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Cathares

Cathares

Titel: Cathares Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Weber
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public ! l’interrompit le père-abbé. Tous les moines sont à l’église pour préparer l’ordination de notre nouveau frère. Je veux que vous quittiez cette abbaye. Tout de suite !
    Von Graf referma la trappe et puis dévisagea l’ecclésiastique.
    — Mais pour qui vous prenez-vous pour oser me donner des ordres ?
    Le père Christian sembla perdre un peu de son assurance.
    — J’en ai déjà assez fait pour vous ! À présent, laissez-nous tranquilles !
    Von Graf lui répondit à voix basse, mais sur un ton qui, à mesure qu’il parlait, se faisait de plus en plus menaçant.
    — Je vais vous le dire moi, qui vous êtes. Vous êtes un collaborateur qui n’a pas hésité à bénir les volontaires français qui s’engageaient dans la LVF. Oh, vous avez réussi à être discret et les pauvres ploucs qui ont été se faire tuer sur le front de l’Est ne sont pas revenus pour vous accuser. Mais il existe une photo où l’on vous voit. Vous aviez fière allure d’ailleurs, avec une dizaine d’années de moins, au milieu de tous ces uniformes noirs ornés de la tête de mort. Depuis, il me semble que les épreuves de la vie vous ont marqué. Vous n’avez pas bonne mine, mon père.
    Cette fois, l’ecclésiastique blêmit, mais son interlocuteur poursuivait sa diatribe :
    — Vous avez toujours combattu le communisme et méprisé les Juifs. C’est vrai, vous avez eu le nez assez fin pour héberger quelques résistants et c’est ce qui vous a sauvé, mais au fond de vous-même, vous n’avez pas changé. Vous avez recueilli beaucoup plus d’âmes égarées de la région qui avaient fricoté avec l’occupant et avaient profité de cette époque troublée pour s’enrichir. Ils ne restaient pas longtemps, mais vous preniez garde de prélever votre obole au passage.
    — Taisez-vous, trouva-t-il enfin la force de dire.
    — Non, je n’ai pas fini ! Et puis nous sommes arrivés. Vous pensiez avoir trouvé quelques pigeons de plus, mais ce que vous ignoriez, c’est que nous avions décidé de récupérer votre petit trafic. Cela ne vous plaisait pas de perdre votre monopole, mais nous savions ce que vous aviez fait. Nous étions donc faits pour nous entendre !
    Le père Christian manquait de souffle. Il était tellement suffoqué par ce qu’il entendait qu’il ouvrait la bouche comme un poisson échoué sur la terre ferme cherchant à reprendre son souffle.
    — Et puis, lorsque nous avons décidé de ressusciter la confrérie...
    — Mais taisez-vous, coupa le père-abbé. Je ne suis au courant de rien !
    — Pas de ça entre nous, sourit von Graf. Vous savez très bien ce que nous sommes occupés à faire. Je dirais même que c’est la grande différence entre nous : nous avons conservé un idéal. Contrairement à vous, nous n’agissons pas pour le simple appât du gain.
    Le père Christian se redressa. Comme chaque fois qu’il savait avoir perdu une partie, il retrouvait la dignité un peu raide qui lui convenait bien.
    — Oublions tout cela.
    — D’ailleurs, ajouta l’Allemand, nous avons de la chance. Nous avons juste eu le temps de déménager tout le matériel compromettant avant que ce sale rat ne revienne fouiner dans votre belle abbaye. Et je vous rassure, nous n’aurons bientôt plus besoin de lui. Le temps de l’hérésie est de retour !
    — Grâce à Dieu, taisez-vous ! cria le père Christian qui ne voulait pas en entendre davantage.
    — Le Languedoc va retrouver sa foi authentique... grâce à un papiste. N’est-ce pas paradoxal ?
    — Vous êtes fou !
    — Le paganisme de notre belle Europe va écraser la foi des Sémites !
    — Taisez-vous ! Taisez-vous ! hurla-t-il en mettant les mains sur ses oreilles pour ne plus entendre.
    Le père-abbé tourna les talons et se mit à courir, à bout de souffle, dans la longue galerie bordée de colonnes.

 
    68
    Pour étudier les quatre documents, Le Bihan avait choisi la bibliothèque de Foix. Un vieux réflexe de prof, se dit-il. Il plane dans les temples des livres un parfum subtil qui stimule la réflexion et oriente favorablement l’esprit. L’historien a toujours estimé qu’il existait un petit ange qui veillait là, quelques centimètres au-dessus de la tête des étudiants, lorsqu’ils travaillaient dans les travées des bibliothèques. Autrement, comment expliquer qu’ils finissent toujours par dénicher le bouquin qui répond à leurs questions ? Le Bihan souhaita que l’ange qui le

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