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Cathares

Cathares

Titel: Cathares Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Weber
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dans l’ordre où il les avait trouvés. Il avait commis l’erreur d’ajouter son désordre au sien. Ce soir-là, Le Bihan ne descendit pas dîner. Il n’avait pas envie de voir Chenal. Dans son esprit, il apparaissait de plus en plus évident que l’hôtelier était, à certains moments, trop loquace et, à d’autres, trop taiseux pour ne pas avoir quelque chose à cacher. Pour un homme qui connaissait aussi bien la région, son silence au sujet de l’abbaye de Fontchaude lui semblait de plus en plus suspect.
    Le lendemain, alors qu’il descendait l’escalier qui menait à la réception, Le Bihan croisa Chenal. Comme toujours, la patronne était plongée dans ses comptes. C’était à se demander quels chiffres elle pouvait bien trouver à aligner de la sorte, du matin au soir, et si elle ne continuait pas à calculer pendant son sommeil. Malgré l’heure matinale, Chenal était déjà sorti pour aller faire son marché. Il venait d’entrer dans l’hôtel, les bras chargés de légumes et de pain.
    — Alors le travailleur, s’exclama-t-il sur un ton badin. On a boudé ma fricassée hier soir ? Tu ne sais pas ce que tu as manqué.
    — J’étais plongé dans mon travail, répondit Le Bihan sur un ton qui se voulait neutre. Je n’ai pas vu l’heure passer.
    — Eh là, tu t’en vas sans prendre ton petit déjeuner ? poursuivit Chenal en déposant ses courses à terre. Viens au moins profiter de la confiture de pêches de ma femme et du bon pain du père Albert. Tu m’en diras des nouvelles, il est encore chaud, il sort du four !
    L’insistance amicale de Chenal devenait suspecte aux yeux de Le Bihan. Il répondit de manière un peu sèche :
    — Non. J’ai à faire, il faut que j’y aille tout de suite.
    Chenal sentit qu’il ne servait à rien d’insister. Il ne se départit pour autant pas de sa bonne humeur.
    — Alors je te laisse. Mais attention, je compte sur toi pour la ratatouille de ce soir. C’est une expérience qu’il faut vivre au moins une fois dans sa vie si l’on ne veut pas mourir idiot !
    Le Bihan se força à sourire et fut soulagé de quitter l’hôtel des Albigeois. Décidément, Chenal lui apparaissait désormais beaucoup trop sympathique pour être honnête.
    Il était encore tôt quand sa voiture arriva sur la place principale de Mirepoix. Le manque d’animation ne faisait que renforcer l’allure médiévale du coeur de la petite cité. En détaillant les têtes de bois sculptées en façade de la Maison des Consuls, Le Bihan eut l’impression de faire un bond dans le temps. La librairie des Chevaliers se trouvait à côté de la célèbre maison. Un homme aux cheveux noirs sortait un panneau en fer forgé vantant le choix du magasin en romans, livres scolaires, guides du voyageur et revues illustrées. Le Bihan profita de l’opportunité pour l’aborder.
    — Bertrand ?
    — Oui, répondit le garçon en fronçant les sourcils avec étonnement. On se connaît ?
    Le Bihan sourit pour le détendre et poursuivit :
    — Non. En fait, je suis un ami de Philippa. Elle m’a dit que je pourrais vous poser quelques questions.
    Le dénommé Bertrand aurait fait un piètre comédien. Il blêmit littéralement à la seule évocation du nom de Philippa.
    — Je... bredouilla-t-il, je ne connais pas de Philippa. Vous devez faire erreur.
    — Bertrand, je sais que vous la connaissez bien, insista Le Bihan. Je ne veux pas vous importuner, juste vous poser une ou deux questions.
    Derrière la vitrine, apparut alors une tête à la moue inquisitrice. Cette tête prolongeait le corps imposant d’une femme qui devait être la patronne de la librairie.
    — Bertrand, cria-t-elle, ne traîne pas ! Tu dois finir le rangement du stock avant que les clients n’arrivent.
    Bertrand était trop content de saisir cette occasion pour se libérer. Il voulut rentrer, mais Le Bihan le retint en lui agrippant le bras.
    — Bertrand, ajouta-t-il à voix basse, mais déterminée. Il y a eu un crime et la police serait très intéressée d’apprendre que la victime était en contact régulier avec un dénommé Bertrand qui travaille dans une librairie de Mirepoix.
    Le jeune homme lui jeta un regard apeuré. Il dit rapidement :
    — Je prends ma pause à une heure. Je possède les clés de la cathédrale Saint-Maurice, de l’autre côté de la place. Vous n’avez qu’à m’y rejoindre. Je vous dirai ce que je pourrai vous dire.
    — Bertrand ! vociféra la libraire

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