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Cathares

Cathares

Titel: Cathares Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Weber
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cerbère. Tu as fini de jacasser ? Viens ranger !
    Le Bihan laissa l’infortuné Bertrand se précipiter entre les griffes de sa tortionnaire. Il regarda la place de la petite cité, bordée de couverts et se dit qu’il prendrait bien son petit déjeuner sur une terrasse, histoire de changer les habitudes. Ce serait l’occasion de méditer sur cette ville où s’étaient établis jadis de nombreux Cathares et parmi eux le seigneur des lieux, Pierre-Roger de Mirepoix. Une fois encore, l’historien voulut se mettre dans la peau de Rahn. Quand était-il venu ici ? Qui avait-il rencontré ? Que venait-il y chercher ? L’homme était extraverti au point de passer quelquefois pour un fanfaron. En même temps, il pouvait se montrer très méfiant et cacher à ses meilleurs amis le sens profond de ses recherches. À force de penser à lui et de marcher sur ses traces, Le Bihan finissait par le comprendre sans l’absoudre pour autant. Il anticipait ses réactions et les confrontait aux siennes. Dans ce cas précis, il se demanda comment il se serait comporté.
    Quand la cloche de la cathédrale construite en grès du pays sonna la première heure de l’après-midi, Le Bihan poussait la vieille porte de bois. Comme convenu, celle-ci était ouverte. L’historien pénétra dans l’édifice qui paraissait totalement désert. La nef était flanquée de chapelles engagées dans les contreforts fidèles à la tradition du gothique du Midi. L’édifice étonnait surtout par sa largeur, étonnante pour une petite cité de moins de cinq mille habitants. Le Bihan s’avança vers le choeur polygonal flanqué de ses chapelles rayonnantes qui multipliaient les possibilités de cachettes pour un tel rendez-vous. Mais l’historien avait beau chercher Bertrand, il ne voyait personne. L’église semblait totalement vide.
    — Bertrand ? dit Le Bihan d’une petite voix qui se prolongea par un léger écho.
    Comme il n’obtenait pas de réponse, il lança cette fois un nouveau « Bertrand », plus sonore, mais celui-ci ne reçut pas davantage de réponses, hormis la résonance de sa voix qui se perdait sous les voûtes de l’édifice.
    Soudain, il entendit un craquement. Ce n’était qu’un petit bruit, mais dans le silence de l’édifice, il en acquérait une dimension spectaculaire. Il provenait du confessionnal placé contre le mur de la nef. Le Bihan se dit que Bertrand devait être légèrement dérangé à moins de posséder un sacré sens de la mise en scène pour songer à livrer ses confessions dans les règles de l’art. Il s’approcha du petit isoloir de bois et distingua deux pieds qui dépassaient du tissu noir destiné à préserver le secret de la confession. À cet instant, une voix s’échappa du confessionnal. Elle ne parlait pas, elle chantait :
    On y brûle maint hérétique félon de sale race,
Et mainte folle hérétique, qui braille dans le feu...
Puis on jette leurs corps, on les met dans la fange
Pour que toute cette ordure ne fasse puanteur
À notre gent étrangère
    — Vous entendez, Bon Homme, poursuivit la voix quand elle eut fini de chanter, ce que chantaient les croisés lorsqu’ils exterminaient les Cathares ?
    La question de Le Bihan manqua cruellement d’originalité.
    — Qui êtes-vous ?
    — Un Cathare revenu sur cette terre pour venger ses frères.
    L’homme vêtu d’une cape blanche bondit du confessionnal comme un diable de sa boîte. Son visage était recouvert d’une cagoule. Le Bihan remarqua tout de suite qu’il portait le fameux blason brodé de la double rune et de la croix cathare.
    — Aujourd’hui, poursuivit l’étrange personnage, le temps de la revanche est venu. Ce sont les Bons Hommes qui vont exterminer leurs ennemis !
    L’étrange personnage brandit un revolver qu’il braqua sur Le Bihan. L’historien se dit qu’il avait été bien bête pour se jeter de la sorte dans la gueule du loup. L’homme déguisé ajouta sur un ton qui trahissait sa satisfaction :
    — Il ne te reste plus qu’à t’en remettre à Dieu ou au Diable avant l’exécution de ton châtiment.
    L’homme pointa son arme sur Le Bihan qui n’avait plus d’autre choix que d’attendre la mort dans cette église qu’il ne connaissait pas il y a quelques minutes encore. Le doigt commença à exercer une légère pression sur la gâchette, puis le coup partit.
    Le Bihan se jeta à terre. Se pouvait-il que... ? Il n’était pas touché ! Il porta alors un regard sur

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