Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
Vom Netzwerk:
Léotard.
    « Si l’élection avait lieu au suffrage universel des adhérents, note-t-il, Madelin serait élu sans problème. » Seulement voilà : l’élection ne se déroule pas comme ça. Elle se fait en plusieurs collèges : dans celui des apparatchiks, Madelin n’a aucune chance ; en revanche, chez les parlementaires et assimilés, le vote ayant lieu au scrutin secret, tout est possible.
    21 mars
    Lionel Jospin s’est rendu en Corrèze dans l’ancien fief du Président, sa chasse gardée pendant nombre d’années, qui est encore en partie le pré carré de sa femme, se rendre compte, selon son expression, de la façon dont « fonctionnait la Chiraquie ». Qui plus est, il y est allé, non sans courage, dans la semaine suivant la condamnation d’Henri Emmanuelli dans l’affaire Urba en tant que grand argentier du Parti socialiste, et en pleine incarcération du président du conseil général du Territoire de Belfort, Christian Proust. Le verdict du procès Emmanuelli est jugé plus que sévère : il a écopé en appel dedix-huit mois de prison avec sursis et de deux ans de privation de ses droits civiques. Proust, lui, est en prison depuis plus d’une semaine, et les juges ont demandé qu’il y reste encore un peu, soi-disant pour préserver l’ordre public et pour qu’il ne puisse pas faire pression sur d’éventuels témoins 16 .
    Jospin doit penser que la seule défense, c’est l’attaque. Il aurait pu faire profil bas pendant que la justice passait. Il a choisi de faire tout l’opposé. Il est vrai que son personnage, simple et volontiers austère, le met à l’abri de tout soupçon de malhonnêteté. C’est inappréciable en politique, par les temps qui courent.
    Il n’empêche : je l’imagine en train de flatter la croupe des vaches, de parler aux éleveurs dans une étable de Saint-Jal, et je trouve qu’il n’y avait pas meilleur terrain que la Corrèze pour reprendre l’offensive.
    Avec Jospin, pour la première fois depuis quelques mois, on a l’impression que le PS s’est remis au travail : il ne cesse d’aller de colloque en colloque. Et l’opposition est un bon support : dans le Var, par exemple, l’élection législative partielle a donné la victoire à un socialiste alors qu’il n’y avait plus eu, dans ce département, de député socialiste depuis 1988 17 .
    30 mars
    Je ne comprends pas grand-chose à l’antagonisme féroce qui oppose désormais Madelin et Léotard, si ce n’est qu’il s’agit, encore et toujours, d’une lutte pour le pouvoir, qui prend le pas sur tout. Ainsi, tout le temps qu’ont duré ces primaires – puisqu’on peut les appeler ainsi –, Madelin et Léotard sont apparus de plus en plus antagonistes, hérissés l’un par l’autre comme s’ils avaient oublié tout le chemin parcouru ensemble dans leur vie politique.
    L’affrontement entre les hommes se traduit évidemment par la division de l’UDF en au moins deux fractions. Je dis au moins deux parce qu’en plus du match principal, il y a d’autres acteurs, commeAndré Rossinot 18 , sur la pelouse. Le PR était divisé, il le reste. Les centristes restent unis autour de Bayrou parce qu’ils espèrent qu’il sera président de l’UDF. Hervé de Charette garde le petit parti qu’il a constitué, le PPDF, et Raffarin celui qu’il est en train de créer. Arithmétiquement, Léotard va gagner. La question est : que va-t-il gagner ? Si le vainqueur du 31 mars hérite d’un mouvement en lambeaux, je lui souhaite bonne chance !
    Reste le cas Giscard. Il a commenté à la télévision son départ de l’UDF : il a envoyé le 25 mars aux adhérents et aux cadres de l’UDF une lettre amère, car il s’attend à la victoire de Léotard alors qu’il est lui-même favorable à Madelin ; l’échec de celui-ci serait révélateur de sa propre perte d’influence au sein de l’UDF.
    Je relis ce soir, pour préparer mon émission de demain, quelques pages du livre que François Léotard a écrit en août dernier sur le 23 avril 1995, jour de l’échec d’Édouard Balladur au premier tour de la présidentielle. Léotard se demande si lui-même, dans cette élection, à la place de Balladur, aurait été en mesure de gagner face à Chirac. « Je sais pourquoi, ajoute-t-il, nous avons fait tout cela : éviter le face-à-face meurtrier et stérile de Giscard et de Chirac, les fausses équipes et les mêmes illusions, les mots truqués, l’habileté comme seule

Weitere Kostenlose Bücher