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Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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été invité à Latche quelques jours seulement après que Willy Brandt se fut agenouillé devant une stèle aux martyrs victimes des nazis. La photo avait fait le tour du monde.
    « Quelle image, lui dit Mitterrand, quelle émotion ! Quel courage ! » Il s’interrompt un court instant, puis : « Et quelle bonne idée ! »
    Tout Mitterrand est dans ces phrases : avec l’action, le calcul.
    27 juillet
    Je n’ai pas encore parlé ici du « procès du sang contaminé », qui se déroule en ce moment, contre les quatre médecins mis en cause, qui tous plaident qu’ils ne peuvent être tenus pour responsables de négligences alors que la maladie était inconnue.
    Je ne connais pas l’affaire : ce que m’en a dit Simone Veil hier ne suffit pas à m’éclairer. Elle met en cause l’extrême complication des règles administratives plus que les politiques définies au sommet. J’ai rencontré souvent le professeur Garretta, que j’ai connu à l’occasion d’un de ses passages sur TF1. J’en donnerais ma main au feu : ce qu’il a fait, n’importe qui, à sa place, l’aurait fait, dans l’incertitude où il était sur la nature de la maladie, et étant donné les consignes qui lui avaient été données.
     
    Le CSA vient de demander l’annulation de la campagne officielle du gouvernement sur le référendum européen telle qu’elle a été réalisée par Séguéla. Coût : 25 millions. Jacques Boutet 39 fait valoir (qui, mieux que moi, peut comprendre l’état dans lequel il doit être ?) que la publicité politique est interdite. Il a manifestement raison de penser qu’il ne s’agit pas d’une de ces campagnes d’intérêt général sur la Sécurité sociale ou le nouveau Code de la route. Il s’agit bien de publicité, de propagande politique, de surcroît, à la veille du référendum.
    Dans un premier temps, le gouvernement a choisi de retirer lui-même sa campagne. Deux jours plus tard, les juristes ayant parlé – on sait qu’ils parlent souvent dans des sens contradictoires –, des voix s’élèvent pour trouver infondé le verdict du CSA. J’imagine le nombre de coups de téléphone, de menaces, engueulades et autres mises en cause qui s’abattent en ce moment même sur le CSA et son président !
     
    Michel Vauzelle, avec qui je dîne, hier, chez Dominique Bromberger, est décidément très drôle, quoique peut-être pas pour tout le monde. Il raconte qu’à la fin de la réunion des ministres pour la fondation d’un Comité pour le « oui », certains se sont demandés à qui envoyer un bulletin d’adhésion. Vauzelle a cru malin de répondre : « À Van Ruymbeke, peut-être ? »
    « Bide. Bide terrible ! » commente-t-il.
     
    Les sondages font état d’une baisse continue de la cote de Mitterrand : ni le combat pour l’Europe ni son escapade à Sarajevo ne l’ont fait remonter. Curieux et presque incompréhensible.
    Simultanément, les enquêtes d’opinion font état d’une montée continue du « non » au référendum sur Maastricht.
    19 août
    Je rentre en France après un séjour aux États-Unis. Le sondage de L’Événement du jeudi fait la rentrée. Dans le calme de l’été, les « non » sont montés à 47 %, les « oui » redescendant à 53 %. Les deux courbes, désormais, se rapprochent.
    Mitterrand et les partisans du référendum n’ont pas de chance. Deux affaires leur empoisonnent la vie.
    La première est idiote, secondaire, minable même, et néanmoins significative : quelques camions allemands sont arrêtés par les douanes françaises à la frontière. Pourquoi ? Parce que les Allemands transforment l’Alsace en décharge publique, se débarrassant chez nous de leurs déchets alimentaires et médicaux. Dont des poches de sang contaminé ! La désinvolture germanique choque les esprits.
    La deuxième affaire est plus sérieuse, encore que je ne sois pas sûre que la première ne touche pas davantage les Français : il s’agit de l’affrontement en Yougoslavie. Au moment où le gouvernement français mobilise en faveur du traité européen de Maastricht, l’Europe se révèle incapable d’arrêter la guerre entre les Serbes, les Croates et les Bosniaques.
    Certains pro-européens convaincus, Jean-François Deniau par exemple, en sont à se demander s’il ne vaudrait pas mieux repousser le référendum. Il me l’a dit hier dans mon bureau où je l’ai trouvé bien fatigué, ayant du mal – plus de mal que

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