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Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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Giscard d’Estaing et de tenter de prendre sa place. Ensuite parce qu’il y trouve son compte : il a imaginé un système de présidence tournante de l’UDF. S’il était élu le 31 mars, François Léotard en serait le premier président, sans doute pour une durée de deux ans. Après ce laps de temps, la présidence reviendrait à Bayrou. C’est une solution commode, mais il n’est pas dit qu’une majorité de membres de l’UDF l’accepte. Et puis, une question subsidiaire se pose : dans ce cas, François Léotard serait obligé d’abandonner son poste de président du Parti républicain, puisque le règlement de l’UDF interdit à son président d’êtreen même temps le chef d’une de ses composantes. Alors Alain Madelin, battu à la tête de l’UDF, hériterait peut-être de ce lot de consolation, c’est-à-dire du Parti républicain.
    François Bayrou est de toute façon convaincu qu’Alain Madelin ne réussira pas à créer son propre parti : « Son club, “Idées-Actions”, me dit-il, est une prodigieuse boîte à sous, puisqu’elle réunit la plupart des grands patrons du CAC 40, et aussi ceux des moyennes entreprises, mais ce n’est pas un parti, il n’a pas de réseau d’élus et pas de possibilité de le créer, ce réseau. »
    Voilà comment Madelin est, avec Giscard, lentement poussé hors de l’UDF.
    10 mars
    François Bayrou est tout autre, aujourd’hui, à l’antenne. C’est-à-dire professionnel et incollable. J’ai essayé de le placer devant la contradiction entre son appartenance au gouvernement Juppé et son soutien à François Léotard, fortement critique envers le même gouvernement. Il a esquivé comme un vieux de la vieille et répondu que « le Premier ministre est un homme courageux, compétent, honnête, qui fait bien son travail de réformes ». Je ne lui ai pas tiré un mot sur Léotard. Même esquive en réponse à une question sur l’impatience de Chirac à propos de la réforme de l’enseignement supérieur, qui tarde à venir. Jacques Chirac, lui disons-nous, laisse entendre que le système est complètement inadapté et que les choses ne vont pas assez vite. Il répond sans ciller : « Jacques Chirac a dit : c’est une réforme qui prendra entre cinq et dix ans ; il voulait dire que c’est une réforme qui ne peut être vécue qu’avec le temps, et j’ajoute : avec les enseignants. » Cette interprétation soft des propos de Chirac, dont on sait qu’il presse son ministre de l’Éducation d’aller plus vite, est habile. Entre Juppé et Léotard, la stratégie de Bayrou tient du grand écart : un mot de trop, et on se casse la figure.
    12 mars
    Alain Juppé est remonté sur son cheval. Pas question que Chirac change de Premier ministre, il l’a dit et redit, démentant les multiples rumeurs qui en étaient arrivées à paralyser Matignon. Du coup, au cours d’un déjeuner de ministres, il y a quelques jours, il a, revigoré,remonté les bretelles des ministres « balladuriens », François Bayrou, Alain Lamassoure et Jean-Claude Gaudin : « J’en ai marre des critiques de vos amis, leur a-t-il dit. Léotard et Simone Veil m’emmerdent ( sic ). Dites-leur que, désormais, je rendrai coup pour coup. »
    Que n’a-t-il parlé ainsi plus tôt ! Cette sortie va lui assurer quelques semaines, ou plutôt quelques jours de tranquillité.
    17 mars
    À regarder Alain Juppé, tout à l’heure, à « 7 sur 7 », on sent bien que ce n’est plus tout à fait le même homme. Ce qui lui manquait : l’expérience, d’abord, il a commencé à l’acquérir jour après jour, sur le tas, sans avoir eu véritablement le temps de faire ses classes. Il a appris en six mois l’humilité, ou du moins à en laisser paraître un soupçon. Il présente de lui une image moins cassante, reconnaît par exemple ses maladresses passées, l’arrogance (il ne dit pas le mot, mais un autre que j’ai oublié, moins fort) dont il a pu être crédité. On mesure son effort, suggéré sans doute par ses chargés en communication, pour se mettre à la portée des gens, se soucier de leur vie quotidienne. Il assure qu’il est prêt au dialogue, lui qui, il y a quelques semaines à peine, pendant les grandes grèves de décembre, ne voulait pas qu’on emploie le mot « négociation ».
    Ce qui lui manquait surtout jusqu’ici, c’est l’expression publique et privée, par le président de la République en personne, du soutien accordé à son

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