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Catherine des grands chemins

Catherine des grands chemins

Titel: Catherine des grands chemins Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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qui se retira, laissant Catherine agenouillée au milieu de la grande salle où, seuls, maintenant, veillaient les gardes immobiles.
    Elle entendit décroître son pas, et doucement se releva. Elle se sentait moins triste. Une sorte de fierté l'habitait, Charles lui avait parlé non pas comme à une femme, mais comme à l'un de ses capitaines, comme il eût parlé sans doute à Arnaud lui- même.
    Restait à dire adieu à la reine Yolande. Catherine se rendit chez elle aussitôt, s'apprêtant à fournir, une troisième fois, la même explication.

Mais elle n'en eut pas besoin. La reine des Quatre Royaumes se contenta de l'embrasser.
    — Vous faites bien, lui dit-elle. Je n'en attendais pas moins de vous. Le jeune Brézé ne saurait vous convenir... justement parce qu'il est jeune.

    — Si vous pensiez ainsi, Madame et ma Reine, pourquoi ne m'avoir rien dit ?
    — Parce qu'il s'agissait de votre vie à vous, ma belle. Et que nul n'a le droit de diriger le destin des autres. Pas même... que dis-je ? surtout pas une vieille reine. Retournez à votre Auvergne. Le travail ne manque pas car il nous faut recoudre maintenant ce beau royaume déchiré. Nous aurons besoin dans les provinces de gens comme les Montsalvy. Ceux de votre race, ma chère, sont comme les montagnes de leur pays : on les use, on ne les détruit pas ! Pourtant... je ne veux pas vous perdre tout à fait.
    D'un geste, Yolande appela auprès d'elle Anne de Bueil qui, comme de coutume, faisait de la broderie dans un coin.
    — Donnez-moi ma cassette d'ivoire, ordonna la Reine.
    Quand la jeune femme la lui eut apportée, elle y plongea ses longs doigts minces, en tira une admirable émeraude, gravée à ses armes, qu'elle glissa au doigt de Catherine confuse.
    L'émir Saladin, jadis, a donné cette émeraude à l'un de mes ancêtres qui l'avait sauvé de la mort, sans d'ailleurs savoir qui il était. Je l'ai fait graver... Gardez-la, Catherine, en souvenir de moi, de mon amitié et de la reconnaissance que je vous garde. Grâce à vous, nous allons enfin gouverner, le Roi et moi.
    Catherine referma une main tremblante sur le magnifique joyau. Là, encore, elle s'agenouilla pour baiser la main de sa souveraine.
    — Madame... Un pareil cadeau ! Comment dire...
    — Ne dites rien. Vous êtes comme moi : quand vous êtes profondément émue, vous ne savez pas trouver de mots et c'est bien mieux ainsi. Cette bague vous portera bonheur et vous aidera peut-
    être. Tous ceux qui dépendent de moi, en France, en Espagne, comme en Sicile, comme à Chypre ou à Jérusalem vous aideront au vu de ce bijou. C'est un peu une sauvegarde que je vous donne car j'ai le pressentiment que vous pourriez en avoir besoin. Et je tiens à vous revoir un jour, bien vivante.
    L'audience était terminée. Une dernière fois Catherine s'inclina.
    — Adieu, Madame...
    — Non, Catherine, sourit la Reine. Pas adieu, au revoir. Et que Dieu vous garde !
    Si Catherine pensait en avoir terminé avec les adieux, elle se trompait. Comme elle débouchait dans la grande cour pour se rendre à la Chancellerie où l'on devait lui remettre les papiers de réhabilitation qu'elle n'avait pas encore fait chercher, elle tomba sur Bernard d'Armagnac qui faisait les cent pas, comme s'il attendait quelqu'un.
    Elle ne l'avait pas revu depuis la scène du verger et la rencontre ne lui causait aucun plaisir. Elle essaya de passer en faisant mine de ne pas le voir, mais il se précipita vers elle.
    — Je vous attendais, dit-il. On ne parle dans ce château que de votre départ et quand j'ai su que vous étiez chez la reine Yolande, j'ai pensé que vous ne tarderiez pas à sortir. Vous n'êtes pas femme à éterniser les adieux et elle non plus.
    — Vous avez raison. Adieu, seigneur comte ! fit Catherine froidement.
    Un sourire contrit plissa le visage intelligent du gentilhomme gascon.
    — Hum ! Vous m'en voulez rudement à ce qu'il paraît ! Vous devez avoir raison. Mais c'est mon pardon que je viens demander, Catherine. L'autre nuit, j'ai vu rouge. J'aurais pu vous tuer tous les deux.
    — Mais vous n'en avez rien fait. Croyez que je vous en suis bien reconnaissante.
    Elle pensait que la dignité de son attitude allait confondre Cadet Bernard. A sa grande surprise, il n'en fut rien. Le Gascon éclata de rire.
    — Sang du Christ ! Catherine, quittez cet air pincé. Cela ne vous va pas, croyez-moi !
    — Qu'il m'aille ou non je n'en ai pas d'autre pour vous à ma disposition. Pensiez-vous que

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