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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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au peuple soviétique à les faire perdurer. Ils veulent bien, en revanche, qu'on examine l'installation en URSS d'une usine de recharges pour briquets à conserver.
    GdG. — Avec M. Kossyguine, nous parlerons de briquets, mais aussi de politique. »

    « Notre puissance atomique commence seulement à acquérir une réalité »
    Salon doré, 1 er décembre 1966.
    Le Général m'avait recommandé, voici trois mois de « voir où je mettais les pieds » avant de partir pour Moscou. Nul besoin qu'il me renouvelle cette recommandation, au moment où il me charge de « cornaquer Kossyguine en province », ce que je ferai pendant trois jours. Je consulte le compte rendu de leur entretien du 1 er décembre 1966, qui doit me donner un éclairage pour les jours qui viennent, après les entretiens d'aujourd'hui auxquels j'ai participéet avant ceux de Rambouillet du 8 décembre, auxquels je participerai.
    D'entrée, Kossyguine met sur la table le projet soviétique d'une déclaration internationale sur la non-dissémination des armes nucléaires.
    GdG : « Je vous répondrai très franchement. Nous ne sommes pas une puissance atomique de premier ordre. Vous, vous l'êtes et les États-Unis le sont aussi. Notre puissance atomique commence seulement à acquérir une réalité. Tant qu'il reste des puissances atomiques de premier ordre, nous estimons nécessaire de continuer notre effort pour obtenir un armement nucléaire complet, quand bien même les quantités ne seraient pas équivalentes aux vôtres. Il suffirait pourtant pour nous protéger contre une attaque éventuelle. Je pense surtout à l'avenir. Nous ne savons pas de quoi il sera fait. Nous le croyons aussi nécessaire en raison de notre indépendance, en particulier à l'égard des États-Unis. Je vous en ai souvent parlé.
    « Par contre, nous ne verrions aucun inconvénient à ce que vous-mêmes et les États-Unis vous mettiez d'accord pour désarmer dans le domaine atomique. On a déjà parlé de certains moyens : le contrôle des vecteurs, des sous-marins, etc., c'est-à-dire le contrôle de ce qui est contrôlable. Or, ces idées n'ont pas eu de suite et nous ne pensons pas qu'elles en auront. L'Union soviétique et les États-Unis conserveront leur puissance atomique et nous sommes résolus à en avoir une aussi.
    « Naturellement il y a les autres pays. Je ne parle pas du Royaume-Uni, dont la puissance nucléaire dépend des États-Unis, alors que la nôtre en est précisément indépendante. Il y a la Chine qui commence à construire sa bombe et qui continuera, même si un accord intervenait sur la non-dissémination. Il y a aussi l'Allemagne. Nous ne voulons pas qu'elle détienne d'armes atomiques et si jamais elle devait en avoir, nous serions prêts à l'en empêcher, d'accord avec vous si vous le voulez. Mais l'Allemagne déclare qu'elle ne veut pas d'armes atomiques et elle n'en fabrique pas.
    « Nous comprenons qu'un accord sur la non-dissémination vous intéresse ainsi que les Etats-Unis, mais nous, il ne nous intéresse pas. En souscrivant à un tel accord, nous serions liés par un accord avec de grandes puissances atomiques, alors que nous ne le sommes pas ; et cela ne nous convient pas. Peut-être cela nous conviendrait-il si nous en étions une, mais le moment n'en est pas encore arrivé. Nous ne voyons pas d'inconvénient à ce que vous signiez un tel accord avec les États-Unis, ni à ce que d'autres pays qui n'ont pas la bombe y souscrivent aussi. Mais je ne vois vraiment pas pourquoi nous le ferions.
    Kossyguine. — Nous considérons qu'au départ il y a cinq puissances atomiques : les États-Unis, l'Union soviétique, le Royaume-Uni, la France et la Chine. Nous ne voulons pas imposer de limitation à ces cinq-là et nous ne posons aucune condition à leursessais atomiques. Toutefois nous ne voulons pas que d'autres pays viennent s'ajouter à ces cinq. Nous disposons d'un certain nombre de renseignements et nous savons à quel stade en sont un certain nombre de pays. D'ailleurs, il n'y a pas de secret de fabrication et les seules limitations sont d'ordre économique. Or, beaucoup de pays y travaillent.
    «Nous ne voulons pas que des pays comme l'Allemagne, l' Italie, le Japon, l'Inde, Israël détiennent un armement nucléaire. Nous voulons qu'en dehors des cinq, aucun pays n'ait le droit de fabriquer la bombe.
    «Le grand problème, c'est l'Allemagne, cela ne peut donc manquer de vous intéresser. Par un accord de non-dissémination, nous

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