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Cathares

Cathares

Titel: Cathares Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Weber
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son bourreau. Il était aux prises avec un homme qui tenait son cou fermement bloqué avec son bras. Le Bihan n’en crut pas ses yeux : c’était Chenal ! L’historien se leva pour venir à son aide, mais le tireur avait déjà réussi à se dégager de l’étreinte de l’hôtelier. Il pointa à nouveau son revolver vers Le Bihan et puis courut vers la sortie de la nef. Au moment où Chenal bondit vers lui, un nouveau coup de feu retentit.
    Chenal fit une grimace de douleur et porta sa main à son bras. Le Cathare costumé en profita pour s’éclipser et quitter la cathédrale. Le Bihan le suivit et courut au-dehors, mais il n’y avait déjà plus la moindre trace du tireur, ni devant l’édifice, ni sur la place de la cité. Le Bihan retourna dans la nef. Chenal était assis à terre, il tenait son bras.
    — Ça va aller ? demanda Le Bihan. Montre-moi ta blessure !
    — Ce n’est rien, répondit Chenal en faisant une grimace de douleur. Cela saigne pas mal, mais il ne s’agit que d’une éraflure. Je suis solide, taillé dans le roc du Languedoc, il en faut plus pour m’abattre !
    Le Bihan ôta sa chemise et la déchira pour lui faire un pansement. Tandis qu’il compressait la plaie pour contenir le sang, il voulut en savoir plus.
    — Mais... que faisais-tu ici ? Tu me suivais ?
    — Non... enfin, un peu quand même. En fait, je me rends à Mirepoix toutes les semaines pour m’approvisionner en fromage. Ce matin, ton comportement m’a paru étrange. J’ai vu dans ta chambre que tu avais laissé la carte du département et que tu avais entouré Mirepoix. Je me suis dit que je t’y trouverais peut-être et que je pourrais te demander ce qui clochait.
    — Tu fouilles dans mes affaires ?
    — Fouiller ? s’étonna-t-il en comprenant subitement la raison de la méfiance de Le Bihan. Pas du tout ! Je suis bien venu dans ta chambre, mais je voulais seulement récupérer un livre sur Montségur que tu avais pris dans la bibliothèque. Un client me le réclamait pour organiser une randonnée. Mais je n’ai pas réussi à mettre la main dessus. Je dois reconnaître qu’avec ton fourbi, ce n’est pas facile. Pardonne-moi, j’aurais dû te demander avant !
    Le Bihan ressentait une terrible impression de gêne. Il regarda l’hôtelier droit dans les yeux et s’excusa à son tour.
    — C’est moi qui ai honte d’avoir douté de toi ! Toute cette histoire est tellement compliquée. Parfois, je me demande où j’en suis !
    L’historien regarda la porte et continua à parler sans que Chenal sache très bien s’il lui parlait encore ou s’il s’adressait à lui-même.
    — Ce Cathare de carnaval et puis Bertrand... Bertrand ? Il faut que j’aille à la librairie !
    — Bertrand ? demanda Chenal. Tu veux parler du Bertrand de la librairie des Chevaliers ? Tu le connais ?
    — C’est lui qui m’avait donné rendez-vous ici.
    Chenal se releva et grimaça à nouveau. Sa blessure lui provoquait de terribles élancements dans le bras jusqu’à l’épaule.
    — Il n’a pas bonne réputation dans le pays, ajouta Chenal. On lui reproche un faux pas. Une grosse erreur.
    — Précise.
    — Vers la fin de la guerre, alors qu’il était encore très jeune, il a fait un passage dans la Milice. On raconte qu’il a balancé quelques résistants du coin, mais rien n’a jamais pu être prouvé.
    Une fois encore, le souvenir de la guerre lui revenait en pleine figure. Le Bihan continua à réfléchir. Il interrogea alors Chenal.
    — Et tu crois qu’il a joué les faux Cathares pour se débarrasser de moi ?
    — Bah, pour être honnête, je ne le connais pas bien. Je suis allé acheter un jour un livre pour l’anniversaire de ma femme dans cette librairie et j’ai trouvé la propriétaire tellement effrayante que je n’y suis jamais retourné.
    — Bon. Allons à la voiture, je crois qu’une visite chez le médecin s’impose.
    — Inutile ! J’ai tout ce qu’il faut à l’hôtel, s’exclama Chenal. Ce n’est pas la première fois que je me blesse en découpant un gigot.
    Avant de partir, Le Bihan se dit qu’il ne risquait rien en allant interroger la fameuse libraire. Cela ne fut même pas nécessaire. Quand il entra dans la boutique, celle-ci vitupérait avec un client cet incapable de Bertrand qui n’était toujours pas rentré de son heure de déjeuner. Elle jugea qu’elle était trop bonne et que désormais, il mangerait tous les midis à la boutique. Et

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