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Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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de Jacques Chirac devant les journalistes parlementaires. Sans décorum, à la bonne franquette, cultivant son côté « grand garçon tout simple », il se contente de dire – c’est l’essentiel de son message – qu’il a conscience d’être sur la « bonne voie » et qu’il est un chef de gouvernement heureux.

    23 juillet
    Mitterrand a accepté aujourd’hui le changement de douze parmi les vingt-cinq PDG des entreprises nationalisées privatisables. Il s’est servi de la possibilité qu’il avait de ne pas signer les ordonnances, mais n’entend pas lutter contre la volonté de la majorité du Parlement lorsque celle-ci adopte le projet de loi reprenant les dispositions des ordonnances. C’est un peu compliqué à comprendre, la cohabitation, mais on s’y fait...

    24 juillet
    Adoption par le Sénat de la nouvelle loi sur l’audiovisuel, qui abroge celle de 1981. À l’Assemblée nationale, pour Léotard, ce nedevrait être qu’une promenade de santé, surtout si, de peur des amendements socialistes, il fait jouer le 49.3 7 .

    25 juillet
    Plaisanterie de Giscard que je lis dans Le Monde  : quelqu’un demande à VGE, à l’occasion du Tour de France cycliste, ce qu’il pense de la cohabitation entre Bernard Hinault et Greg Lemond ; il répond en souriant à demi qu’il ne faut pas confondre cohabitation et combat des chefs !
    Plus sérieusement, il me semble qu’il est en train de prendre une réelle distance vis-à-vis du gouverneur de la cohabitation ; il s’est abstenu dans le vote du projet de loi sur le financement de la Sécurité sociale, et pointe du doigt, non sans satisfaction, la première contradiction du gouvernement Chirac : le Premier ministre ne cesse de dire qu’il va baisser les impôts, il l’a encore répété dans sa dernière conférence de presse, et il vient de proposer une taxe sur l’ensemble des revenus salariaux !
    Veut-il déjà se démarquer du RPR pour ne pas avoir à voter Chirac à la prochaine présidentielle, dans deux ans seulement ? N’est-il pas trop tôt, après la victoire de Chirac aux législatives, pour lui opposer l’UDF ? Combat des chefs, a-t-il dit...

    1 er  août
    J’en doutais la semaine dernière, et pourtant c’était bien de cela qu’il s’agissait. Léotard, comme président du PR, est venu par deux fois, aujourd’hui, sur TF1 et Europe 1, répéter que le RPR n’était pas tout seul à exercer les responsabilités du pouvoir, que l’UDF, et, à l’intérieur de l’UDF, le PR étaient partie prenante à son action.
    Il me semble qu’il y a là, derrière Léotard, une sacrée petite bande de libéraux qui voudraient que Chirac aille plus vite et plus loin dans une politique libérale musclée. Et qui comptent bien, ce faisant, laisser Giscard à la retraite : Alain Madelin, Gérard Longuet, mon condisciple de Sciences Po, Jacques Douffiagues, constituent uncommando soudé. Je m’interroge d’ailleurs sur le poids personnel de François Léotard. Il a à peine quatre ans de plus que Longuet et Madelin : leur carrière est de bout en bout similaire, puisqu’ils ont tous trois été élus députés en 1978 8 . Il n’a jamais affiché les positions extrémistes d’un Madelin ou d’un Longuet, qui le reconnaissent néanmoins comme leur chef. Il a manifestement un charisme que les autres n’ont pas. J’en parle d’autant plus volontiers que c’est lui qui m’a vidée et qui s’apprête à changer la loi sur l’audiovisuel.
    Peut-être est-ce dans sa jeunesse, et non dans la guerre d’Algérie, comme Madelin et Longuet, qu’il faut rechercher la source de son engagement politique : son père était maire de Fréjus en 1959, lorsque le barrage de Malpasset s’est rompu, engloutissant tout sur son passage. Je me rappelle évidemment la catastrophe que les journaux niçois et varois avaient relatée avec force détails : les morts avaient été nombreux, même si les eaux avaient évité la ville, mais pas la plaine, à deux pas.
    Je me souviens également de la campagne de solidarité qui avait suivi l’accident, avec des dons venus de la France entière. Ce que je ne savais pas, c’est que le père Léotard avait géré les fonds, distribué les indemnités, et qu’il avait été accusé par son concurrent politique, à l’occasion de la campagne électorale suivante, d’avoir au passage subtilisé des centaines de milliers de francs. C’était faux, mais cela avait suffi pour lui faire

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