suite après cette conversation rapide. C'est vrai, il n'est pas tourneboulé par le « petit télégraphiste ». Je le trouve même plutôt confiant dans l'avenir. Ce que j'apprécie chez lui, c'est qu'il ne cherche pas, contrairement à tant d'hommes de communication, à me dorer la pilule. Il commence par énumérer les points positifs de la campagne de Giscard en cet instant précis : pas d'effet Chirac, pas d'effondrement de Giscard, comme l'espérait Jacques Chirac, pas davantage de raz de marée Mitterrand. Les points négatifs : une bonne tenue du candidat Mitterrand. Un risque sur la crédibilité de Giscard-candidat. Il s'explique : Mitterrand, dans l'esprit des Français, n'est jamais apparu que comme un candidat. Ce n'est pas le cas de Giscard, dont l'image de Président s'est installée depuis 1974. Peut-il « capitaliser » sur son action passée à l'Élysée pendant sept ans et apparaître en même temps comme un candidat tout neuf ? La difficulté existe.
    Dans les jours qui viennent, Lecat prévoit un tournant majeur de la campagne : la semaine commencera par une interview de Giscard à L'Express , elle continuera mercredi par la sortie de son livre sur l' État de la France 15 . « Cartes sur table », lundi prochain. Il fera au cours de l'émission des propositions concrètes et précises sur le chômage. Sans vouloir définir un plan d'ensemble. Il juge qu'il vaut mieux proposer quatre ou cinq mesures sur le chômage plutôt que de se lancer dans une vaste dissertation sur la politique économique.
    Nous verrons.

    24 mars
    Au tour de Georges Marchais de se produire à la télévision. Franchement, ceux qui pensent voter Mitterrand doivent vraiment le vouloir, le vouloir ardemment, parce que l'avenir que leur promet Georges Marchais n'est pas gai. De deux choses l'une : ou Mitterrand prend des communistes dans son gouvernement, et tout va bien (enfin, façon de parler !) ; ou il n'en prend pas, et alors Marchais promet aux Français un sacré bordel. Un « état de grâce » qui a plutôt des airs de « coup de grâce » !
    En attendant, il fixe une sorte d'ultimatum à Mitterrand : « Je ne souhaite pas m'abstenir (au deuxième tour). » Mais il veille à laisser planer le doute : il n'assure pas du tout Mitterrand de son soutien inconditionnel.
    Le blocage à gauche existe donc toujours. C'est son principal handicap, tout le monde le sait depuis longtemps.

    La violence de Mitterrand contre Giscard : il faut voir son irritation lorsqu'il dit, comme il l'a fait l'autre jour, parlant du Président et de son parti, l'UDF : « Ces gens qui croient incarner la France alors qu'ils n'ont réuni que 30 % des suffrages ! Moins que ce que j'ai eu, moi, en 1974, et à peine plus que je n'aurai cette fois-ci au premier tour ! »
    Il sent venir, m'a-t-il dit, le procès fait par la droite contre lui : pas seulement pour incompétence ni même en illégitimité, mais en usurpation.

    27 mars
    Mitterrand en campagne à Laon. Dans sa voiture que son chauffeur Pierre conduit vite, comme à l'habitude, il aborde, sans en avoir l'air, un peu tous les sujets. Il juge que la campagne de Giscard a mal débuté : « Il doit s'agacer, dit-il, que cela ne démarre pas mieux pour lui ! » Il a sous la main les trois sondages IFOP sur les émissions télévisées. La sienne est celle qui a le plus marqué le comportement des électeurs, lesquels se sont déclarés « disposés à changer d'avis » sur le candidat Mitterrand et sa politique. Celle de Giscard n'a pas modifié la donne. Chirac, en revanche, est très bien passé. « Que dire sur Chirac ? me dit-il, sauf ce que je dis le plus souvent : il fait le boulot que je ne peux pas faire ! »
    Sur Georges Marchais : « Avec Michel Rocard, il aurait été plus facile de demander aux communistes de s'abstenir. Pas avec moi ! Je suis celui qui, avec Mauroy, résiste le mieux aux entreprises de démolition du PC. Bref, Marchais n'a pas dit qu'il ne ferait pas voter pour moi, et il n'a pas dit non plus qu'il voulait me faire battre ! Il a dit ce qu'il ferait après ma victoire ! »
    Plus prosaïquement, il est furieux de l'organisation de

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