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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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les idéologies passeront. Restera l'Espagne de toujours, plus jeune et plus moderne. »

    À l'issue du Conseil, le Général m'en dit un peu plus :
    GdG : « Les Espagnols se rapprochent de l'Europe. C'est incontestable. De la France peut-être, mais c'est plus douteux. Il y a un vieux contentieux entre les deux pays qui remonte à Napoléon et même avant. L'Espagne vivait repliée sur elle-même depuis au moins 1815. Aujourd'hui, l'affaire marocaine est finie. Les difficultés dues à la décolonisation et aux séquelles de la guerre civile sont également terminées. Il n'y a pas de raison que nos achats enEspagne et que les achats des Espagnols en France ne soient pas plus nombreux et que nos relations de tous ordres ne soient pas plus étroites.
    « Le voyage de Frey, c'est différent. Les réfugiés politiques sont surveillés. Nous ne les avons jamais livrés, nous les avons accueillis, nous leur avons ouvert les bras, mais il y a parmi eux des assassins en puissance qui s'agitent. Si des comploteurs profitaient de l'asile que leur offre la France pour chercher à assassiner Adenauer, ou Khrouchtchev, ou Spaak, ce serait la même chose. Nous ne le permettrions pas. »

    « Franco a roulé Hitler »
    Après le Conseil du 17 avril 1963.
    AP : « Giscard est allé à Madrid, il a vu Franco et la presse semble s'en émouvoir.
    GdG. — Y a-t-il vraiment de quoi ? Giscard ne pouvait refuser d'être reçu par Franco si celui-ci l'invitait. On ne peut pas refuser de voir Kennedy à cause de Chessman et des Rosenberg 1 . »
    Le Général garde un instant de silence et regarde vers la fenêtre, comme pour rechercher son inspiration et prendre de la hauteur :
    « Franco a bien su tirer son épingle du jeu. Il a roulé Hitler à Hendaye, il lui a refusé le passage de ses troupes à travers l'Espagne tant qu'elle restait neutre. Mais il lui offrait en contrepartie d'entrer en guerre à ses côtés, moyennant quoi il empocherait Gibraltar et le Maroc. Hitler, qui se croyait à la veille d'envahir l'Angleterre, n'a pas poussé les feux. Pourquoi faire des concessions à quelqu'un dont il croyait n'avoir pas besoin ? Mais Churchill et ses aviateurs ont résisté. Alors, Hitler a augmenté ses exigences, Franco a fini par signer un protocole, par lequel il s'engageait à entrer en guerre, mais à la date qu'il choisirait. Hitler maintenait sa pression : que l'Espagne entre en guerre, ou au moins qu'elle laisse passer l'armée allemande pour aller à Gibraltar. Mais Franco savait que, s'il entrait en guerre, il perdrait les Canaries. Churchill, de son côté, il ne lui aurait pas déplu que Hitler entre en Espagne, ça aurait dispersé la Wehrmacht, ça aurait provoqué une guerre de partisans comme celle qui avait ruiné Napoléon. En 41, Franco n'avait plus envie d'entrer en guerre, il s'est contenté d' envoyer la division Azul contre les Soviets. Il est allé voir Mussolini en Italie 2 et Pétain à Montpellier 3 . Mais il s'est bien gardéd'avoir le moindre geste hostile à l'égard des Anglais. Il était logique avec lui-même. Il a manoeuvré dans le sens de l'intérêt national de l'Espagne. »

    « On ne leur fait pas une centrale nucléaire pour qu'ils fassent des bombes »
    Après le Conseil du 3 juin 1964, où Couve a rendu compte de son voyage à Madrid, je demande au Général comment aborder ce sujet sensible.
    GdG : « Il faut en dire un peu, sinon les Espagnols seraient vexés, ils sont très susceptibles. Mais il ne faut pas en dire trop.
    AP. — La presse parle de l'entrée de l'Espagne dans le Marché commun.

    GdG. — Il n'en est pas question ! Ils ne l'ont pas demandé. Mais il faut établir des rapports économiques entre l'Espagne et le Marché commun. La décision prise par le Conseil des ministres des Six paraît satisfaisante. C'est une amorce. Mais il n'est pas question d'aller plus loin, tant que l'Espagne n'aura pas changé du tout au tout. Évidemment, vous pouvez parler des accords techniques, sur les Canaries pour le lancement de satellites et pour les fusées, sur notre installation aux Baléares pour la télévision. Et puis c'est tout. N'épiloguez pas. Vous pouvez parler de la coopération nucléaire, mais qu'on n'aille pas s'imaginer qu'on leur fait une centrale nucléaire pour qu'ils fassent des bombes !

    « Franco est plus fort que jamais. Je n'y peux rien »
    AP. — Les journalistes, notamment anglo-saxons, avancent que ces accords franco-espagnols ne sont pas seulement

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