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Cathares

Cathares

Titel: Cathares Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Weber
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vieil annuaire téléphonique qui était posé sur la tablette. De nombreuses pages avaient été déchirées, mais fort heureusement, la lettre L n’avait pas souffert. Il existait une librairie des Chevaliers et c’était sur la grande place de Mirepoix qu’elle se situait.
    En reprenant la 2CV, Le Bihan se dit qu’il était encore tôt pour rentrer à l’hôtel. Il en avait assez de passer ses soirées à tenter de décrypter les gribouillis de Betty la blonde et il se dit qu’une autre visite s’imposait. Il ne l’avait peut-être pas préparée, mais il décida de se fier à son sens de l’improvisation.
    Après douze kilomètres de route, la petite automobile parvint en vue de l’imposante façade de l’abbaye de Fontchaude. En bon historien de l’art, Le Bihan ne put s’empêcher de noter la symétrie de l’architecture qui révélait la facture classique de cette partie du bâtiment. Les moines ne devaient pas s’attendre à recevoir de la visite, car dès son arrivée, un frère à l’expression affolée accourut à sa rencontre. L’homme était long et sec. Sa démarche étonnait tant il donnait l’impression de courir en effectuant de très petits pas.
    — Monsieur ! Vous êtes perdu ? L’abbaye ne se visite pas. Mais si nous pouvons vous aider, nous le ferons très volontiers ! Veuillez seulement garer votre voiture sur le bas-côté. Il faut laisser l’accès à la grille. Le père-abbé n’apprécierait pas que vous bloquiez le passage.
    Submergé par le flot de paroles, Le Bihan sourit en se disant que pour des moines qui faisaient voeu de silence, il était tombé sur un cistercien à la langue bien pendue. Et dès lors, il se demanda pourquoi il s’imposait une privation qui devait être aussi douloureuse. Mais il n’eut pas le temps de philosopher longtemps sur la question. Un autre homme arriva à sa rencontre. Il était tout aussi grand, mais nettement plus fort que le premier. D’un simple geste, il renvoya le moine bavard dans le monastère et s’adressa à Le Bihan sans détour :
    — Mon frère, ce lieu est un lieu de retraite et de prière. Nous n’accueillons pas les étrangers et nous n’organisons pas de visite.
    — Mon nom est... Lorel, François Lorel. Je suis historien de l’art et j’ai beaucoup entendu parler de votre abbaye. Comme j’étais sur la route, je me suis permis de venir jeter un petit coup d’oeil.
    Le Bihan était fier de son talent d’improvisation. Tout lui était venu d’un seul coup, mais la partie n’était pas gagnée pour autant.
    — Et moi je suis le frère Christian, père-abbé de l’abbaye de Fontchaude. Je suis désolé, mais je ne puis accéder à votre requête. Il faudrait de toute manière que je consulte ma hiérarchie.
    — Quel dommage ! s’exclama Le Bihan. Je fais partie d’une mission départementale pour la préservation et la mise en valeur du patrimoine religieux. Nous souhaitons accorder des subventions aux monuments les plus remarquables de la région.
    — Des subventions ?
    L’intérêt du père-abbé renforça encore la satisfaction de Le Bihan. Plus rien ne devrait s’opposer à sa petite visite, mais il avait parfaitement conscience qu’il lui faudrait jouer serré.
    — Soit. Suivez-moi, dit le père-abbé de mauvaise grâce. Mais je ne pourrai pas vous accorder beaucoup de temps.
    — J’apprécie beaucoup votre collaboration, répondit Le Bihan en se demandant si le mot était bien choisi.
    Il ne fît en tout cas pas tiquer le père-abbé dont le visage demeurait impassible alors qu’ils franchissaient la grille du complexe abbatial.
    Ils se dirigèrent d’abord vers le vaste refectorum où les moines prenaient depuis des siècles leurs repas, ensuite vers le chauffoir particulièrement prisé à l’époque où le reste du bâtiment était dépourvu de chauffage et le scriptorium destiné à l’écriture et à l’enluminure. Quand ils parvinrent dans la cour centrale, le père-abbé s’arrêta.
    — Jadis, trois cents hommes travaillaient pour faire vivre cette abbaye. Il y avait les moines bien sûr, mais aussi nos frères convers qui travaillaient pour les moines et bénéficiaient en échange de leur bienveillante protection. Les deux groupes vivaient ensemble, mais séparément.
    — Et aujourd’hui, comment faites-vous ? Cela doit représenter un travail gigantesque d’entretenir un pareil bâtiment !
    — Disons que nous sommes une des rares abbayes qui

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