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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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contente de la trouver en Europe, si vous et nous, nous pouvions nous en mettre d'accord.
    Kossyguine. — Moins s'exercera l'influence américaine en Europe, moins il y aura de conflits, plus elle pourra être en paix.Reste le problème allemand. Il ne serait pas réaliste d'en chercher la solution dans la réunification des deux Allemagne, qui n'est intéressante ni pour vous, ni pour nous. Il faut donc rechercher d'autres solutions. Voyez ce qui se passe actuellement en Bavière : le fascisme renaît. Les fascistes s'accrochent aux États-Unis.

    « Il y a une psychologie nouvelle à créer »
    GdG. — Je ne pense pas, pas plus que vous, qu'il faille commencer par la réunification de l'Allemagne. Nous ne sommes pas pressés et vous l'êtes encore moins. Ce qu'il faut réaliser d'abord, c'est la détente. Il faut établir en Europe des relations normales entre tous les pays européens. Il faut amener une détente en Europe et y enlacer l'Allemagne. Ensuite il faudra procéder à une entente européenne générale en examinant entre Européens les problèmes de l'Europe, y compris celui de l'Allemagne et celui de la sécurité. Si l'Allemagne est bien enveloppée dans une Europe détendue et entendue, elle n'aura plus d'idées revanchardes. Alors, un jour la République allemande de l'Est et celle de l'Ouest auront peut-être le moyen de se rapprocher et d'établir des relations pratiques de plus en plus étroites ; et peut-être, un jour, d'aboutir à une confédération. Naturellement, il y faudra des conditions, sur les frontières et sur l'interdiction de l'arme atomique en particulier. Mais cela n'est pas inconcevable. L'Allemagne finira peut-être par penser que c'est la meilleure solution. En effet, elle commence à comprendre que la réunification par la force n'est pas possible.
    « Vous avez parlé du fascisme renaissant, je n'y crois guère. Ce qui a fait Hitler, c'est d'abord une crise économique épouvantable, avec une inflation galopante ; et aussi, il faut le dire, un parti communiste puissant qui effrayait les Allemands ; et surtout la faiblesse des autres pays, dont la France et aussi la Russie soviétique qui n'avait pas la puissance d'aujourd'hui. Maintenant, les choses ont changé : vous avez, et nous avons aussi, tous les moyens pour écraser l'Allemagne si elle devenait agressive. La situation n'est pas la même et je ne crois pas beaucoup aux fascistes allemands. Néanmoins, il faut songer qu'il y a une Allemagne et tâcher de lui fournir la possibilité de trouver une politique acceptable par tous.

    Kossyguine. — Je crois que nous aurons, vous et nous, à travailler politiquement dans ce sens.
    GdG. — Il y a là une psychologie nouvelle à créer, notamment en Europe. Nous y arriverons si nous nous aidons. À partir de cette psychologie, on pourra faire une politique nouvelle. »

    « L'Allemagne et la Russie, il faut désarmer leur agressivité réciproque »
    Salon doré, 5 décembre 1966.
    Je profite d'une audience pour demander au Général ce qu'il pense de ses conversations avec Kossyguine.
    GdG : « En réalité, c'est nous qui menons le jeu et les Russes ne font que suivre et qu' approuver. Nous voulons la détente et l' entente en Europe. Ils finiront bien par y arriver.
    « Kossyguine a fini par me dire l'autre jour que la réunification allemande se ferait un jour, mais il est d'accord avec moi pour penser qu'elle ne pourra se faire que dans le cadre d'une entente européenne généralisée. Il faudrait qu'elle soit assortie de toutes sortes de garanties : pas d'armes nucléaires, frontières inchangées, statut précisé. Et puis, il faudrait que la structure de la future Allemagne soit assez lâche ; il ne faudrait pas de Reich ; il vaudrait mieux une simple confédération.
    « Mais il faut absolument pousser vers cette détente et cette entente. C'est pourquoi je ne suis pas content de ce qu'a déclaré Kossyguine à la Sorbonne, où il a engueulé les Allemands. Il est nécessaire, au contraire, de pousser l'Allemagne à se rapprocher de la Russie. Il faut désarmer leur agressivité réciproque. C'est notre jeu. C'est le seul. »

    « Les résultats pratiques seront longs à cueillir »
    Conseil du 14 décembre 1966.
    Kossyguine est reparti. Après Couve, le Général conclut elliptiquement :
    GdG : « Le voyage de Kossyguine a été satisfaisant. Il a marqué de la part des Russes un désir évident de détente. Les résultats politiques apparaissent déjà dans la

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